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Budget : le gouvernement appelé à mener une politique plus sociale


Le président de la CHFEP, Romain Wolff, fustige le projet de budget 2017 et la réforme fiscale projetée. (Photo : Editpress)

La Chambre des fonctionnaires et employés publics, dans deux avis, appelle le gouvernement à mener une politique davantage sociale, en se détournant des objectifs budgétaires de Bruxelles.

Pour la CHFEP, «il est désormais impératif que le gouvernement comprenne que la soutenabilité à long terme des finances publiques doit avant tout être guidée par une croissance durable, équitable et de qualité, au service de la société tout entière».

La Chambre des fonctionnaires et employés publics (CHFEP) a présenté, lundi, deux avis largement critiques vis-à-vis des projets de loi relatifs au budget 2017 et à la réforme fiscale.

Concernant le budget, la CHFEP estime que la politique budgétaire européenne actuelle, qui prêche notamment, ainsi que le dit son président, Romain Wolff, «la compression des déficits publics et les mesures d’austérité (…), va à contresens des recommandations de l’OCDE et du FMI, qui préconisent des réformes structurelles visant à stimuler la demande et la production, ainsi que la cohésion sociale».

Le président de la CHFEP n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier de «désastre social cette politique néolibérale de la Commission européenne», avant d’appeler les États membres à réfléchir à un changement de cap face à la montée des populismes, qui s’est traduite récemment par le Brexit ou le résultat de l’élection présidentielle américaines. La CHFEP, qui constate que les inégalités sociales se creusent, s’interroge sur la légitimité du système monétaire et financier au niveau européen.

«Une privatisation des bénéfices»

En effet, Romain Wolff s’insurge contre ce «système qui impose aux États membres d’emprunter sur les marchés privés à des taux élevés, alors que les banques privées peuvent pourtant le faire à des taux très bas, voire négatifs, auprès des banques centrales». Dans ce contexte, le président de la CHFEP évoque un «principe de privatisation des bénéfices et de socialisation des pertes, car les banques privées peuvent réaliser des bénéfices sur le dos des États, qui eux sont de plus les garants pour sauver les banques en cas de défaillance du secteur financier».

Par ailleurs, la CHFEP est d’avis que les mesures d’économies contenues dans le paquet d’avenir gouvernemental, couplées à l’absence d’indexation des salaires en octobre 2013, ont creusé les inégalités de revenus, tandis que le pouvoir d’achat des classes moyennes a stagné.

En ce qui concerne le projet de réforme fiscale, la chambre professionnelle fustige le fait qu’elle n’aille pas assez loin. Elle ne réformerait la fiscalité actuelle que «de façon ponctuelle». La CHFEP estime ainsi que le barème d’imposition envisagé, qui est censé passer de 19 à 23 échelons, est le signe d’«une réforme extrêmement modeste». Elle revendique, en effet, 25 échelons. D’autre part, Romain Wolff et ses pairs disent «regretter que la situation des contribuables de la classe d’impôt 1a ne soit pas améliorée».

Selon la chambre professionnelle, ces contribuables resteront soumis à une progression trop rapide du tarif de l’impôt, surtout dans les échelons inférieurs. «L’attribution socialement sélective des crédits d’impôt (crédit d’impôt pour salariés, crédit d’impôt pour pensionnés) ne peut pas réparer le préjudice causé par l’application du tarif de l’impôt sur le revenu», indique encore Romain Wolff.

D’une manière générale, l’institution publique juge élevée «la charge fiscale pesant sur les personnes physiques, qui, par les mesures prévues dans le cadre du paquet d’avenir, ont déjà largement préfinancé la réforme fiscale». Enfin, elle se prononce pour une plus forte imposition des dividendes et des distributions («ouvertes ou cachées») de bénéfices des sociétés.

Claude Damiani

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