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Munich : le tueur avait attiré ses victimes via Facebook


Selon les derniers éléments de l'enquête, le jeune Germano-Iranien de 18 ans a attiré la plupart de ses victimes dans un piège en les incitant via Facebook à venir dans un restaurant McDonald's de la ville pour y bénéficier de réductions. (photo AFP)

La fusillade ayant ensanglanté Munich vendredi soir a été perpétrée par un jeune forcené souffrant de problèmes psychiatriques, sans rapport avec le jihadisme, qui a voulu « faire un lien » avec le massacre commis il y a cinq ans en Norvège par Anders Behring Breivik.

Selon les derniers éléments de l’enquête, le jeune Germano-Iranien de 18 ans a attiré la plupart de ses victimes dans un piège en les incitant via Facebook à venir dans un restaurant McDonald’s de la ville pour y bénéficier de réductions.

L’auteur de la tuerie, qui a fait neuf morts et 16 blessés, aurait aussi été victime dans le passé de « harcèlement » de la part d’autres « jeunes de son âge », a indiqué le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière.

« Nous partons du principe qu’il s’agit dans cette affaire d’un acte classique d’un forcené » pris d’une crise de folie meurtrière ayant agi « sans motivation politique », a déclaré samedi à la presse le procureur de Munich (sud de l’Allemagne) Thomas Steinkraus-Koch.

« Il n’y a absolument aucun lien avec (le groupe) Etat islamique », a renchéri le chef de la police locale, Hubertus Andrä.

Identifié comme David Ali Sonboly, le tueur est né à Munich (sud de l’Allemagne) de parents venus en Allemagne à la fin des années 1990 comme demandeurs d’asile et fréquentait une école de la ville.

Vendredi, en début de soirée, il a ouvert le feu sur un groupe de personnes dans un centre commercial et à proximité. Il a ensuite été blessé par la police puis s’est donné la mort. Dans son sac à dos, les enquêteurs ont retrouvé environ 300 munitions, suggérant qu’il avait à l’origine l’intention de tuer un nombre encore beaucoup plus important de personnes.

Surtout, les enquêteurs ont établi une connexion avec le tueur norvégien Anders Behring Breivik.

« Le lien est évident », a dit M. Andrä, en soulignant que la fusillade était intervenue 5 ans jour pour jour après le massacre de 77 personnes par l’extrémiste de droite, le 22 juillet 2011. Des documents sur ce massacre ont été retrouvés dans sa chambre, ainsi que sur une autre tragédie survenue en 2009 en Allemagne, lorsqu’un adolescent de 17 ans, pris de folie, avait tué 15 personnes.

Jeux vidéo violents

Mais si le jeune homme était fasciné par les tueries de masse, rien n’indique qu’il ait partagé les opinions politiques radicales du Norvégien. Issu d’une famille à l’origine chiite, il semble qu’il se soit converti à la religion chrétienne, d’où son prénom David, selon le ministre allemand de l’Intérieur.

Il a agi seul et manifestement préparé son coup. Selon M. de Maizière, il a probablement tendu un piège aux victimes après avoir « piraté » un compte Facebook : il leur a fait miroiter des bons de réduction dans un fast-food du centre commercial. « Une manière particulièrement sournoise de procéder », a commenté le ministre.

La plupart des victimes sont très jeunes, adolescents et jeunes adultes. Parmi elles figurent trois Kosovars, trois Turcs et un Grec.

Le jeune homme résidait avec ses parents dans un logement social avec de nombreux étrangers ou Allemands d’origine étrangère. Une voisine, interrogée par l’AFP, a parlé d' »une bonne personne (…) qui riait comme toute personne normale ».

D’autres voisins l’ont décrit comme plutôt solitaire et amateur de jeux vidéo violents, un élément qui selon le ministre de l’Intérieur a « joué un rôle » dans cette affaire.

« Tout dans son langage corporel était synonyme de ‘je ne veux pas vous parler' », a témoigné Stephan, le serveur d’un café installé au rez-de-chaussée de l’immeuble.

Sur une courte vidéo amateur largement diffusée sur les réseaux sociaux, et authentifiée par la police, on voit un riverain agonir d’injures l’auteur de la tuerie, vêtu de noir.

« Sale métèque », lui lance ce riverain. La voix de l’assaillant lui répond: « je suis Allemand, je suis né ici », dit-il, avant de lancer, comme sous forme d’excuse, « j’étais en traitement hospitalier ».

Selon les autorités, il souffrait en effet de problèmes psychiatriques et était « en cours de traitement ».

Munich s’est retrouvée en état de siège pendant plusieurs heures car la police a craint pendant longtemps que plusieurs tireurs étaient en fuite. La chancelière Angela Merkel a parlé d’une « nuit d’horreur ».

Le Quotidien / AFP

Le massacre de Breivik en 2011

Breivik, 32 ans, a tué huit personnes en faisant exploser une bombe de 950 kilos le 22 juillet 2011 à Oslo, près du siège du gouvernement, puis 69 autres, sur la petite île d’Utoya, en forme de cœur au milieu d’un lac, à une quarantaine de kilomètres de la capitale.

Là, se tenait un camp de la jeunesse travailliste. Breivik y a assassiné des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu pendant plus d’une heure sur les 600 participants à un camp d’été de la Jeunesse travailliste.

A ce stade, la police allemande fait état d’une admiration de l’auteur de la fusillade de Munich pour les tueries de masse. Rien n’indique que le jeune homme, issu d’une famille iranienne schiite mais converti au christianisme, partageait l’idéologie du Norvégien. Nazi revendiqué, ce dernier souhaitait sauver son pays de « l’invasion musulmane ».

Arrêté le jour-même, Breivik, loin de se donner la mort comme le tueur de Munich, David, Ali Sonboly, ne cesse depuis lors de revendiquer ses opinions extrémistes au point de faire le salut nazi devant ses juges, de jurer de « combattre » pour le nazisme « jusqu’à (sa) mort », et d’attaquer son pays devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Ce grand blond, « Norvégien de souche », islamophobe et antimarxiste, racontait dans un manifeste publié sur internet le jour des faits, avoir passé plusieurs années à mûrir son projet. Il se présentait comme chrétien conservateur, ayant été « exposé à des décennies d’endoctrinement multiculturel ».

Ali Sonboly aurait procédé comme son modèle en attirant ses victimes vers lui, promettant des réductions au restaurant. Breivik, vêtu d’un pull portant le signe « Police », avait rassemblé les jeunes campeurs autour de lui avant de tirer.

Tous deux souffraient de problèmes psychiatriques et le parquet d’Oslo, au procès d’août 2012, avait estimé que Breivik devait être interné plutôt que condamné aux 21 ans de prison qui lui ont finalement été infligés.

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