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Jailbird : des produits fabriqués par les détenus


Jailbird, une initiative à mettre au crédit de défi-job, qui favorise la réinsertion sociale des détenus par le travail. (photo Claude Lenert)

Ce week-end au Mudam, parmi la trentaine de stands réunissant des designers aux univers variés (textile, bijoux, édition, illustration…) du marché des créateurs, on trouvait celui de Jailbird, des produits fabriqués par des prisonniers «en fin de peine» du centre pénitentiaire de Givenich.

Sur son stand, il n’a pas une minute à lui. Les curieux se bousculent pour admirer les stylos, boîtes et autres objets, comme une lampe articulée, tous en bois. Samedi, encore, l’un des escaliers du Mudam était encombré de nombreux meubles, depuis vendus. Pour la troisième année où il se rend au Marché des créateurs, Massimo A. Marchesini, artiste-formateur, tire un bilan qui lui dessine un généreux sourire derrière sa moustache fournie : «Comme les dernières fois, c’est un succès absolu !»

À coup sûr, il doit penser aux détenus qu’il encadre, avec qui il pense et réalise, durant toute une année, ces produits estampillés Jailbird. Une appellation qui ne cache en rien son orientation sociale. «On travaille plus sur l’humain que sur autre chose», confirme-t-il. Régulièrement, il se rend ainsi au centre pénitentiaire de Givenich, pour encadrer, former et, parallèlement, encourager «cinq détenus non qualifiés, néophytes».

« Leur montrer qu’ils ont du talent »

Une initiative à mettre au crédit de défi-job, qui favorise la réinsertion sociale des détenus par le travail. «Pas le biais de notre association, ils perçoivent un salaire, avec ce qui en découle comme droits et devoirs.» À savoir, en premier lieu, 40 heures de travail par semaine, comme tout autre salarié. Il poursuit : «Notre objectif, c’est de (re)mettre ces personnes dans un esprit de travail, c’est-à-dire montrer pour ceux qui ne le savent pas – ou ceux qui l’ont oublié – que le travail peut-être aussi un plaisir.»

Une ambition qui se concrétise à travers de petits «objets faciles et sympathiques». Et selon lui, «ces quelques pièces artistiques, artisanales sont un terreau très favorable» pour remettre en confiance les prisonniers. «J’ai envie de leur montrer qu’ils ont du talent. Certains d’entre eux ne l’ont jamais entendu de leur vie.»

Une mission que relève Massimo A. Marchesini, malgré les difficultés que cela implique. «On n’est pas une fabrique. Du coup, je suis tributaire des personnes que j’encadre, de leurs talents respectifs, et du temps que j’ai à disposition pour le faire…» Et s’il reconnaît que ça fait un an qu’il prépare ce marché – comprendre «réaliser des pièces et m’arranger pour qu’on ne me les achète pas. Je n’ai pas de stock !» – il repartira sûrement l’année prochaine avec la même envie. « Demain, je vais revenir à la prison avec une voiture vide. Ça va les mettre en joie ! »

Grégory Cimatti

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