Le nourrissage des animaux est toujours l’affaire des soigneurs, mais, depuis le 8 juillet au zoo d’Amnéville, de rares visiteurs entrent avec eux dans certains enclos. Plus qu’une animation, c’est une autre forme de sensibilisation.

Lucile, 24 ans, a manœuvré discrètement sur le site du zoo d’Amnéville pour offrir un cadeau insolite à Léandra, sa sœur qui vient d’avoir 15 ans. Mieux qu’un billet d’entrée, elle lui a trouvé un pass VIP « immersion sauvage ». Organisée par le service pédagogique du zoo, la nouveauté d’à peine quinze jours autorise un contact inédit au plus près des animaux, en entrant dans leur enclos pour un nourrissage. Mais pas question de tendre un morceau de viande d’un bras tremblant devant la gueule d’un tigre blanc.

Pythons, pandas, otaries

L’animation est focalisée sur les pythons, les loups, les pandas roux, les otaries (avec lesquelles il est possible d’interagir) et les manchots de Humboldt, qu’ont rencontré les deux Nancéiennes hier matin.

Un passage préalable par la « zoo academy » apprend à les distinguer des pingouins, qui volent dans l’hémisphère nord alors qu’eux nagent dans l’hémisphère sud, ou des empereurs, leurs cousins géants, qui se caillent en Antarctique. L’espèce élevée à Amnéville préfère, elle, la chaleur des côtes péruviennes et chiliennes qui leur sont pourtant fatales. De plus d’un million dans les années 1980, leur population est tombée à 34 000 spécimens.

La conséquence d’une double activité humaine : la surpêche les met au régime et l’exploitation du guano, un fertilisant naturel (composé d’excréments d’oiseaux en couches épaisses), réduit leur habitat, dans lequel ils abritent leurs œufs du soleil.

Des sprats pour les manchots

Désormais calées sur les manchots, les sœurs passent à la suite : le nourrissage, accompagné des conseils de Morgane, la guide pédagogique, afin de rendre le moment aussi ludique pour les visiteuses qu’utile pour les animaux. Elles ont pu tester le niveau d’exigence des oiseaux, très regardants sur la qualité de la cantine. « On a essayé de diversifier leur alimentation », indique Morgane, « en introduisant d’autres poissons ou des petits poulpes qu’ils seraient capables de pêcher en mer. » Peine perdue, ceux-là ne réclament que des sprats (petits harengs) qu’ils engloutissent à raison de 30 kg quotidiens. Des gourmets, très gourmands en pleine période de mue et attentifs à la température de leur repas. Le poisson doit être présenté tête la première, frais mais pas froid ni trop gluant.

Lucile et Léandra se sont aimablement prêtées au jeu, qui a installé un rapport de confiance avec les manchots les plus gloutons. « C’est une expérience, c’est mignon et en plus on apprend quelque chose », analysent les sœurs, reparties plus riches d’une sensibilisation aux espèces menacées.

C’est l’objectif du zoo qui vise aussi à ce que « les gens se rendent compte qu’il n’y a pas de petit geste pour éviter le déclin d’une espèce », enseigne Morgane.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)

Immersion sauvage : à partir de 39 euros par personne