Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Mardi, la Spuerkeess a lancé sur le marché luxembourgeois le premier lingot d’or équitable. Ce produit assez surprenant est le fruit d’un partenariat entre la banque de l’État et l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg.
De l’or équitable au Luxembourg? On a du mal à le croire et pourtant ça existe. La Spuerkeess a lancé officiellement mardi sur le marché luxembourgeois un lingot d’or portant la certification «Fairtrade». Il est déjà disponible dans les agences et sur le portail internet de la banque où il est proposé comme une valeur mobilière.
De petite taille, il pèse 5 ou 10 g. Le prix, lui, dépend « du cours du jour », certifie Rodolphe Belli, directeur adjoint de la Banque et Caisse d’épargne de l’État. Il faut compter à peu près 200 euros pour 5 g et le double pour les 10 g.
Normalement, l’or qui sort d’une coopérative « est rémunéré aux petits producteurs à hauteur de 70 % », explique Jean-Louis Zeien, le président de Fairtrade Lëtzebuerg. En fait, les petits producteurs regroupés en coopérative reçoivent 70 % du prix de l’or fixé par le London Bullion Market Association (LBMA), l’association des professionnels du marché des métaux précieux basée dans la capitale britannique, qui supervise les marchés de gros de l’or et de l’argent.
Avec une certification «Fairtrade», il en est autrement. « Nous avons fixé un prix minimum garanti. Il est beaucoup plus haut et est situé à 95 % du LBMA », affirme Jean-Louis Zeien. « S’ajoute par kilo d’or 2 000 dollars », dit-il. Si par exemple, elle sort 10 kg d’or, elle touchera 20 000 dollars de «prime Fairtrade».
«Un coup de cœur»
La coopérative qui reçoit cet argent « décide en toute autonomie de la manière dont elle va utiliser l’argent ». Les 20 000 dollars peuvent être investis dans des «projets communautaires» comme la construction d’une école, de centres médicaux ou encore dans une formation sur la sécurité destinée aux mineurs.
L’or des lingots destinés aux clients de la BCEE provient de la mine Macdesa qui compte 330 membres et qui est située au sud du Pérou. Elle est certifiée Fairtrade depuis 2015.
Cette alliance entre la Spuerkeess et Fairtrade Lëtzebuerg surprend grandement. Selon Rodolphe Belli, cet or équitable est clairement « un coup de cœur », car « on a vu l’occasion d’aider des communautés aurifères » et « on le fait d’un point de vue humanitaire », glisse-t-il. Il espère que dans le futur, beaucoup d’autres banques de la Place feront de même.
Du côté de Jean-Louis Zeien, cette association avec la BCEE était presque « naturelle », dans la mesure où l’établissement de la place de Metz propose des produits alternatifs. « Notre approche est de travailler avec des acteurs engagés qui prennent au sérieux la responsabilité sociale des entreprises. Ce n’est pas pour nous une action caritative, il s’agit de montrer qu’un autre commerce (de l’or) est possible », appuie-t-il.
Aude Forestier
