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La pénurie de logements sociaux au Luxembourg vue depuis Villerupt


"Plus de 20% des prétendants à la propriété à Villerupt ont une résidence déclarée au Luxembourg", explique le maire de Villerupt (Photo d'archives : Alain Rischard).

Alors que la Cour des comptes luxembourgeoise tance le gouvernement sur le manque de logements sociaux, la thématique intéresse en Lorraine. Le maire de Villerupt, Alain Casoni, évoque une « réalité du terrain » où « les transferts de population » du Luxembourg vers la France sont notoires, notamment chez « les moins favorisés ».

La publication du rapport de la Cour des Comptes luxembourgeoise a interpellé le maire de Villerupt, toujours attentif à ce qu’il se passe sur le transfrontalier.

« Sur Villerupt, nous faisons un suivi régulier des Déclarations d’intention d’aliéner (DIA), nous explique t-il. Les chiffres laissent apparaître une proportion d’acheteurs de biens (habitation ou terrain) de plus de 20% dont la résidence déclarée est au Luxembourg. » Dans le détail, les prétendants à la propriété sont « majoritairement issus des classes socio-professionnelles les moins favorisées », observe Alain Casoni.

Ils ne sont en revanche pas forcément Luxembourgeois sur la carte d’identité : il n’y a plus d’identité à la frontière, mais des actifs qui s’installent d’un côté ou de l’autre pour des questions de budget, ou d’envie d’habitation plus grande (famille), expliquaient des chercheurs du Liser en mai dernier.

Le maire de Villerupt, Alain Casoni, est connu au Luxembourg pour son franc-parler (Photo d'archives : Hervé Montaigu).

Le maire de Villerupt, Alain Casoni, est connu au Luxembourg pour son franc parler (archives : Hervé Montaigu).

« Poussés hors du Grand-Duché »

Alain Casoni estime que ces actifs sont « poussés hors du Grand-Duché par l’évolution des prix du logement (NDLR : +7% en 2018 selon la société JLL) et trouvent des opportunités chez nous, malheureusement parfois auprès de propriétaires peu scrupuleux ».

Ce constat renforce ses convictions en faveur d’une nouvelle clef de répartition des impôts et des charges en zone frontalière. «Il convient d’être plus exigeant sur les moyens dont nous devons disposer pour affronter les enjeux transfrontaliers », estime t-il. En clair, pourquoi des communes démunies devraient supporter seules le poids d’un effet de banlieue ?

«Autre conséquence, conclut Alain Casoni, les prix du logement sur les territoires frontaliers ne cessent de progresser. Au point d’avoir ici des prix qui dépassent ceux de Metz ou de Lyon ! L’équipe de l’Établissement public de l’Alzette Belval a échangé sur ces tarifs avec leurs collègues de Saint-Étienne. Tout cela induit d’autres phénomènes pour le logement des non frontaliers», qui ne doivent pas devenir des habitants de seconde classe du territoire.

Hubert Gamelon

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