Accueil | Politique-Société | Les abeilles du Grand-Duché menacées par une bactérie

Les abeilles du Grand-Duché menacées par une bactérie


La maladie se propage grâce à une bactérie présente dans la nourriture des abeilles, et qui contamine les larves dans la ruche, jusqu'à transformer ces dernières en masse visqueuse et contagieuse. (Photo : Romain Van Dyck)

La semaine dernière, une dangereuse maladie a frappé une ruche à Bascharage : la loque américaine. Retour sur une petite bactérie qui pourrait faire de grands ravages chez nos indispensables butineuses.

Cette maladie est «dramatique» pour l’apiculteur, qui doit se résoudre à anéantir ses ruches, explique un expert, qui en profite pour dresser un bilan de santé des ruches du pays. On l’appelle loque américaine, loque maligne, loque gluante, ou encore pourriture du couvain…

Autant de noms pour un même fléau, qui laisse peu d’espoir à l’apiculteur : «Quand une colonie l’attrape, c’est dramatique. On n’a pas le choix, il faut détruire toutes les ruches à cause du risque de contagion», constate Jean-Paul Beck, le président de la Fédération des unions d’apiculteurs du Grand-Duché de Luxembourg ( FUAL). La semaine dernière, un apiculteur de Bascharage a dû se résoudre à cette macabre solution. Des tests réalisés dans la ruche de Bascharage l’ont confirmé : «On en a le cœur net depuis jeudi passé, c’est bien la loque américaine.»

Les symptômes sont multiples : affaiblissement de la colonie, odeur terreuse, opercules plus sombres que la normale, des larves mortes et visqueuses… Pour s’en assurer, il suffit de pratiquer le «test de l’allumette» : «Vous plongez une allumette dans la cellule, et si vous voyez un filament foncé et sentant mauvais en la ressortant, c’est la loque américaine», explique-t-il. Quant aux causes, il s’agit d’une bactérie au nom charmant de Paenibacillus larvae. Un organisme petit mais costaud : il peut résister à la putréfaction, aux basses températures, à l’ébullition, ou encore survivre 30 ans dans un milieu naturel ambiant! Mais rassurez-vous, cette maladie n’est aucunement dangereuse pour l’homme.

Gare au miel venu d’ailleurs

Son mode opératoire est simple : infester la nourriture des abeilles. Les abeilles nourrices rapportent de la nourriture contaminée dans la ruche pour nourrir les larves d’abeilles. La bactérie peut alors se multiplier dans la larve, jusqu’à la tuer et la transformer en masse visqueuse et collante. Si les abeilles sentent le danger, elles ne peuvent hélas rien faire : en voulant nettoyer l’infection, les ouvrières ne feront que la propager dans toute la ruche.

Voilà pourquoi la loque américaine est une maladie à déclaration obligatoire : l’apiculteur n’a pas d’autre choix que de s’en remettre à la décision sans appel des services vétérinaires. À noter que les apiculteurs concernés «sont dédommagés par l’État», précise Jean-Paul Beck. La loque américaine frappe «plus ou moins régulièrement, on estime tous les dix ans au Luxembourg».

Mais certaines mauvaises pratiques pourraient l’aggraver. Jean-Paul Beck fait justement cette mise en garde : «Un conseiller apicole vient de nous avertir que la contamination peut provenir notamment des pots de miel que l’on jette dans les conteneurs à recyclage! Souvent, les gens jettent les bocaux vides sans les nettoyer. Or certains miels de mauvaise qualité (NDLR : notamment les miels d’importation) peuvent accroître les risques de contamination.»

Bref, pour préserver cet inestimable patrimoine naturel, deux conseils : nettoyez bien vos pots de miel, et mangez local!

Romain Van Dyck

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.