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Bourse de Luxembourg : le défi technique du coronavirus


La très grande majorité des effectifs de la bourse de Luxembourg télétravaille désormais (Photo d'archives : Fabrizio Pizzolante).

Si les marchés et les investisseurs sont passés par toutes les couleurs en cette période de crise, la Bourse de Luxembourg a réussi à maintenir ses opérations, et ce en télétravaillant.

Les Bourses du monde entier ont réagi négativement face au Covid-19. Chutant jusqu’à des niveaux très bas. La Fed ou encore la Banque centrale européenne ont dû si reprendre à deux fois – en sortant l’artillerie lourde et mettre sur la table des milliards – pour convaincre les investisseurs d’arrêter de paniquer afin de revoir du vert sur les tableaux des Bourses.

Résultat, vendredi matin, la Bourse de Paris regagnait du terrain (+4,74 %) sous l’effet des mesures monétaires massives adoptées par les gouvernements et banques centrales. Au même moment, Francfort est repassé dans le vert avec un Dax bondissant de 5,42 %. Londres a grimpé de 5 % à l’ouverture de la Bourse, idem pour Hong Kong. Milan a gagné près de 3 % et Madrid un peu plus de 3 %. Le «bazooka» européen a touché sa cible.

Au Luxembourg, la Bourse n’y a pas échappé même si elle est souvent décrite comme une Bourse différente des autres du fait de son positionnement sur les obligations et la finances durable. Pour rappel, 5 % de tout ce qui est émis depuis la Bourse de Luxembourg sont des obligations de finance durable, représentant environ 250 milliards de dollars de transactions, faisant de la Bourse luxembourgeoise un des marchés les plus verts de la planète avec environ 50 % de part de marché mondiale des obligations environnementales et durables cotées en Bourse. «Effectivement, nous sommes une Bourse un peu différente des autres car nous avons beaucoup d’obligations et nous sommes orientés sur les investissements durables (comme les green bonds). Mais nous sommes une Bourse avec des valeurs boursières, que ce soit des obligations ou des actions, cela reste le cœur de notre activité. Et comme les autres places boursières, nous sommes sujet à la même volatilité que sur les autres marchés et les autres places boursières du monde», souligne Robert Scharfe, CEO de la Bourse de Luxembourg, visiblement résolu à rester optimiste : «La bonne nouvelle, c’est qu’avec l’ensemble de nos collègues européens, donc les autres places boursières avec lesquelles nous sommes toujours en contact, nous restons pleinement opérationnels, nous continuons à fonctionner malgré la volatilité de prix extrême que nous connaissons.»

Dès le début de la crise, les investisseurs se sont repliés, faisant chuter le prix des actions dans les grandes Bourses du monde. Dès lors, la question est de savoir vers quoi se sont tournés les investisseurs et si la finance durable a été un bon refuge? «Je serais content et heureux de répondre par l’affirmative et dire que les investisseurs se sont rués sur les obligations et la finance durable. Malheureusement, on ne le voit pas pour l’instant. Je crois que les investisseurs sont en train de protéger leurs avoirs et de rechercher des rendements meilleurs et qu’importe ce qu’ils trouvent, ils ne font pas vraiment attention à la partie durable de l’investissement. Et puis soyons clair, l’univers boursier des obligations vertes est encore tellement petit par rapport au reste du marché que ce n’est pas surprenant», explique Robert Scharfe.

Une épreuve technique

Le plus grand défi de la Bourse de Luxembourg n’a pas été cette fameuse volatilité sur les marchés, mais bien d’assurer le bon fonctionnement de ses services tout en mettant en place le télétravail des salariés. «Avec ce virus, nous avons opéré un plan inédit. Aujourd’hui, 97 % de nos collaborateurs travaillent à distance en télétravail. C’est un vrai défi pour nous, garder la Bourse ouverte avec des marchés extrêmement volatils, le tout en travaillant non pas depuis notre bâtiment situé rue Joseph-II à Luxembourg mais depuis la maison et sur quatre pays différents», assure le CEO de la Bourse de Luxembourg.

Robert Scharfe félicite ses informaticiens pour la performance technique. «Cela fonctionne assez bien, notre système tient et après quelques jours, les collaborateurs ont trouvé leurs modus operandi depuis chez eux», souligne le patron de la Bourse.

Lieu économique et financier stratégique, la Bourse a bien un «plan B» en cas d’urgence, mais visiblement le télétravail n’en faisait pas vraiment partie. «Tous les postes de travail ne se prêtent pas forcément au télétravail. De plus, nous avons un plan d’urgence. Dans le cas où il arrive un problème à notre bâtiment, nous avons un plan permettant très rapidement de travailler depuis un autre endroit dans le pays. Mais dans la situation actuelle, nous n’avons pas déplacé la Bourse à un autre endroit, mais nous nous sommes dispersés individuellement. En une semaine, nous avons réussi à mettre en place nos systèmes pour permettre cela. Mais il faut également penser à la suite. Car dans le sens inverse, faire revenir tout le monde du jour au lendemain, techniquement, c’est également un défi», assure Robert Scharfe qui peut compter sur une «équipe de collaborateurs jeunes, avec des enfants, qui ont majoritairement fait le choix de continuer à travailler depuis la maison tout en gardant leur progéniture».

Jérémy Zabatta

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