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[Differdange] Brassel-Rausch : «100 jours de grâce m’ont été accordés»


Christiane Brassel-Rausch lors de son assermentation au ministère de l'intérieur, le 25 octobre (Photo : Tania Feller).

La troisième ville du pays est dirigée depuis plus de trois mois par Christiane Brassel-Rausch (déi gréng), qui a succédé à Roberto Traversini au poste de bourgmestre. L’occasion de tirer un premier bilan.

Assermentée le 25 octobre dernier, la nouvelle cheffe de l’exécutif de Differdange fait le point sur sa nouvelle vie tout en soulignant qu’une partie de l’opposition lui a accordé une période d’«adaptation» afin qu’elle puisse se familiariser avec les dossiers qui lui incombent ainsi qu’avec les responsabilités qui découlent de ses nouvelles fonctions.
Cela dit, la nouvelle bourgmestre, qui n’a pas la langue dans sa poche, entend bien prendre le temps qu’il faudra, dans l’intérêt de ses administrés, à chaque fois qu’elle le jugera nécessaire. Et ce, malgré les premiers signes d’impatience de l’opposition.

Comment se sont déroulés vos débuts en tant que bourgmestre ?

Christiane Brassel-Rausch : Je dois dire que les débuts ont été durs car le moment n’était pas propice pour accéder à une nouvelle fonction, c’est-à-dire en plein (re-)vote du PAG et juste avant l’élaboration d’un nouveau budget. Ce n’est pas évident, mais j’ai été fabuleusement étonnée par tout le monde : les services de la commune, les collègues de la coalition et il y a même des membres de l’opposition qui m’ont dit qu’ils m’accorderaient « 100 jours de grâce ». En effet, c’est le conseiller communal François Meisch (DP) qui l’a dit au cours d’une réunion du conseil.

De son côté, le conseiller LSAP de l’opposition Erny Muller se demande toutefois s’il n’aurait finalement pas dû se tenir de nouvelles élections à la suite de la démission de Roberto Traversini, votre prédécesseur, car il a l’impression qu’on repart de zéro… Que lui répondez-vous ?
Que voulez-vous que je vous dise ? Si on organise des élections, qui peut assurer que celui (ou celle) qui sera élu(e) ne reprendra pas tout de zéro ?

De manière générale, l’opposition et même votre partenaire de coalition du CSV affirment que les procédures prennent plus de temps depuis votre investiture, car il vous faut engranger de l’expérience relative aux dossiers. Si le DP dit vous avoir accordé cette période de transition, il va aussi jusqu’à dire qu' »il faut accélérer maintenant ». Que répondez-vous à cela ?
Si l’on veut faire les choses sérieusement, il faut prendre le temps dont on a besoin pour trouver des solutions qu’on puisse défendre et qui soient dans l’intérêt des habitants de Differdange. Ce n’est pas l’opposition qui me fera accélérer ! Si je considère qu’un dossier n’est pas clos ou qu’il n’est pas comme il devrait être, ma philosophie est de donner le temps au temps. Car les décisions prises sur un coup de tête ou selon l’humeur des gens, cela ne me ressemble pas.
J’ai toujours procédé ainsi au cours de ma vie, à savoir essayer de réfléchir avant de prendre une décision : il faut donner le temps à la réflexion et aux arguments pour pouvoir penser, repenser… Bien entendu, il ne faut pas que cela prenne trois ans, mais simplement le temps dont on a besoin. Il faut que les citoyens soient conscients de cela : on ne prend pas de décisions pour nous-mêmes, mais bien pour la ville et ses habitants. Nous travaillons sur des projets qui ont des envergures énormes et des répercussions sur des années ! La mission des élus est de travailler dans le sens du bien-être et du progrès en faveur de la commune et des habitants. Pour atteindre ce but, il nous faut être capables de travailler ensemble, au-delà des clivages politiques partisans. Mais si le temps est vraiment un argument contre moi, alors je suis mal placée…

Avez-vous mis de côté vos activités de comédienne de théâtre depuis votre investiture ?
Mon mandat politique et mon métier de comédienne ne sont pas compatibles d’un point de vue temporel et organisationnel. Je suis à 100 % concentrée sur mon mandat de bourgmestre de Differdange.

