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[Football] Gerson Rodrigues : «les gens comptent sur moi, attendent plus»


L'ailier de la sélection se livre dans un entretien sans langue de bois (Photo : Julien Garroy).

L’ailier de la sélection de football luxembourgeoise reparle, après l’incident (éviction du groupe pour un problème de comportement) de juin. Il est devenu papa, il a toujours envie de jouer au foot, plus que jamais en fait… Confessions, avant le match contre la Moldavie ce samedi soir, à Josy-Barthel.

Gerson Rodrigues a «laissé les gens parler» pendant plus de six mois. Dans un pays où la réussite des footballeurs se mesure aussi au respect de certaines valeurs vite désuètes dans le monde pro, l’attaquant a eu le tort de faire le forcing pour sortir de son contrat avec le Fola, puis de refaire le coup au Telstar quelques mois plus tard. Aujourd’hui, il assume sans ciller : il a pris du retard sur sa carrière et il tente de le rattraper. Il y a deux semaines, il est devenu papa pour la première fois et si le petit Jayden n’est pas la raison majeure qui le pousse aujourd’hui à reprendre la parole, il y a, un peu, contribué.

Félicitations au jeune père. Il vous a pourtant fallu ce rassemblement avec la sélection pour avoir enfin l’occasion de voir votre fils, Jayden.
Gerson Rodrigues (avec un grand sourire) : Cela a été très dur ces deux dernières semaines. On était encore engagés en Europa League avec des objectifs élevés avec le Sheriff Tiraspol et je savais qu’il était là et que je ne pouvais pas le voir. Mais je suis pro désormais et il faut savoir compartimenter les choses. Je ne devais pas trop penser à mon fils, même si c’était dur. J’ai un travail et ce travail, je le fais aussi pour son bien à lui, pour plus tard. La maman et moi, on n’est pas en couple, mais elle est très ouverte et m’a dit que je pouvais le voir quand je voulais. Elle m’aide beaucoup. Et ma mère peut voir Jayden quand elle veut. Elle a même un peu aidé pour le prénom. Elle est aux anges.
Vous-même, vous n’avez pas beaucoup vu votre père étant jeune…
Mon père, j’ai dû le voir une ou deux fois dans ma vie. Pas plus. C’est un vrai manque. Alors ce n’est pas du tout ce que je veux offrir à mon fils. Je veux autre chose pour mon fils.
On dit souvent que la paternité aide à se poser.
Ah, mais tout a changé dans ma vie! Je suis devenu pro et maintenant j’ai aussi des responsabilités. Tout ça, c’est un grand plus dans ma vie. J’ai eu des hauts et des bas, mais maintenant, quand je rentre au pays, je veux pouvoir profiter de tout le monde.

Je dois un grand respect au coach

Vous en avez même profité pour vous excuser auprès de Luc Holtz après votre éviction de la sélection, en juin, en raison d’un comportement jugé inapproprié.
Il s’est passé quelque chose de… de très humain. Je dois un gros respect au coach. Oui, on a parlé et oui, je me suis excusé. Plusieurs fois même. Luc Holtz n’est pas là pour t’enfoncer, mais au contraire pour t’élever. Il est toujours là pour t’aider, pour que tu t’affirmes. Et je tiens aussi à dire que je m’entends très bien avec mon ancien coach du Telstar. Il s’est excusé pour ce qu’il a dit de moi (NDLR : Mike Snoei n’avait pas apprécié que son joueur cherche à aller voir ailleurs et avait accusé le joueur, entre les lignes, d’avoir la grosse tête), mais cet énervement est compréhensible : des deux côtés, on n’était pas contents de la manière dont cela se passait. Ma chance, c’est d’avoir un bon agent.
Pour revenir à la sélection et à ce « respect » que vous inspire Luc Holtz, est-il enfin arrivé, le moment où Gerson Rodrigues, qui a dépassé le stade du jeune espoir, explose enfin pour de bon?
Mais je le vois tous les jours que les gens comptent sur moi, attendent plus. Et je veux faire passer un message : je sais que je peux faire plus, je sais que les gens attendent plus et je vais tout faire pour le leur offrir.
Luc Holtz, en début d’année, disait après Malte qu’il vous restait encore à expurger votre jeu de prises de risque gênantes.
Ah, mais ça, ça y est, j’ai réussi à le dégager! Le coach m’en avait parlé, il m’avait demandé de travailler là-dessus en club et je l’ai fait. Cela ne se reproduira plus, les pertes de balle gênantes.

L’un des plus beaux centre d’entrainement

Tiens, justement, comment se passe-t-elle votre vie moldave?
La plupart du temps, je ne pense qu’au foot. Je reste au centre d’entraînement qui est sûrement l’un des plus beaux d’Europe, avec 21 terrains qui sont des caviars et tout ce qu’il faut à côté, et je me fais mes séances individuelles. Je suis sous contrat pour encore deux ans, les conditions financières sont fantastiques et je progresse, je travaille sur mes défauts.
Dans une interview à nos confrères du Tageblatt, le sélectionneur moldave, Alexandru Spiridon, dit de vous que vous êtes déjà trop fort pour le championnat local.
Depuis que je suis arrivé, j’ai donné mon maximum. Et je sais, oui, que je peux faire encore mieux. Et je veux aller plus haut. Le club le sait, tout le monde le sait. Je pourrais franchir une étape cette année, ou l’année prochaine. Le Sheriff sait bien que je ne vais pas rester longtemps.
Est-ce dur de se retrouver seul à Tiraspol?
La ville n’est pas exceptionnelle. C’est assez pauvre, même si les gens vivent bien. Il y a de bons restaurants, des endroits sympas. La plupart des gens ne peuvent pas se le permettre. Nous si. Alors mes coéquipiers et moi, on se retrouve là-bas. Il n’empêche, ma famille me manque beaucoup. J’ai dû quitter l’hôtel du club pour emménager seul dans une maison, parce que je ne me voyais pas les recevoir à l’hôtel. Alors forcément, quand elle n’est pas là, ma famille me manque beaucoup. Je ne vais pas demander à qui que ce soit de quitter sa vie au Luxembourg pour me suivre. Ils ont tous des choses à faire. Ils ne vont pas tout lâcher pour moi. Surtout que je ne sais pas où je serai ces prochaines années. Est-ce que je vais encore beaucoup bouger? Non, je travaille et si, à un moment, ils ont envie de venir me rejoindre, ils choisiront.

Entretien avec Julien Mollereau

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