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Luxembourg : un homme victime d’une violente agression homophobe


Des drapeaux arc-en-ciel, qui ont été entachés par la haine et l'intolérance ce week-end. (illustration Isabella Finzi)

C’était une journée de fête, samedi, suivie d’une belle soirée : une première Gaymat qui s’est terminée aux urgences pour Jean-Baptiste, victime d’une agression homophobe dans le quartier Gare de Luxembourg.

L’homophobie a frappé, et de façon violente. Jean-Baptiste Pouthas – il a choisi de témoigner publiquement pour « que ce drame ne se reproduise jamais », écrit-il sur Facebook – reste sous le coup de l’émotion au lendemain de l’agression qui lui vaut aujourd’hui 45 jours d’incapacité de travail.

Le Français âgé de 38 ans, résident de la capitale, participait pour la première fois samedi à la Gaymat d’Esch-sur-Alzette. La fête, moment de fierté LGBT sous les couleurs de la tolérance, se poursuit en soirée au Lennox, un bar du quartier Gare. Jean-Baptiste en profite jusqu’au petit matin. Il est près de 8h lorsqu’il quitte les lieux pour rejoindre sa voiture. Entretemps, il a enlevé son t-shirt et ne porte qu’un harnais sur le torse, « donc clairement identifié gay », souligne-t-il. Un détail qui ne va pas passer inaperçu.

« J’ai vu quelqu’un qui boitait, j’ai voulu l’aider », raconte le trentenaire. Il n’en a pas le temps : un inconnu, « un black costaud, qui avait l’air d’être sous l’effet de la drogue », lui tombe dessus. S’ensuit un déchaînement de violence, ponctué d’injures. « Il me traitait de « sale pédé » et « sale Français », se souvient Jean-Baptiste. Il m’a cassé la gueule, j’ai dégusté. » Après le départ de l’agresseur, il est pris en charge par les policiers de la gare et conduit au CHL. Le rapport médical fait état d’un coude cassé, l’autre fêlé, de trois côtes fêlées et d’une entorse à la cheville. Visage tuméfié en prime. « Avant, j’étais plutôt beau », parvient à plaisanter ce sportif qui va devoir être opéré du coude ce mardi.

« Personne ne m’a aidé »

Ce ne sont du reste pas les blessures qui lui font le plus mal, mais l’indifférence dans laquelle s’est déroulée la scène. « Je hurlais dans la rue, il y avait des passants. Personne ne m’a aidé, c’est traumatisant », assure-t-il. Il peut heureusement compter sur ses proches. « Je suis très entouré, je reçois énormément de messages de sympathie. » Ça aide, forcément. Comme le fait d’être épaulé par la société de production pour laquelle il travaille, La Fabrique d’Images. « Ma boîte me soutient, elle m’a déjà remplacé le téléphone que le mec m’a volé », apprécie Jean-Baptiste Pouthas. Famille, amis, collègues… « personne ne cautionne » ni les actes, ni les mots. Encore moins dans une ville où les cultures et les nationalités sont nombreuses. Alors les discriminations, homophobes ou racistes, « pas à Luxembourg, putain ! », enrage celui qui se sent « Luxembourgeois tout autant que Français ».

Jean-Baptiste Pouthas va déposer plainte, dans l’espoir qu’une telle expression de haine ne reste pas impunie. Et pour que son auteur puisse être mis face à ses responsabilités, la police pourra exploiter les images de vidéosurveillance du quartier Gare.

Alexandra Parachini

 

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