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Isabelle Schlesser (Adem) : « On ne peut pas forcer une entreprise à embaucher »


"Les métiers liés aux ICT sont en progression très importante et c'est le secteur où nous n'avons vraiment pas de candidats à proposer ou très peu", déplore Isabelle Schlesser. (photo Tania Feller)

Responsable de la mise en œuvre de la réforme de l’Adem, Isabelle Schlesser évoque le chemin parcouru depuis son arrivée en 2012. Et celui qu’il reste encore à faire.

L’Adem a entamé sa transformation après votre arrivée il y a six ans. Quelles sont les pistes que vous avez suivies ?

Isabelle Schlesser : D’abord la loi a prévu une direction à trois têtes ce qui était indispensable eu égard à l’ampleur de la tâche. En 2012, trois nouvelles personnes sont arrivées et c’est important de le rappeler. À partir de 2013, date à laquelle j’ai pris la tête de cette direction, mon travail a toujours consisté à suivre trois axes. Le premier était de personnaliser le service offert aux demandeurs d’emploi parce qu’ils ont des profils extrêmement diversifiés.

Le deuxième axe, pour moi sans doute un des plus importants, était de rétablir un lien de confiance avec les employeurs parce que l’on ne peut pas résoudre le problème du chômage si on ne parle pas avec ceux qui vont employer les gens. Il faut essayer de comprendre leurs besoins pour pouvoir orienter des gens susceptibles d’être embauchés puisque c’est cela notre but.

Et le troisième axe, moins visible, était de moderniser notre organisation interne et notamment au niveau informatique. Beaucoup de choses ont été réalisées, des réformes ont été menées à ces trois niveaux, mais il reste encore énormément à faire.

La croissance de l’emploi des frontaliers est plus rapide que celle des résidents. Ce n’est pas quelque peu frustrant ?

Non, il faut quand même bien voir que l’économie ne pourrait pas tourner sans les frontaliers et nous travaillons d’ailleurs avec nos homologues belge, allemand et français. Ce qui est frustrant, par contre, c’est de voir la discrépance entre les profils enregistrés à l’Adem et ceux que recherche le marché de l’emploi et cela concerne un grand nombre d’offres d’emploi. Ces postes sont donc occupés par des frontaliers ou par des résidents étrangers qui sont « importés ». Les métiers liés aux ICT sont en progression très importante et c’est le secteur où nous n’avons vraiment pas de candidats à proposer ou très peu. On essaye d’en former, mais malgré tout le déséquilibre est énorme.

Pourtant le chômage baisse…

Il y a d’autres secteurs qui recrutent beaucoup et qui demandent peu de qualifications comme le nettoyage, le gardiennage, le commerce avec les hypermarchés qui recrutent à tour de bras. Mais même dans ces secteurs, il faut que le profil corresponde au niveau de la formation, de la personnalité, des horaires de travail, notamment dans le secteur Horeca ou celui de l’industrie qui ont des horaires atypiques.

La loi oblige les entreprises à signaler leurs postes vacants à l’Adem. Cela fonctionne-t-il dans la réalité ?

On ne peut pas forcer une entreprise à embaucher un demandeur d’emploi. La loi a raison de créer une transparence du marché de l’emploi. Il s’agit seulement de signaler à l’Adem les ouvertures de postes et nous regardons parmi nos demandeurs d’emploi si nous avons des profils correspondant. Je ne comprends pas vraiment pourquoi une entreprise serait contre, parce que le choix reste toujours celui du chef d’entreprise.

Et comment pourrais-je connaître les secteurs qui recrutent si on ne me le dit pas ? Mais il faut être bien conscient que nous devons offrir un service de qualité, ce qui n’est pas toujours facile parce que l’entreprise va toujours nous décrire le candidat idéal pour son poste et nous envoyons des candidats qui correspondent au profil et parfois, après, nous constatons que la personne qui est recrutée est moins idéale que la description donnée.

Entretien avec Geneviève Montaigu

A retrouver en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 5 mars.

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