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Trafic de marijuana et de cocaïne : l’ouverture du procès de dix prévenus


Le procès devant le tribunal correctionnel s'est ouvert mardi matin. Pas moins de douze audiences sont prévues. (Photo : Fabienne Armborst)

Trafic de 160kg de marijuana et de plusieurs dizaines de kg de cocaïne, usage de faux, escroquerie, blanchiment… C’est toute une ribambelle d’infractions que le parquet reproche à Boban B. entre 2012 et 2015. Neuf autres personnes, âgées entre 24 et 50ans, l’accompagnent sur le banc des prévenus. Parmi eux se trouve aussi sa petite amie de l’époque.

C’est un gros procès qui s’est ouvert mardi matin devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement. Pas moins de douze audiences sont prévues. Sur les dix prévenus, trois sont actuellement incarcérés. L’un d’entre eux a été spécialement extradé des Pays-Bas pour ce procès. Plusieurs avocats ont déjà annoncé plaider l’incompétence territoriale du tribunal. Bref, les débats s’annoncent longs. La première audience aura tout juste permis aux sept premiers prévenus de prendre position. Le principal prévenu aura mis pas loin d’une heure pour répondre à tous les reproches.

Boban B. (32 ans), actuellement détenu à Schrassig, est poursuivi pour avoir importé et vendu près de 160 kg de marijuana des Pays-Bas et plusieurs dizaines de kilos de cocaïne et d’amphétamines (speed) de Belgique, entre l’été 2012 et octobre 2014. Ce trafic aurait notamment eu lieu autour du lycée et de la Waldschoul à Dudelange. Le parquet reproche par ailleurs au trentenaire d’avoir cultivé près 10 000 plants de cannabis à l’étranger. « Je n’ai rien à voir avec ces plantes », se défend-il. Il concède toutefois avoir été en contact régulier avec des gens aux Pays-Bas. « L’idée était de regarder où se trouvaient les plants et de les voler .» Il explique qu’ils avaient fixé à la voiture d’un de leurs contacts un émetteur de localisation. Mais ce projet n’aurait jamais abouti, car la plantation aurait pris feu avant qu’ils n’arrivent.

Plus d’un million d’euros pour Boban B.?

Selon les calculs de la police, le produit des infractions aurait rapporté 1,36 million d’euros à Boban B. Outre le volet stupéfiants, le parquet lui reproche toute une série de faux, usages de faux commis par le biais de sa société. « C’est complètement faux. Je ne vois pas pourquoi je devrais falsifier des signatures sur des contrats de vente de voitures. » Le tribunal lui souffle une raison : « Par exemple, pour justifier l’origine de l’argent provenant du trafic de drogue que vous portiez à la banque… » Du dossier, il ressort en effet que pendant la période incriminée, il a versé plusieurs dizaines de milliers d’euros sur ses comptes en banque. Le trentenaire campera sur sa position : « J’ai acheté et vendu les voitures dans les règles. Je n’ai pas non plus trafiqué des compteurs .»

Au domicile de sa petite amie, la police avait saisi une trentaine de sacs à main de marques de luxe. Interrogée mardi par le tribunal, la jeune femme de 24 ans a nié avoir été au courant du trafic de drogue. Certes, elle aurait autorisé son compagnon à se servir de son nom dans le cadre de ses affaires de voitures. « À l’époque, j’étais sa petite amie. Je ne me doutais de rien. Il m’avait dit qu’il n’avait pas le droit d’avoir plus de cinq voitures immatriculées à son nom », relate-t-elle.

«L’argent venait des voitures, me disait-il»

« Vous meniez un certain train de vie », insiste le président. « Je ne me suis pas posé de questions. Mon compagnon me disait que l’argent venait des voitures. » Sur question du tribunal, elle a déclaré ne plus avoir de contact avec Boban B. aujourd’hui.

Le troisième prévenu entendu mardi matin affirme s’être rendu une douzaine de fois en voiture à la frontière belgo-néerlandaise pour récupérer de la drogue dans un sac de sport. Mais il conteste les quantités libellées par le parquet : « Jamais je n’ai transporté 21 kg de marijuana. Au maximum c’était 5 kg à la fois .» Il prétend, par ailleurs, ne jamais avoir été rémunéré pour le transport de cette marchandise, à l’exception du carburant. Le tribunal a du mal à le croire : « Personne ne se rend douze fois aux Pays-Bas pour ramener plusieurs kilos de marijuana s’il ne touche rien. » « À l’époque, j’étais bête, je n’avais pas de travail et rien à faire », se justifie le jeune homme.

Tous les prévenus entendus mardi ont soit nié, soit tenté de minimiser leur rôle. Un autre a ainsi expliqué avoir bien reçu un jour 3 kg de marijuana et 70 g de cocaïne de la part de Boban B. À l’époque, ce dernier lui aurait acheté une voiture. Mais il lui manquait de l’argent. Pour régler les 8 000 euros restants, il lui aurait donc filé de la drogue. Six mois plus tard, il se serait adressé à un ami en France qui aurait essayé de la revendre. « Cela ne s’est pas fait. L’herbe était déjà moisie et de mauvaise qualité» , explique-t-il.

Le procès se poursuit ce mercredi après-midi. Avant l’audition des premiers témoins, la parole sera aux trois derniers prévenus.

Fabienne Armborst

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