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Luc Hilger (Strassen) : «Le monde pro, ce n’est pas pour nous»


Les hommes du président Luc Hilger emmenés par leur capitaine Denis Agovic (photo) peuvent rêver d'Europe. (photo Marcel Nickels)

[BGL LIGUE] Avec la victoire de dimanche face à Pétange, Strassen en est désormais à 10 matches consécutifs sans défaite (pour un beau total de 26 points sur 30). Pas de quoi cependant pousser le président strassenois, Luc Hilger, à rêver trop fort : «L’Europe ne changerait rien à nos plans.»

Vous en êtes désormais à 10 matches de rang sans défaite. Vous explosez votre record en DN, qui se situait jusque-là à 5 rencontres. Cela datait des premiers matches de Strassen en BGL Ligue, en 2015. De quoi penser à la quatrième place et à l’Europe?

Luc Hilger : Je me souviens bien de cette belle série. Après notre victoire au Fola, à la fin du mois d’août, nous trônions même alors en tête de la BGL Ligue… Pour en venir à aujourd’hui, ces résultats nous ont permis d’assurer notre maintien avant le rendez-vous de dimanche. Un match compliqué face à Pétange que l’on aurait même pu perdre. Mais on va dire qu’on a pour l’instant la réussite qui nous faisait défaut jusqu’à la dixième journée. Il faut se souvenir qu’après celle-ci, nous étions avant-derniers avec 7 petites unités… Après, c’est comme un parcours en Coupe : si l’on gagne tous nos matches d’ici fin mai, oui, on sera européens. Là, on va se déplacer au RFCU avant la réception du Progrès. Après ces deux rendez-vous, on en saura plus. Tout en gardant en tête qu’il nous restera quelques rencontres compliquées face à des équipes qui se battent pour leur maintien comme Etzella, Rosport, Hostert…

On vous entend mais vous ne répondez pas vraiment à la question…

Non, on n’y pense pas. Mais on sera obligés d’y songer si on ne perd pas au Racing samedi. Un terrain où l’on n’a, à ma connaissance, jamais gagné.

En vous écoutant, on en vient à se demander si vous n’y pensez vraiment pas ou plutôt si vous vous efforcez de ne pas le faire…

C’est difficile de répondre à cette question. On vient de tellement loin. C’est vrai que, vu ce qu’il nous arrive, on en parle. Dimanche soir, après le match, on est allés manger avec quelques joueurs et dirigeants ainsi que le staff. Et mon vice-président m’a demandé si, au cas où, il devait décaler ses vacances estivales. Et j’ai forcément dû lui répondre que oui, vu les dates des premiers tours européens. Si l’on se qualifie, on la jouera vraiment, cette Coupe d’Europe. Mais c’est loin d’être fait. Et puis, il faudra encore voir si la quatrième place sera bien européenne. Le vainqueur de Dudelange-Progrès risque de devoir affronter Etzella en finale de la Coupe. Et on est bien placés pour savoir que ce n’est pas simple (NDLR : le club ettelbruckois a sorti Strassen en quart de finale, lui infligeant sa seule défaite en match officiel depuis début novembre). Un revers qui me fait encore aujourd’hui mal au cœur. On était persuadés qu’on allait se qualifier.

Votre entraîneur, Manuel Correia, expliquait dans ces colonnes la semaine dernière qu’à son avis, une participation européenne pourrait faire plus de mal que de bien à Strassen. Vous partagez son avis?

Manuel avait pris comme exemple le club de Käerjeng, qui avait affronté le Standard en Europa League, si je me souviens bien, et qui a connu une évolution pas très favorable par la suite (NDLR : il se situe aujourd’hui en PH). Ne sachant pas comment cela fonctionne en interne chez eux, je ne dirai rien de plus. Par contre, ce que je peux déclarer, c’est que si l’on se qualifie, on ne fera pas de folie. Cela ne changera pas nos plans. Les transferts seront les mêmes que si l’on n’y parvient pas. Notre philosophie est : on ne dépense pas ce qu’on n’a pas. Il devrait y avoir cinq départs et autant d’arrivées. Pour l’heure, on sait déjà qu’Irvin Muratovic, qui revient du Monténégro, et Tom Siebenaler (Differdange) vont débarquer. Et dans l’autre sens, on se séparera de Valerio Barbaro et Bob Simon, qui ont peu joué et retourneront respectivement au Progrès et au Fola. Non, ce qui me préoccupe plus si l’on devait jouer l’Europa League, ce sont les changements au niveau de la préparation qu’une telle campagne impliquerait. Car chez nous, 99% du groupe travaille. Nous ne possédons pas un cadre comme ceux du top 3. Seuls Antoine Goulard et Patrice Mondon-Konan, qui bosse pour notre club, n’ont pas un boulot à côté. Une participation à l’Europa League obligerait à instaurer une autre organisation…

On entend de plus en plus le mot professionnalisme associé aux clubs de BGL Ligue. À Strassen, on y pense aussi ou bien on veut avant tout rester amateur et garder un côté familial?

On veut continuer dans notre voie actuelle. Le professionnalisme n’est pas dans nos têtes. On préfère travailler avec des joueurs qui ont un travail à côté, tout en acceptant et en comprenant qu’ils peuvent être fatigués le soir à l’entraînement. Et puis, avec nos deux terrains, on n’a pas les infrastructures pour faire plus. Quatre à cinq entraînements par semaine, cela nous suffit largement. Et plus globalement, je vous avoue que je trouve assez ridicules ces discussions pour la professionnalisation du foot au Luxembourg. Chez nous, ce n’est tout simplement pas possible! Il y a certes quelques clubs, comme Dudelange, le Progrès, le Fola, le RFCU ou Pétange, qui vont dans cette voie, mais ils ne vont pas organiser un championnat à cinq ou six. De toute façon, lors d’une réunion qu’on a eue en septembre avec les autres présidents des clubs de BGL, personne n’a semblé vouloir aller dans la direction du professionnalisme. Après, il y a une différence entre avoir des équipes pros et une ligue pro… Mais le monde pro, ce n’est pas pour Strassen. Ni à court ni à moyen ni même à long terme. On veut conserver le côté familial dont vous parliez. Et on veut des garçons qui s’identifient à cela. Même si l’on sait que certaines années, cela marchera moins bien.

Entretien avec Julien Carette

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