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La France vers une sortie de confinement progressive et « régionalisée »


En France, les forces de l'ordre ont réalisé environ 5,8 millions de contrôles depuis le début du confinement le 17 mars et dressé 359.000 procès verbaux pour non-respect des mesures. (Photo / AFP)

La France continue de compter les morts du coronavirus – plus de 4.000 en un mois à l’hôpital en attendant de connaître les chiffres en Ehpad – et tente de soulager ses hôpitaux submergés en Ile-de-France, tout en réfléchissant déjà à la façon de lever progressivement le confinement de la population, d’ici quelques semaines.

Selon le dernier bilan officiel, mercredi soir, l’épidémie a tué en France plus de 500 nouvelles personnes en 24 heures, soit un total de 4.032 décès depuis le 1er mars. Ce chiffre ne prend pas en compte les bilans dans les maisons de retraite, qui sont en cours de compilation et que les autorités espèrent pouvoir donner au niveau national à partir de ce jeudi, a indiqué le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Dans la région Grand Est, 570 décès en Ehpad ont été enregistrés, soit plus du tiers du bilan global dans la région (1.585 décès), selon un bilan mercredi de l’ARS.

Au niveau national, le nombre de patients en réanimation a dépassé 6.000 malades, soit plus que la capacité initiale de lits de réanimation du pays (5.000). Concernant le processus et le calendrier envisagés pour la fin du confinement, en cours depuis plus de deux semaines et pour l’heure imposé jusqu’au 15 avril, Edouard Philippe a estimé « probable que nous ne nous acheminons pas vers un déconfinement général et absolu, en une fois et pour tout le monde ».

Le Premier ministre était interrogé mercredi soir par visioconférence par la toute nouvelle mission d’information de l’Assemblée nationale sur la gestion gouvernementale de la crise. Il a évoqué « un déconfinement qui serait régionalisé » et « sujet à une politique de tests, en fonction, qui sait, de classes d’âge », espérant présenter une ébauche de stratégie « dans les jours qui viennent ». Comme en Italie où le « retour à la normale » devra se faire « graduellement », selon le Président du conseil Giuseppe Conte. « Les jours qui viennent seront encore plus difficiles, mais il y a aussi des signes d’espoir: si l’on regarde le nombre d’admissions en réanimation sur la totalité du territoire national, ce chiffre se stabilise », a conclu le Premier ministre après 3h20 de grand oral.

L’Ile-de-France au bout de ses capacités hospitalières

Selon Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, « fin avril, on aura d’une part les services de réanimation qui commenceront à désaturer et une circulation du virus qui aura diminué, on va se retrouver dans la situation préconfinement », a-t-il déclaré jeudi sur Europe 1. « Si ce n’est pas assorti de prévention, pour casser les chaînes de contamination, on va de nouveau devoir se confiner car l’épidémie va repartir », a toutefois prévenu Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à la Salpêtrière, sur BFMTV.

Plus du tiers des décès enregistrés dans les hôpitaux en 24 heures l’ont été en Ile-de-France, sur laquelle l’épidémie déferle après avoir frappé durement l’Est du pays. Plus de 9.600 personnes sont hospitalisées en région parisienne, où, selon Aurélien Rousseau, directeur de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, « nous sommes au bout de nos capacités d’hospitalisation ». Et d’évoquer un « risque réel » de pénurie de certains produits, morphine ou antibiotiques, avec une « tension globale » sur certaines molécules comme le curare – nécessaire pour immobiliser les patients intubés.

« Nous nous sommes trompés sur la gravité de la maladie »

Il faut donc alléger la pression en transférant des patients vers des régions pour l’heure moins frappées. Cent malades supplémentaires devaient être transférés jeudi matin par hélicoptère des hôpitaux de région parisienne vers le Centre-Val de Loire, la Normandie et les Pays de la Loire. Un nouveau TGV médicalisé doit évacuer vendredi des patients de la région Grand Est, toujours saturée.

Depuis la première opération de ce type le 18 mars, « 288 patients lourds ont été transférés vers des régions moins en tension et ce nombre est amené à progresser dans les jours et semaines qui viennent », avait indiqué mardi Jérôme Salomon. « Nous nous sommes tous beaucoup trompés sur la gravité de la maladie », a reconnu sur CNews Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges Pompidou, également président de la fédération LR des Hauts-de-Seine. « Une fois qu’on aura gagné la lutte, on pourra faire le bilan de pourquoi on en est arrivé là, pour faire en sorte que ça n’arrive pas de nouveau ».

359.000 procès verbaux pour non-respect des mesures

Alors que les congés scolaires de la Zone C (Ile-de-France et Occitanie) commencent vendredi soir, les élèves concernés et leurs parents, confinés depuis 16 jours, ne pourront pas partir en vacances, a rappelé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. « Tout abus sera sanctionné », a-t-il prévenu. L’ensemble de la Martinique et de la Guadeloupe ont été placées à partir de mercredi soir sous couvre-feu entre 20h et 5h, pour faire respecter les mesures de confinement. Les forces de l’ordre ont réalisé environ 5,8 millions de contrôles depuis le début du confinement le 17 mars et dressé 359.000 procès verbaux pour non-respect des mesures.

Emmanuel Macron a cependant annoncé jeudi un aménagement des règles de confinement pour les autistes, en les autorisant à sortir « un peu plus souvent » pour se rendre sur les lieux habituellement fréquentés, « porteurs de repères rassurants », à l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme.

Sur le plan économique et social, 400.000 entreprises ont demandé à avoir recours au dispositif du chômage partiel, pour 4 millions de salariés, soit un salarié du privé sur cinq. Première grande marque à sombrer, l’enseigne de chaussures André a été placée en redressement judiciaire.

 

LQ / AFP

 

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