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Luxembourg : pénurie de main d’oeuvre dans les TIC


La Fedil a tiré la sonnette d'alarme en présentant les besoins des entreprises du pays en mains-d'oeuvre qualifiée dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (Photo : Alain Rischard).

Après l’artisanat et l’industrie, la pénurie de main-d’œuvre s’étend à l’ensemble des secteurs d’activités luxembourgeois touchés par la transformation digitale.

La Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil) et l’Association des banques et banquiers (ABBL) ont présenté les résultats de leur dixième enquête portant sur les prévisions d’embauches des entreprises dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Sans surprise, ce secteur, qui finalement touche toutes les entreprises face à la transformation digitale, à de plus en plus de mal à embaucher ou plutôt à trouver les profils adéquats.
Pourtant, les postes ne manquent pas au Luxembourg. «Un jeune diplômé en informatique n’aura aucun mal à trouver un emploi», assure René Winkin, directeur de la Fedil. À la lecture des résultats de l’enquête, où 168 entreprises ont répondu, on constate qu’il est prévu pendant les deux années à venir 979 embauches. Dans le détail, 31 % de ces embauches vont concerner des départs et 69 % des créations de postes. Seul problème, le secteur des TIC est demandeur d’exigences. Autrement dit, les entreprises recherchent des profils toujours plus qualifiés en matière de nouvelles technologies.

Pêle-mêle, les entreprises recherchent des informaticiens, des analystes informatiques, des développeurs, des programmateurs, des intégrateurs, des consultants, des testeurs ou encore de concepteurs d’applications. Au niveau des diplômes, le secteur des TIC recherche des «bac+2» au minimum et des diplômes universitaires, du bachelor au master en passant par des doctorants.
Des profils qui ne se trouvent pas si facilement au Luxembourg ni dans la Grande Région.

Former la main-d’œuvre demain

Les entreprises tentent dès lors de trouver des solutions. La plus difficile est d’aller recruter au-delà des frontières et même au-delà de l’Union européenne. Mais le processus est fortement réglementé et pesant pour les entreprises et les salariés, même si le Luxembourg reste une terre attrayante à bien des niveaux. Encore faut-il que cette main-d’œuvre puisse se loger au Grand-Duché ou ne pas perdre deux heures par jour, voire plus, dans les bouchons.
Autre solution déjà mise en place, un travail proactif de l’Adem. L’Agence pour le développement de l’emploi «échange régulièrement avec les entreprises du pays afin de connaître leurs besoins. Le but par la suite est de mettre en place des formations spécifiques à destination des demandeurs d’emploi. En plus de cela, des aides et subventions sont proposées aux entreprises qui embauchent des demandeurs d’emploi formés», a souligné Gaby Wagner, la directrice adjointe de l’Adem.

En exemple, on peut citer des programmes de formations comme Fit4Coding ou Fit4Digital, financés par le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire et par le Fonds social européen, permettant à des candidats sélectionnés par l’Adem de recevoir gratuitement une formation de pointe aux langages de codage les plus utilisés aujourd’hui par les entreprises luxembourgeoises (comme PHP, Javascript, Angular, HTML…). Diplôme en poche, les candidats peuvent être rapidement opérationnels sur le marché du travail.

Le ministère de l’Éducation nationale travaille lui aussi dans le même sens afin de préparer les futures générations aux besoins des entreprises et à l’importance toujours grande de la compréhension de l’informatique. «Pour le moment dans le pays, une quinzaine de classes de l’école fondamentale disposent de cours de codage informatique à hauteur d’une heure par semaine. Ce projet pilote sera généralisé à partir de la rentrée 2020», a expliqué le ministre Claude Meisch tout en se voulant rassurant sur les craintes de certains parents face à l’introduction de cours d’informatique chez les plus jeunes : «Cela peut se faire sans avoir une tablette ou un ordinateur. Nous avons des méthodes didactiques et ludiques, basées sur le jeu. Les enfants s’intéressent à la matière car ils utilisent l’informatique tous les jours et ils veulent savoir comment cela fonctionne. Alors qu’on a pu rater le fait de rendre intéressantes les matières technologiques et scientifiques plus traditionnelles, nous voulons éviter de reproduire les mêmes erreurs avec l’enseignement du codage informatique.»
L’idée est donc de déjà préparer les enfants à se familiariser avec le monde digital de demain afin de rendre plus attractif, par la suite lorsqu’il faudra faire un choix d’étude, le monde du digital et de l’informatique.
Mais là encore, le ministère de l’Éducation nationale a du mal à trouver des professeurs pouvant faire apprendre le langage informatique aux plus jeunes en raison de cette pénurie des profils informatiques.
À l’heure où l’innovation et la transition digitale se font de plus en plus pressantes, l’Europe a fait depuis plusieurs années de la formation de profils TIC une priorité. En 2017, l’Europe estimait les besoins en experts numériques à 150 000 personnes et à plus de 500 000 les professionnels qualifiés en 2020.

Jérémy Zabatta

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