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[Tour de France] «Vincenzo manque à la course»


Le directeur sportif de l'équipe Bahrain-Merida livre son regard sur le Tour en exclusivité pour Le Quotidien (Photo : DR).

Que devient l’équipe Bahrain-Merida alors que son leader, Vincenzo Nibali, a quitté le Tour jeudi sur l’Alpe d’Huez après une chute terrible? Nous sommes allés le demander au Belge Rik Verbrugghe, directeur sportif de la formation.

Que devient une équipe comme la vôtre lorsqu’on perd un leader de la trempe de Vincenzo Nibali?
Rik Verbrugghe : Cela change beaucoup de choses dans la tactique de l’équipe. D’autant plus que la nôtre était axée sur le classement général. Ce n’est pas que nous avions fait le choix de prendre le départ du Tour avec uniquement des attaquants. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain. Il nous reste notre sprinteur, Sonny Colbrelli. C’est prévu que nous allions faciliter sa tâche pour les étapes devant arriver au sprint, sans pour autant lui fournir un train. Car l’équipe était construite autour de Vincenzo (Nibali). Nous avons pas mal de grimpeurs. Maintenant, c’est à nous d’être offensifs dans la montagne avec nos grimpeurs. Mais ce ne sont pas des gagneurs comme Nibali.
Cela été compliqué de remotiver les troupes?
Non, car Vincenzo a été très grand dans son discours. Avant de quitter le Tour, il a réuni l’équipe. Il a tenu le discours suivant : « Allez les gars, c’est dommage que je parte, c’est ainsi, c’est désormais à vous de montrer que nous avions une belle équipe dans ce Tour de France, cela me fera vraiment plaisir et m’apportera le plus grand réconfort. » Dans le bus, le lendemain, on a répété son discours.
C’est rare de voir ça, non?
Oui, le plus souvent, on n’a pas le choix, on va directement à l’hôtel et on ne revoit plus ses copains. Vincenzo a eu cette chance-là.

Il avait la forme juste sur ce Tour pour déstabiliser la Sky

À votre avis, est-ce qu’il aurait été en mesure de venir troubler le jeu des Sky?
Ce sera toujours difficile à dire. Mais je pense qu’il aurait été l’un des seuls coureurs à mettre l’équipe Sky en difficulté. Nous ne disons pas qu’il aurait remporté le Tour de France, mais au moins il aurait tenté quelque chose. Il avait la forme juste sur ce Tour pour déstabiliser la Sky.
Il en disait quoi avant de chuter?
Il disait qu’ils étaient forts et qu’ils seraient durs à prendre car lorsqu’ils ont encore six coureurs dans le peloton maillot jaune en montagne, il ne reste plus beaucoup de coureurs dans ce peloton. C’est difficile de faire quelque chose contre et comme ils ont deux leaders avec (Geraint) Thomas et (Chris) Froome, ils ont deux coureurs qui peuvent faire un classement général même si tout le monde sait, ou tout le monde pense que Thomas peut se prendre un jour dix minutes ou aura un jours sans…
C’est votre avis?
Il présente en tout cas moins de garanties que Froome.
Certains disent que les adversaires de la Sky doivent construire des coalitions, s’allier. Vous pensez que cela est possible?
C’est possible, mais ce n’est pas évident, car souvent l’intérêt des équipes est aussi de placer leurs coureurs sur le podium ou dans le top 5.
Pour vous, le Tour est joué avant d’entrer dans les Pyrénées?
La tendance est bien dessinée, mais les Pyrénées ne seront pas forcément ce qu’on a vu dans les Alpes.

Il faudra se méfier jusqu’au bout d’un coureur comme Quintana

On annonçait avant ce départ Nibali, Bardet, Dumoulin et les coureurs de la Movistar comme rivaux de l’équipe britannique. Or les Movistar ont semblé se dissoudre dans les Alpes…
Je pense qu’il faudra se méfier jusqu’au bout d’un coureur comme Nairo Quintana capable de réaliser de grands écarts en peu de temps. Et je pense que les Pyrénées lui conviendront mieux.
Côté luxembourgeois, Bob Jungels est actuellement douzième. Qu’en pensez-vous?
Figurez-vous que je suis ses résultats depuis ses débuts, car c’est un coureur que je trouve très intéressant. Je pense qu’il a réalisé jusqu’ici un bon Tour. Il a encore le temps de progresser, car il est jeune, et d’ailleurs, il progresse chaque année. Il se trouve dans une équipe, Quick-Step, qui vise prioritairement des étapes, cela se comprend. Mais je suis sûr que si Bob Jungels avait une équipe autour de lui, avec des coureurs pour le protéger, alors, je le verrais bien remporter le Tour de France. C’est mon avis.
Il a remporté Liège-Bastogne-Liège. Ce n’est pas sur les classiques qu’il peut le mieux s’exprimer?
Certes il a de grandes qualités sur toutes les classiques, mais il a aussi de grandes qualités de rouleur et comme il s’est mis à grimper, non, je le vois mieux sur les grands tours. Je pense qu’il a fait le bon choix.
Pour terminer, quel regard portez-vous sur les Belges dans ce Tour de France?
On a été gâté avec Greg (NDLR : Van Avermaet, qui est aussi son beau-frère, puisque la sœur de Rik Verbrugghe est mariée au coureur flamand). Huit jours en jaune, ce n’est pas rien. Il lui manque un succès. Sinon, c’est vrai qu’on n’a pas vu grand-chose, mais Tiejs Benoot a chuté d’entrée et a abandonné. Globalement, je pense qu’on ne peut pas vraiment se plaindre.

Entretien avec notre envoyé spécial à Carcassonne, Denis Bastien

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