Certains opposants ne comprennent pas la récente démission de l’échevin déi gréng Georges Liesch, annoncée le soir du 14 janvier par la section differdangeoise des verts et qui n’était pas « prévue ». Ils se demandent s’il n’aurait pas dû démissionner lors de votre investiture… Quelle est votre position face à ces reproches ?
Ces membres de l’opposition n’ont qu’à poser la question à Monsieur Liesch lui-même !

Georges Liesch sera d’ailleurs remplacé au poste d’échevin par Paulo Aguiar de déi gréng (conseiller communal, actuellement « échevin remplaçant »). Que pouvez-vous nous dire sur sa personne ?
Paulo est un jeune politicien qui est très engagé et qui se donne la possibilité d’apprendre… Tout comme moi d’ailleurs, car j’estime qu’il faut se donner cette possibilité. Je dis toujours que je ne suis pas née bourgmestre. De même, personne ne naît bourgmestre ou échevin. Paulo, lui, a vraiment la volonté de s’accrocher et de faire de son mieux. Mais il faut aussi, bien sûr, lui laisser du temps!

Revenons à vous : quelles sont vos sensations personnelles plus de trois mois après votre assermentation ?
Pour l’instant, j’ai encore le courage, disons-le comme ça ! Je suis quelqu’un qui est toujours tournée vers la solution, jamais vers le problème ! Je suis quand même convaincue qu’il faut accepter le problème pour trouver une solution : je suis donc tournée vers la solution tout en étant tournée vers l’avenir pour que celui-ci soit le plus positif et bénéfique possible en faveur de la ville de Differdange.

Pour conclure, avez-vous déjà acquis une certaine notoriété dans les rues et commerces de Differdange? Êtes-vous reconnue dans la rue ?
De plus en plus. Je m’en réjouis étant donné que j’aime bien le contact avec les gens et que je pense être une personne assez sociable. Oui, j’aime les gens et quand on aime les gens…

Claude Damiani

«Le CSV est un vrai partenaire équitable maintenant»

Tom Ulveling, premier échevin à Differdange (Photo : DR).

Tom Ulveling, premier échevin à Differdange (Photo : DR).

Du côté du partenaire de coalition, le CSV, l’on se réjouit de l’arrivée de Christiane Brassel-Rausch au poste de bourgmestre. «L’entente est excellente et nous avons beaucoup plus de contacts (entre déi gréng et le CSV) que par le passé. Je dirais que le CSV est un vrai partenaire équitable (de la majorité) maintenant», explique le premier échevin de Differdange, Tom Ulveling (photo).
Il précise le fond de sa pensée : «La bourgmestre a une façon de faire qui est plus posée et calme (NDLR : que son prédécesseur), et elle mise sur la réflexion avant toute éventuelle prise de décision. Certes, les procédures sont de ce fait un peu ralenties, mais je peux dire que l’entente ne pourrait pas être meilleure. En outre, il y a un véritable changement de style par rapport à son prédécesseur : ce sont deux caractères complètement différents. Monsieur Traversini était, entre guillemets, un peu plus « excité ». Madame Brassel-Rausch sait, évidemment, que sur certains dossiers elle ne dispose pas d’un background, mais nous travaillons beaucoup ensemble.» Une nouveauté, surtout, réjouit le premier échecvin : «Nous avons mis en place des rendez-vous fixes entre elle et moi durant lesquels nous discutons en aparté des gros problèmes et des solutions qu’on peut apporter, et cela n’existait pas auparavant. Cette méthode permet également de faire le lien entre les partis. Si elle continue sur cette ligne, je ne peux que me réjouir. Nous sommes sur la bonne voie!»

