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Le CSV se paie Jean Asselborn


Pour Claude Wiseler, les déclarations de Jean Asselborn ne sont pas compatibles avec les critères d'une bonne politique étrangère. Hier, la tête de liste pour les prochaines législatives était notamment entourée de l'eurodéputée Viviane Reding. (Photo : Editpress)

Le plus grand parti de l’opposition en a assez des sorties du ministre des Affaires étrangères contre des dirigeants européens. Et exige que Xavier Bettel intervienne.

Pour le CSV, le comportement de Jean Asselborn nuit à la réputation du pays, qui a déjà mauvaise presse.

Le CSV avait convoqué la presse lundi pour évoquer un sujet «rare», selon Claude Wiseler. En effet, jusqu’à présent, en matière de politique étrangère, le «consensus» aurait régné entre partis au gouvernement et opposition, qui auraient toujours parlé d’«une même voix». Le chef de fraction du Parti chrétien-social faisait référence à Jean Asselborn et aux sorties du ministre des Affaires étrangères contre des dirigeants européens, que le CSV ne veut plus tolérer à l’avenir.

Le week-end dernier, dans une interview accordée au magazine allemand Der Spiegel, Jean Asselborn s’en était violemment pris à Sebastian Kurz, son homologue autrichien, auquel il reprochait des «idées nationalistes de droite». Quelques mois auparavant, dans le journal allemand Die Welt, Jean Asselborn, avant de se faire recadrer par le Premier ministre, Xavier Bettel, appelait à exclure la Hongrie de l’UE car elle viole ses valeurs fondamentales.

«Une déclaration de guerre»

Aux yeux de Claude Wiseler, la politique étrangère d’une nation comme le Luxembourg consiste «à défendre les intérêts du pays d’une façon pragmatique et non doctrinaire, à collaborer dans des organismes multilatéraux et à se comporter en partenaire fiable avec les pays qui sont nos amis». Ceci n’empêcherait pas d’avoir «des opinions, des intérêts et des idées», comme le reconnaît Claude Wiseler, pour qui une bonne politique étrangère est «cohérente, crédible, prévisible et professionnelle». Autrement dit, des critères que la politique étrangère de Jean Asselborn «ne remplit pas».

L’attaque contre le président hongrois, Viktor Orban, a été perçue comme une «déclaration de guerre», a rappelé l’eurodéputée Viviane Reding, qui a reconnu être d’accord «sur le fond mais pas sur la forme» choisie par Jean Asselborn pour exprimer son mécontentement face aux dérives autoritaires en Hongrie. Pour l’ancienne commissaire européenne, le ministre socialiste s’adonne à une politique du «marteau». Or si l’épisode aurait pu passer pour un «dérapage», la récente invective contre le ministre des Affaires étrangères autrichien prouverait que Jean Asselborn «promène son marteau à travers toute l’Europe».

Même constat pour Laurent Mosar, qui a remarqué dans le contexte du voyage officiel du gouvernement en Israël les «déclarations divergentes» de Jean Asselborn et Xavier Bettel. Une incohérence qu’on retrouverait ailleurs : pourquoi, si Jean Asselborn est si attaché aux valeurs européennes et aux droits de l’homme, continue-t-il d’être un défenseur des «négociations d’adhésion» avec la Turquie, pays dans lequel, «le week-end dernier, 6 000 fonctionnaires ont été licenciés» dans le contexte des purges ordonnées par le président Erdogan après le putsch raté de juillet 2016.

Aux yeux de Laurent Mosar, «on peut discuter de tout, mais il n’est pas bon de donner des leçons sur un ton sentencieux». De même, il faudrait «éviter de sortir sans cesse le marteau du populisme de droite». Le chrétien-social, roi de Twitter, lui-même jamais avare de commentaires que d’aucuns jugeraient populistes, estime que parfois en politique étrangère «moins donne plus» et conseille à Jean Asselborn de savourer la maxime attribuée à l’homme d’État britannique Winston Churchill : «Un bon diplomate réfléchit à deux fois à ce qu’il ne va pas dire.» Et Claude Wiseler d’enchaîner pour exiger de Xavier Bettel, ministre d’État, «une action rapide et définitive».

Frédéric Braun

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