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CETA, Russie, migrants, Brexit : les enseignements d’une longue nuit européenne


Xavier Bettel, François Hollande et Theresa May, ce jeudi 20 octobre à Bruxelles.(photo AFP)

Le sommet européen entame ce vendredi son deuxième jour après une courte nuit. Les 28 chefs d’État et de gouvernement se sont quittés peu après 1 heure du matin avec peu de décisions claires à la clé.

« Le CETA n’est pas encore mort »

Alors que l’accord de libre-échange que l’UE souhaite conclure dès ce vendredi avec le Canada ne figurait pas officiellement à l’ordre du jour de la première journée du sommet européen, le fantôme du CETA était lui bien présent dans les travées du bâtiment abritant le Conseil européen.

Après une journée intense de négociations, la Wallonie et son ministre-président, Paul Magnette, ont laissé entendre dès jeudi soir que leur blocage au texte actuel allait rester de mise. Le gouvernement wallon, faisant véritablement figure de village gaulois dans ce bras de fer avec les géants que sont l’UE et le Canada, avait même laissé transparaître que désormais leur partenaire de négociations privilégié serait la ministre canadienne du Commerce extérieur et non plus la Commission européenne. « Mais la Commission sera bien entendu présente lors de cette entrevue », a été obligé de souligner le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, dans la nuit de jeudi à vendredi.

« Je n’ai pas pu assister à l’entièreté du sommet car je me suis retrouvé en négociations parallèles avec le gouvernement wallon. Pendant la nuit et aussi demain matin (lire vendredi), ces négociations vont se poursuivre afin de permettre la conclusion de cette importante entreprise qu’est le CETA », a encore précisé l’ancien Premier ministre luxembourgeois, qui s’est dit plutôt optimiste quant à l’issue favorable de ce bras de fer. Jean-Claude Juncker espère que le « le bon sens va finir par l’emporter. Or je sais par expérience, que le bon sens n’est pas toujours équitablement reparti au niveau européen », a-t-il encore lâché en exclusivité face à la presse luxembourgeoise.

Quelques minutes plus tôt, l’actuel Premier ministre, Xavier Bettel, avait martelé que « le CETA n’est pas encore mort ». « On mènera encore des discussions ce vendredi sur le texte qui se trouve sur la table. S’il y a encore des améliorations à apporter, tant mieux. Mais tout cela démontre, que s’il existe des questions ou que les gens se font des soucis, il ne faut pas fuir le contact avec les gens », conclut le chef du gouvernement grand-ducal.

Conflit syrien: pas de sanctions contre la Russie

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, n’a pas mâché ses mots lors de la conférence de presse clôturant le premier jour du sommet européen. Il a notamment accusé la Russie de manipuler l’opinion publique. Mais en fin de compte, et malgré la pression exercée par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, le Conseil européen n’a pas décidé de nouvelles sanctions contre la Russie, soupçonnée de commettre des crimes de guerre en Syrie.

« Le terme sanctions ne se retrouve pas dans les conclusions. Mais il faut continuer à analyser la situation au quotidien. Les violations des droits humains ne peuvent plus rester impunis », a souligné le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, à la sortie de la réunion. Son objectif majeur est de renouer avec le dialogue tout en s’assurant que la trêve soit respectée et que l’aide humanitaire puisse arriver sur place. « Malheureusement, on a eu des nouvelles comme quoi les convois de l’ONU restent bloqués. Il faudra rester attentif au développement des choses. L’Europe ne peut plus rester attentiste », a néanmoins mis en garde Xavier Bettel.

Crise migratoire : « Encourager l’aide au développement »

Le Luxembourg continue à figurer parmi les rares pays au monde à investir 1 % de son revenu national brut dans la politique au développement. Le Premier ministre avait donc le poids nécessaire, jeudi à Bruxelles, pour appeler ses homologues à s’investir davantage dans ce domaine, spécialement dans le cadre de la nouvelle stratégie adoptée par le Conseil européen. Cette dernière prévoit la conclusion d’accords-cadres spécifiques avec une série de pays africains afin d’endiguer les flux migratoires vers l’Europe.

Le principal hic est néanmoins que le versement de l’aide au développement sera couplé à l’obligation d’accepter le rapatriement de réfugiés. Sur ce point, Xavier Bettel a tenu à préciser que « cette clause ne figure pas aussi clairement dans les conclusions ». « On reste néanmoins convaincu qu’il faut continuer à encourager les pays à faire de l’aide au développement. Il faut aussi encourager les pays à procéder à des réformes et à offrir des perspectives à leurs citoyens », a enchaîné le Premier ministre tout en soulignant qu’au niveau de la politique de coopération luxembourgeoise, « rien ne changera ».

Brexit : Theresa May « amoureuse » de l’Europe…

Les profonds regrets exprimés par Donald Tusk n’y changeront plus rien. Le Royaume-Uni va bien quitter l’UE. Jeudi, en marge du dîner de travail, la Première ministre britannique, Theresa May, a esquissé son plan de sortie. Mais comme déjà David Cameron au mois de juin, juste après le vote en faveur du Brexit, la leader du gouvernement britannique semble découvrir sur le tard son amour pour l’UE. « Pour résumer, Theresa May nous a dit à quel point elle aimait l’Europe. Elle nous a même annoncé qu’ils vont transposer en droit national des textes européens pour souligner cet amour », a confié le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel.

Tout cela arrive cependant bien trop tard. « Une chose reste claire : il n’y aura pas de négociation sans l’invocation de l’article 50. Et Mme May nous a annoncé que cela sera chose faite au plus tard à la fin du mois de mars 2017 », confirme le chef du gouvernement. Le compte à rebours est lancé.

De notre envoyé spécial à Bruxelles, David Marques

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