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Israël : ces 67 mots qui ont bouleversé des millions de vies


Baruch Levy, dont les parents ont été encouragés à émigrer en Palestine sous mandat britannique par la déclaration Balfour. (Photo : AFP).

Il s’agit de seulement 67 mots écrits dans un pays lointain il y a un siècle, mais Israéliens et Palestiniens estiment que la déclaration Balfour a décidé du cours de leurs vies.

La journée de jeudi marque le 100e anniversaire de ce texte, par lequel le gouvernement britannique a déclaré qu’il considérait «favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif».

Ce centenaire est célébré en Israël, où la déclaration Balfour est considérée comme un acte ayant préfiguré la création de l’Etat hébreu en 1948, et comme ayant encouragé les Juifs à émigrer vers la terre de leurs ancêtres.

Michael Oren, un ministre adjoint israélien, l’a récemment qualifiée d' »acmé de la diplomatie sioniste ».

Pour les Palestiniens, en revanche, ce texte marque le début d’une « catastrophe »: elle a poussé des centaines de milliers de personnes à abandonner leurs maisons lors de la guerre qui a abouti à la création d’Israël et s’est poursuivie avec l’occupation par Israël de la Cisjordanie.

En 1917, un petit nombre de Juifs -dont certains avaient fui les persécutions antisémites en Europe- vivaient aux côtés de la communauté palestinienne.

Les dirigeants sionistes encourageaient l’immigration de masse dans le cadre des efforts visant à réaliser leur rêve d’un Etat juif.

Mais la lettre ouverte rédigée par le ministre britannique des Affaires étrangères Arthur James Balfour a donné un nouvel élan à cette campagne.

Photo d'une copie de la déclaration Balfour, obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017. (Photo : AFP)

Photo d’une copie de la déclaration Balfour, obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017. (Photo : AFP)

En 1934, lorsqu’il avait à peine un an, les parents de Baruch Lévy ont quitté l’Irak pour la Palestine.

« Mes parents étaient sionistes et religieux. Ils sont venus ici après la déclaration Balfour », se rappelle-t-il. « Cela leur a donné, ainsi qu’à d’autres communautés, une sorte d’impulsion pour venir. »

Les relations entre les communautés juive et palestinienne n’avaient jamais été parfaites, mais elles se sont encore dégradées au cours du mandat britannique, après la Première Guerre mondiale, relève-t-il.

« Le but des Juifs était, dès le départ, de construire un foyer juif (…). Les Arabes, il me semble, ont toujours été une sorte d’obstacle », estime-t-il.

Il dit se souvenir que l’anniversaire de la déclaration Balfour était toujours célébré le 2 novembre au sein des communautés juives.

Photo montrant l'ancien ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour (centre), l'ancien général britannique Edmund Allenby (gauche) et le Haut commissaire britannique pour la Palestine Herbert Samuel en 1925 à Jérusalem. (Photo : AFP)

Photo montrant l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour (centre), l’ancien général britannique Edmund Allenby (gauche) et le Haut commissaire britannique pour la Palestine Herbert Samuel en 1925 à Jérusalem. (Photo : AFP)

Un monde détruit

Les Palestiniens, eux, pensent différemment. Mohammed Hilleyel, 94 ans, est né six ans seulement après la déclaration Balfour mais il n’en a appris l’existence qu’une trentaine d’années plus tard.

Bien que la décision ait été publiée dans la presse britannique en 1917, M. Hilleyel assure qu’aucun effort n’avait été entrepris pour informer les Palestiniens.

Ce n’est qu’en 1946, deux ans avant qu’il ne fuie Jaffa avec sa famille pour se réfugier à Gaza, qu’il a appris l’existence de la déclaration.

Il se souvient avoir été « choqué ». Les Anglais « ont détruit notre monde », lâche-t-il. « Qu’est-ce que la Grande-Bretagne pour moi? C’est l’accord Balfour. »

D’autres Palestiniens, notamment dans les grandes villes, étaient mieux informés. Rima Tarazi, née en 1932, se souvient de manifestations régulières contre les politiques britanniques pendant la période du mandat.

Malgré cela, des milliers de Juifs sont arrivés en Palestine sous ce mandat.

« Il n’y avait pas de droit ou de justice dans toute la déclaration Balfour », estime Rima Tarazi. « Comment se sont-ils arrogés le droit de donner la terre de quelqu’un à d’autres? Je ne pourrai jamais comprendre ça. »

Malgré la détérioration des relations entre communautés juive et palestinienne sous le mandat britannique, Rima Tarazi se souvient que sa famille était restée proche de ses voisins juifs, les Eisenberg.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les atrocités commises contre les Juifs ont commencé à être connues, la mère de la famille Eisenberg est venue parler à la mère de Rima Tarazi.

«Elle lui a dit: Si jamais les nazis arrivent ici, vous me promettez de prendre soin de ma fille comme de votre fille?. Ma mère a répondu: bien sûr.»

Le Quotidien / AFP

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