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Décès à 103 ans de Kirk Douglas, monstre sacré d’Hollywood


Kirk Douglas, aux côtés de son fils Michael, en mars 1985 lors des 57e Academy Awards à Hollywood. (archives AFP)

Sa fossette au menton et son sourire en coin étaient aussi légendaires que ses films : l’acteur Kirk Douglas, fils d’immigrés juifs désargentés devenu une icône de l’âge d’or d’Hollywood, est mort mercredi à l’âge de 103 ans, a annoncé son fils Michael Douglas.

« C’est avec une immense tristesse que mes frères et moi vous annonçons que Kirk Douglas nous a quittés aujourd’hui à l’âge de 103 ans. Pour le monde, il était une légende, un acteur de l’âge d’or du cinéma (…) mais pour moi et mes frères, Joel et Peter, il était simplement papa », écrit Michael Douglas sur sa page Facebook. « Kirk a eu une belle vie et il laisse derrière lui des films pour les générations à venir, et le souvenir d’un philanthrope reconnu qui a œuvré pour le bien public et la paix dans le monde », poursuit l’acteur.

« Kirk a gardé son charisme de star de cinéma jusqu’à la fin de sa vie merveilleuse », a écrit Steven Spielberg au magazine spécialisé Hollywood Reporter, ajoutant que ses « notes manuscrites, ses lettres et ses conseils paternels » lui manqueraient. « 103 ans sur cette Terre. Ça sonne bien ! C’était chouette de traîner avec toi », a de son côté salué sur Twitter l’acteur Danny DeVito. Des vedettes comme Mark Hammill (« Star Wars ») et William Shatner (« Star Trek ») ont également rendu hommage à un « acteur inoubliable » et une « icône incroyable ». Quant à l’Académie des Oscars, qui devrait certainement lui réserver un hommage dimanche lors de sa grande cérémonie annuelle, elle s’est contentée de dire « au revoir à une légende d’Hollywood » avec une citation de Kirk Douglas lui-même rappelant qu’il avait voulu être acteur depuis l’école primaire.

Engagé politiquement

De son vrai nom Issur Danielovitch Demsky, Kirk Douglas était né le 9 décembre 1916 à Amsterdam, petite ville de l’État de New York. Malgré son enfance misérable, ou peut-être à cause d’elle, ce fils de chiffonnier juif ayant fui la Russie n’avait d’yeux que pour le cinéma. Après s’être enrôlé dans la Marine durant la Seconde Guerre mondiale, il décroche de petits rôles avant de rencontrer enfin le succès avec un rôle de boxeur acharné dans Le Champion. Hollywood lui ouvre ses portes et il enchaîne les films, une centaine au total, dont les meilleurs sont devenus des classiques : 20 000 lieues sous les mers (1954), Les Sentiers de la gloire (1957) de Stanley Kubrick, qu’il retrouve pour Spartacus (1960) un péplum qui en fait une vedette mondiale.

C’est d’ailleurs avec le hashtag #IamSpartacus que de nombreux anonymes lui rendaient hommage mercredi soir sur les réseaux sociaux. Acteur engagé, proche depuis toujours des démocrates, Kirk Douglas a l’audace, en pleine chasse aux sorcières maccarthyste dans les années 1950, d’embaucher un scénariste figurant sur la liste noire des personnes accusées de sympathies communistes.

Malgré la gloire, les succès et trois nominations dans les années 1950, il n’a jamais obtenu d’Oscar au cours de sa carrière, son grand regret. Il l’avait eu à portée de main avec Vol au-dessus d’un nid de coucou, réalisé par Milos Forman en 1975, mais le rôle principal lui avait filé sous le nez. « C’est une tragédie pour moi. C’est Nicholson qui a eu le rôle et il a eu un Oscar. Et moi je n’en ai pas… », avait avoué Kirk Douglas. La légende d’Hollywood aura dû attendre 1996 pour remporter un Oscar d’honneur récompensant l’ensemble de sa carrière. Il venait de subir une attaque cérébrale qui l’avait laissé paralysé d’un côté du visage, ce qui ne l’avait pas empêché de monter sur scène pour recevoir son prix et prononcer un discours.

Bien décidé à ne pas raccrocher les gants malgré ce handicap, Douglas l’entêté avait suivi une longue et pénible rééducation pour réapprendre à s’exprimer. Il avait ainsi prêté sa voix à un personnage des Simpsons avant de faire des apparitions dans quelques films, comme Diamonds en 1999, où il incarnait un boxeur victime d’un AVC… Kirk Douglas avait retrouvé pour l’occasion son amie de toujours, Lauren Bacall. Après une attaque cardiaque en 2001, il avait retrouvé le chemin des plateaux pour Une si belle famille, où il figurait en 2003 aux côtés de son fils Michael, de son petit-fils Cameron et de son ex-femme Diana Dill. En 2009 encore, Kirk Douglas était remonté sur les planches d’un théâtre portant son nom près de Los Angeles pour quatre représentations d’un one-man show autobiographique.

Grand séducteur, il avait multiplié les conquêtes mais vivait depuis 1954 avec la même femme, Anne Buydens, rencontrée en France et devenue sa seconde épouse.

LQ/AFP

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