L’opposition salue la transition à des degrés divers

«Une autre approche, mais il faut accélérer !»

differdangePour le conseiller communal du DP François Meisch, qui avait ouvertement réclamé la démission de Roberto Traversini, l’arrivée de Christiane Brassel-Rausch s’avère positive : «Elle a une tout autre approche qu’avant et c’est positif! Dès qu’elle a pris ses fonctions, elle a immédiatement contacté tous les partis de l’opposition (DP, LSAP, déi Lénk, KPL) et nous avons eu des réunions avec elle. Nous avons présenté nos doléances et nos propositions pour un avenir disons un peu plus fructueux. Elle a déjà mis – ou mettra – plusieurs choses en place, dont un code de déontologie, après les affaires de Roberto Traversini, un comité d’accompagnement économique, qui était un desiderata de notre part, ou encore un comité de recrutement pour les postes à pourvoir au sein de l’administration communale, dans lequel siègera un membre de l’opposition pour tout entretien d’embauche. Plus généralement, nous avons décidé de laisser trois à quatre mois à la nouvelle équipe avant d’entamer notre mission de contrôle. Cela étant, nous avons maintenant perdu assez de temps et il faut accélérer!»

«J’ai l’impression que l’on est écoutés, désormais»

20160119 Luxembourg - 63, boulevard de la Pétrusse - bureaux Déi Lénk - conférence de presse Spekulation Wohnungsbau Preisexplosion - Logements spéculative explosion des prix - Gary Diderich - (© Editpress/Didier Sylvestre)

Le second conseiller communal qui avait clairement demandé la tête de Roberto Traversini, Gary Diderich (déi Lénk), tempère quelque peu, bien que lui aussi salue la volonté de communication de la nouvelle bourgmestre avec tous les bords politiques : «Il est trop tôt pour faire un premier bilan, mais en termes de style, celui-ci a beaucoup changé, et cela de manière positive. J’ai l’impression que l’on est écoutés désormais, qu’on peut faire des propositions et qu’elles sont prises en compte. C’est un changement positif par rapport aux bourgmestres avec qui j’ai travaillé auparavant. Si Christiane Brassel-Rausch ne connaît pas nécessairement tous les dossiers à la perfection, on sent qu’elle veut vraiment bien faire, même si cela prendra plus de temps.»

«Peut-être aurait-il fallu tenir de nouvelles élections»

490_0008_14798901_20170630_S_Fassaden_und_HaeS’il n’avait pas directement réclamé la démission de l’ancien bourgmestre, le conseiller LSAP Erny Muller s’était tout de même joint à la fronde.
Selon lui, le changement n’est que «partiel» : «Certes, le style a changé, mais vu de l’intérieur, je ne suis pas tout à fait de cet avis parce qu’on avait annoncé un renouveau, mais je vois que sur certains sujets on continue comme sous l’ancien régime. Il existe déjà plusieurs exemples de divergences de vues avec la nouvelle bourgmestre. Plus globalement, et je le dis pour l’ensemble des verts au conseil, nous avons une perte de compétences, entre autres avec le changement d’échevin (Paulo Aguiar pour remplacer Georges Liesch, démissionnaire). Nous nous retrouvons face à des personnes qui ne peuvent prétendre à une bonne connaissance des dossiers. C’est un peu normal et nous avons de la patience, mais celle-ci a des limites. Peut-être aurait-il fallu tenir de nouvelles élections dès la démission de l’ancien bourgmestre, comme cela avait été suggéré par certains (dont le Parti pirate)…»

«Elle écoute et va à la rencontre des gens»

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Le conseiller communiste Aly Ruckert est satisfait des débuts de la bourgmestre (bien qu’il ne faisait pas partie de ceux qui voulaient la démission de Roberto Traversini) : «Madame Brassel-Rausch écoute et elle va à la rencontre des gens», constate le patron du KPL. Avant, pour lui, de poursuivre : «Le style est différent, c’est sûr, mais sous Traversini, le collège échevinal était aussi à l’écoute lorsque les arguments étaient valables et même s’ils ne figuraient pas dans son programme politique, à l’image de la proposition du KPL de créer un service juridique gratuit dans la commune. Et d’après mes informations, l’actuel collège échevinal veut donner vie à ce projet. C’est positif pour le KPL que l’intérêt du peuple soit considéré!»

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