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« On reviendra du Lux avec son chichon ! »


La nouvelle coalition a annoncé une dépénalisation voire une légalisation du cannabis récréatif au Luxembourg dans le mandat (Photo d'illustration : AP).

La volonté de légaliser la consommation de cannabis récréatif par le gouvernement commence à inquiéter du côté de la Lorraine. Policiers et gendarmes français redoutent les effets que la légalisation du cannabis au Grand-Duché pourrait avoir en Lorraine.

En Lorraine, un adolescent de 17 ans sur trois a déjà testé la prise de cannabis. C’est un petit peu en dessous de la moyenne nationale française, selon l’étude Escapad qui mesure, région par région, les usages du tabac, de l’alcool et de la drogue chez les jeunes. La proximité avec les Pays-Bas facilite l’accès au produit dans une région frontalière où les trafics de résine et d’herbe se renouvellent après chaque démantèlement de réseau par la police, la gendarmerie et le groupement d’intervention régional (GIR). «Il faut avoir en tête que le cannabis, en plus d’être générationnel, est une addiction qu’on retrouve dans tous les milieux. Dans notre public, 100 % consomment du cannabis en plus d’autres drogues», analyse François Claval, qui dirige le Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) les Wads, à Metz.
Le centre participe aux grandes enquêtes nationales (Trend) qui décrivent, documentent et mettent à jour les pratiques addictives en France. Il n’est pas très inquiet de l’évolution du Grand-Duché vers une dépénalisation/libéralisation de l’usage chez les adultes, dont les modalités et l’ampleur restent à définir. «Bien sûr, il faudra un peu de temps pour comprendre tous les effets d’une pareille décision. Mais je n’attends pas d’impact massif. Le marché est déjà proche, le produit est déjà largement diffusé», observe François Claval.

Rapprochement marché-clients

Pour policiers et gendarmes, chargés de lutter contre les trafics, les sentiments sont plus mitigés. Abdel Nahass est responsable du syndicat Unité-SGP-FO en Meurthe-et-Moselle, alors que se profile l’application, en France, d’une amende forfaitaire de 300 euros pour usage de stupéfiants : «Ce qui se passe au Luxembourg, c’est juste inquiétant. Pour moi, on rapproche tout simplement la marchandise du client français. Après le gazole, l’alcool et le tabac, on reviendra du Lux avec son chichon !», regrette le policier. Il estime également que cette dépénalisation/libéralisation va bouleverser le marché de la drogue dans l’est de la France, dont «l’axe Nancy-Metz est la colonne vertébrale et la plaque tournante».
En Lorraine, depuis de nombreuses années, certains plaident pour une libéralisation totale des drogues, à l’instar de Claude Jacob, ancien psychiatre et cocréateur du centre de soins en addictologie de Jury, près de Metz. «L’alcool est bien en vente libre. Cela permettrait de court-circuiter les trafics et d’éviter les conduites à risque. L’interdiction du cannabis, c’est une connerie, ça empoisonne la jeunesse. Il suffirait que ce soit accessible et plus personne ne s’y intéresserait», expliquait-il en 2016.

Alain Morvan (Le Républicain Lorrain)

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