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«Escroquerie» aux œuvres d’art: le patron de l’AS Monaco inculpé à son tour


Dmitri Rybolovlev, le patron de l'AS Monaco, à sa sortie du tribunal où il a été inculpé jeudi pour «complicité d'atteinte à la vie privée». (Photo: AFP)

Le milliardaire russe et président du club de foot de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev, a été inculpé à son tour jeudi à Monaco dans le bras de fer médiatico-judiciaire qui l’oppose à son ex-marchand d’art suisse Yves Bouvier, l’homme d’affaires à l’origine de la création du Freeport de Luxembourg.

Du statut de simple plaignant et d’accusateur, l’oligarque Dmitri Rybolovlev, 51 ans, parfois surnommé le « tsar de Monaco », est passé à celui de mis en cause. Il est soupçonné de « complicité d’atteinte à la vie privée », dans le cadre d’une plainte déposée par une amie bulgare et résidente monégasque, Tania Rappo, qui lui avait présenté Yves Bouvier en 2003. Dmitri  Rybolovlev, qui conteste les faits, sera reconvoqué chez le juge assisté de ses avocats « avant la fin de l’année », a-t-on précisé de source judiciaire.

Depuis sa plainte déposée le 9 janvier 2015 à Monaco, il accuse Yves Bouvier, qui a fait fortune dans les ports francs à Genève, Luxembourg et Singapour, d’avoir pris des marges exorbitantes sur les tableaux qu’il lui procurait pour sa collection, au lieu des 2% de commission comme intermédiaire.

A la fin de son audition jeudi, Dmitri Rybolovlev, en polo bleu marine, a quitté le palais de justice de Monaco, en s’engouffrant rapidement dans un van noir aux vitres teintées, sans faire de déclaration.

Que ce nouvel épisode dans le dossier qui l’oppose à Yves Bouvier soit un épiphénomène, comme veut le faire croire le milliardaire russe, ou un tournant dans une affaire qui a pris des proportions de scandale politico-judiciaire à Monaco, le contenu du téléphone de l’avocate russe de Dmitri  Rybolovlev est central. C’est en effet avec cet appareil que Me Tetiana Bersheda a subrepticement enregistré des propos de Tania Rappo lors d’un dîner chez l’oligarque à Monaco le 23 février 2015. Tania Rappo avait été ensuite arrêtée. S’estimant piégée, elle avait porté plainte pour atteinte à la vie privée.

Des SMS très gênants

C’est aussi du téléphone de l’avocate qu’ont été exhumés des SMS suggérant une connivence supposée du clan de l’oligarque russe avec les plus hautes autorités policières et judiciaires monégasques. Ces messages, révélés dans la presse, ont entraîné en septembre le départ précipité du garde des Sceaux Philippe Narmino, premier Monégasque nommé à ce poste par le prince Albert II, et l’ouverture d’une enquête contre X pour trafic d’influence.

« Les enregistrements du téléphone de Tetiana Bersheda ont été exploités à l’été 2017, ce qui a changé la configuration », indique le procureur général de Monaco, Jacques Dorémieux, qui souligne toutefois que l’inculpation de M. Rybolovlev jeudi n’a « pas de lien » avec l’enquête ouverte pour trafic d’influence.

Abonné à la chronique judiciaire après son retentissant divorce et rescapé de onze mois de prison en Russie entre 1996 et 1997 pour une affaire de meurtre sans preuve, Dmitri Rybolovlev a fait fortune dans la potasse au moment des privatisations de l’économie russe à la fin de l’URSS.

Il a démultiplié la procédure contre Yves Bouvier. A Monaco, le marchand d’art a été inculpé pour « escroquerie » et « complicité de blanchiment » tandis que Tania Rappo est inculpée de « blanchiment » car elle touchait des commissions sur chaque tableau. A Singapour, où réside le marchand d’art, Dmitri Rybolovlev a échoué à faire geler ses actifs estimés à plus de 400 millions de dollars. A Paris, il s’est porté partie civile dans une plainte pour vol déposée par l’héritière de Pablo Picasso, Catherine Hutin-Blay.

Guerre des nerfs

La prochaine étape pour Dmitri Rybolovlev dans cette guerre des nerfs et de l’argent se jouera le 15 novembre à New York sous le marteau d’un commissaire priseur de Christie’s. Le patron de l’AS Monaco remet en vente un tableau attribué à Léonard de Vinci, le « Salvator Mundi » représentant le Christ, acheté via Yves  Bouvier. Une façon pour le Russe de repartir à l’offensive en braquant les projecteurs sur le prix de cette toile et en relançant la publicité autour des entourloupes supposées du marchand d’art.

« Ce tableau a été acheté chez Sotheby’s de gré à gré à New York via Yves Bouvier mais en fait M. Bouvier a empoché une énorme plus-value (47,5 millions de dollars) en dissimulant le prix qu’il avait lui-même payé aux vendeurs américains », assure un chargé de communication de Dmitri Rybolovlev, Sacha Mandel.

Le Quotidien/AFP

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