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« Oppent Haus – Open Home » : une initiative pour rapprocher résidents et réfugiés


L'hébergement de réfugiés dans des familles "va améliorer grandement l'intégration, mais aussi la compréhension de la population résidente", affirme Marianne Donven. (Photo : Isabella Finzi)

L’initiative citoyenne «Oppent Haus – Open Home» de Marianne Donven cherche à rapprocher familles résidentes et réfugiés qui veulent sortir des foyers.

Responsable pour la Croix-Rouge du service Hariko depuis 2016, Marianne Donven a lancé cette initiative citoyenne et nous explique pourquoi les réfugiés seraient beaucoup mieux, sur le long terme, au sein de familles plutôt qu’en foyer.

Comment en êtes-vous venue à lancer cette initiative ?

Marianne Donven : Il y a un an et demi, j’ai commencé par héberger un jeune réfugié afghan, un mineur non accompagné, puis deux autres Afghans supplémentaires l’année dernière au mois d’octobre. Je m’occupe du suivi des demandeurs de protection internationale (DPI) par le sport et la culture notamment, beaucoup viennent en journée à la structure Hariko à Bonnevoie. Ils veulent se rendre utile et surtout s’occuper. Les journées sont longues pour eux car, au Luxembourg, ils ne peuvent pas travailler en attendant d’être fixés sur leur statut.

Le foyer ça va bien pour quelques mois, mais les procédures sont longues, de 18 mois à deux ans parfois. Surtout que l’attente est imprévisible et sans aucune transparence, ils ne savent pas du tout où en est leur dossier et combien de temps il leur faudra attendre. En foyer ils sont à six par chambre, à long terme ce n’est pas vivable. Partager sa chambre avec cinq autres personnes qu’on ne connaît pas, certains se lèvent tôt le matin, d’autres sont bruyants tard le soir, ce n’est pas une vie.

De plus en plus de personnes sont à bout de force. En octobre dernier, c’était justement le cas de Farid. Ce réfugié que l’on connaissait bien car il venait nous voir tous les jours a fini par me dire qu’il n’en pouvait plus de la promiscuité, de ne pas bien dormir la nuit. J’ai lancé un appel sur Facebook et une de mes connaissances, Pascal, a accepté de prendre Farid chez lui. Les amis de Farid ont eu très vite vent de la nouvelle, cela a créé de la demande. C’est à partir de là que je me suis dit qu’il fallait lancer un projet pour mettre en relation des familles qui veulent aider, et les DPI qui veulent quitter les foyers.

Comment avez-vous procédé? Et comment les autorités ont-elles réagi ?

Nous avons organisé une première réunion d’information en octobre après avoir créé une page sur Facebook… Et quelle surprise, 25 familles sont venues! L’écho était très positif. Ce qui était d’autant plus étonnant c’est que ces familles venaient de partout, jusqu’au fin fond du pays, ce qui a montré que dans le pays les gens sont prêts à aider.

Du côté de l’administration, l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (OLAI) n’était au début pas ravi je dois dire, comme s’ils voulaient garder le contrôle des réfugiés, même s’ils se trouvaient débordés. Pas mal de gens nous ont dit les avoir contactés, parce qu’ils voulaient aider, mais qu’ils n’ont reçu aucune réponse, ou on leur a répondu que ce n’était pas une bonne idée. Quand il s’agit de DPI, les autorités ont peur que les familles s’attachent à des personnes qui n’auront peut-être pas de statut et qui vont devoir quitter le pays. Nous disons simplement aux DPI qu’ils ont le droit d’habiter où ils veulent, qu’ils en notifient l’OLAI, mais c’est tout. Notre démarche n’a rien de nouveau, des familles hébergeaient déjà des gens pendant la guerre des Balkans. Aujourd’hui les choses se passent bien, et la ministre de la Famille, Corinne Cahen, nous soutient publiquement.

En décembre, nous avons organisé une deuxième réunion qui a moins marché puisque seulement cinq familles se sont présentées. Le problème, c’est qu’entre-temps le mot était passé parmi les DPI que des familles étaient volontaires pour héberger des réfugiés. Donc nous avions cinq familles pour une centaine de DPI! Nous faisons désormais le tour des communes pour sensibiliser au niveau local. Certaines sont demandeuses et jouent le jeu, d’autres attendent qu’on montre patte blanche à travers la commission de l’intégration, comme à Mersch. Nous avons également une réunion le 12 mai prochain à Esch.

Combien de DPI sont placés dans des familles aujourd’hui? Comment est-ce que vous les choisissez ?

Nous en avons placé 35 grâce à notre plateforme, mais l’OLAI recense 70 DPI qui résident en famille, il y a donc d’autres initiatives et c’est tant mieux! Nous avons par exemple une dame de 75 ans qui héberge un Afghan chez elle et elle n’y voit que des avantages. Sa présence la rend plus dynamique, elle a quelqu’un pour l’aider, une présence qui fait qu’elle se sent plus en sécurité et elle ne s’angoisse plus de laisser sa maison, elle qui s’est déjà fait cambrioler. Nous sommes en pourparlers pour raconter son histoire dans une publication pour seniors, car je suis sûre qu’il y a là un grand potentiel pour les personnes âgées isolées de retrouver de la chaleur humaine en aidant ces jeunes.

Entretien réalisé par Audrey Somnard

Retrouvez l’intégralité de l’interview du lundi dans la version papier du Quotidien

Pour suivre l’actualité de cette initiative citoyenne, rendez-vous sur sa page Facebook

Voici les prochaines séances d’information :

– Mercredi 12 avril, à 19 h 30, au centre culturel Al Schmelz à Steinfort.

– Jeudi 20 avril, à 19 h 30, au Prabbeli à Wiltz.

– Jeudi 18 mai, à 19 h 30, à An der Millen, salle Op der Scheier‚ à Beckerich.

L’initiative est également en pourparlers avec les communes de Strassen, Mersch, Esch, Dudelange et Differdange. Aide humanitaire. En 2005, elle devient coordinatrice en charge de l’aide humanitaire au sein de la direction de la Coopération au développement du ministre des Affaires étrangères. Marianne Donven a notamment travaillé sur les conséquences du tsunami qui a frappé les côtes d’Asie du Sud-Est en décembre 2004.

Un commentaire

  1. Ghebremichael Tsegay Enbakom

    Haw can i get this chance.

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