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Les initiatives au Liban pour combattre les « Weinstein » du pays


Le Liban n'étant pas doté d'une législation anti-harcèlement, le ministère de la Femme a soumis au Parlement un projet de loi qui attend toujours d'être approuvé. (Photo : Archives RL)

Au Liban, considéré le pays le plus libéral du monde arabe au niveau des moeurs, des initiatives civiles et ministérielles anti-harcèlement ont vu le jour au cours de la dernière décennie pour encourager les langues à se délier.

Si le harcèlement sexuel n’y est pas aussi endémique qu’en Egypte par exemple, il reste un phénomène considéré comme faisant partie de la « culture » d’une société où le machisme est encore bien enraciné. En mars 2016, un site internet intitulé harasstracker.org (« traqueur de harcèlement » en anglais) est lancé pour enjoindre les victimes à signaler en ligne agressions et harcèlements.

Elles sont invitées à préciser leur genre, celui du harceleur, leur relation avec lui ainsi que la nature et le lieu de l’incident. Après l’affaire Weinstein, les administrateurs de « HarassTracker » ont affirmé sur leur page Facebook que cela « faisait des années qu’on en parlait, mais il a fallu qu’une affaire éclate à Hollywood pour que la planète se penche sur la question! » Ils ont lancé leur propre hashtag, #Whydowestillneedtoproveit (Pourquoi doit-on encore le prouver).

« La question au Liban n’est pas la généralisation ou l’ampleur du harcèlement mais sa normalisation », affirme Nay al-Rahi, cofondatrice de HarassTracker. Le problème selon elle est « que le harcèlement est perçu comme faisant partie intégrale de l’expérience des femme dans un espace public (…) et doit être ignoré » sous ce prétexte.

Avant même l’affaire Weinstein, le ministère de la Femme –créé pour la première fois au Liban en 2016– a lancé en août une campagne anti-harcèlement intitulée #mesh_basita (« C’est pas normal » en arabe), un hashtag repris sur les réseaux sociaux. « Je dois porter sur moi une bombe lacrymogène car il y a trop d’expériences terrifiantes en taxi », s’indigne une internaute.

Le Liban n’étant pas doté d’une législation anti-harcèlement, le ministère de la Femme a soumis au Parlement un projet de loi qui attend toujours d’être approuvé. L’une des premières initiatives anti-harcèlement au Liban a été lancée en 2010 par un groupe de féministes, sous le slogan « Parle-en, n’en rougis pas ».

La campagne se basait sur des vidéos conçues sous forme de dessins animés sous le titre « les aventures de Salwa », où l’héroïne repousse des avances non désirées d’hommes. Après l’affaire Weinstein, des internautes ont partagé leur expérience sous le hashtag #MeToo.

« Le jeune homme derrière moi a tendu son bras et a commencé à me toucher les cuisses (…) je n’ai pas osé avouer devant tous les passagers que ce salaud m’avait agressée (…) Arrivée chez moi, j’ai éclaté en sanglots », a écrit Sandy sur Facebook.

Au Liban, très peu de femmes portent plainte pour harcèlement car celles qui osent le faire ne sont généralement pas prises au sérieux par les policiers, malgré les campagnes de sensibilisation. « Combien de Weinstein se cachent au Liban, derrière leur cigare, derrière leur costume ou leur uniforme, derrière leur arrogance, et derrière, surtout, cet insupportable sentiment d’impunité, fléau parmi les fléaux? », s’interrogeait le 16 octobre le journaliste du quotidien francophone L’Orient-Le Jour, Ziyad Makhoul.

« Surtout dans un pays où l’Etat (…) se moque gentiment de ces petits états d’âme, et où les ONG et la vaillante société civile ne sont soutenues en rien. »

Le Quotidien/ AFP

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