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Vincent Thill, un vrai coup de Pau ?


Avec les minutes passées sur le pré, tout revient. La confiance, le rythme, l'inspiration. Mais pas encore le temps de jeu en sélection. (Photo Julien Garroy)

Le statut de titulaire de Vincent Thill est un peu moins évident en sélection, depuis quelques semaines. Sa nouvelle vie à Pau peut-elle le ramener sur le devant de la scène d’ici la fin de l’année ?

Vincent Thill leur fait bonne impression. Depuis son prêt par Metz, l’attaquant a séduit beaucoup de gens dans les Pyrénées-Atlantiques. Dans le club ou son environnement proche, on l’estime à des petits détails sans importance, mais qui ne trompent apparemment pas sur les raisons de cet exil d’un an : même s’il continue de décliner les interviews, il dit bonjour visiblement «sans avoir la grosse tête», précise Hugues Chaigneau, journaliste à La République des Pyrénées.

Il sort aussi a priori très peu et dans cette vie casanière, on ne lui connaît que quelques affinités avec un autre joueur en prêt, Lenny Vallier, de Reims. Et puis il y a eu ce jour qui a visiblement marqué les médias du coin, où, alors qu’il est ménagé, il passe son temps à aller chercher les ballons de ses coéquipiers qui expédient leurs tirs au-dessus du grillage du terrain d’entraînement. Cela, visiblement, vous pose un homme bien.

En football toutefois, on ne saurait exister par sa seule capacité à se faire aimer. Or désormais, à Pau, Vincent Thill joue et beaucoup. Pas au niveau qu’il aimerait fréquenter, pas à celui dont on ne doute pas que son talent le portera un jour. Son coach, l’Italien Raffaele Novelli, assume toutefois parfaitement le particularisme de la situation de son poulain : «Il est estampillé joueur de Ligue 1 et se retrouve en National. C’est qu’il a encore des choses à prouver, on va le remettre dans la réalité.»

«Il faisait huit touches de balle»

La réalité, parlons-en. L’historiette romantique qui disait, au moment du transfert, que Vincent Thill avait été repéré par les dirigeants du club pallois lors de sa performance contre l’équipe de France à Toulouse (0-0), il y a un an, est déjà loin derrière nous. C’est plus pragmatique. Il fallait au FC Metz un club dont le projet de jeu était tourné vers l’attaque et en lequel il ait confiance. Lucas Toussaint revenait justement d’un prêt qui s’était bien passé là-bas. Il y avait donc une évidence. Jusqu’à présent, il n’y a globalement pas matière à se plaindre.

Vincent, qui ne rentrait pas dans les plans immédiats de Frédéric Antonetti, aurait pu se retrouver au niveau régional en restant chez les Grenats ? Il retrouve surtout du temps de jeu à un niveau qui a l’avantage de se rapprocher un peu plus de ses aspirations qu’il ne l’en éloigne. Et surtout, il y est efficace : déjà trois buts au compteur, c’est-à-dire le deuxième meilleur total de l’équipe, à 18 ans.

Son cas inspire Novelli. Il le voit mordicus excentré, exige de lui qu’il vienne aider son binôme à défendre (ce à quoi le petit Thill n’a jamais renâclé, pas même en sélection) et surtout, lui a demandé de simplifier son jeu : «J’en ai parlé avec lui : il faisait huit touches de balle sur chaque action. J’ai dû lui faire comprendre que cela pouvait mettre l’équipe en danger.»

Des séances trop longues ?

À côté de cela, il a pris un peu de poids. Enfin. Car c’est le fil directeur de ses «échecs» : sa taille, son poids, la justification suprême de ses staffs successifs pour l’empêcher de se mêler à la concurrence, en équipe première, à Metz. En consentant au National, un championnat physique et rugueux comme peut l’être la Ligue 2, il n’a pas choisi la facilité et forcément, le boulot qu’il abat en salle est au cœur de toutes les attentions.

En la matière, le club grenat, qui a mis en place un programme spécifique pour lui ces deux dernières saisons, n’a pas forcément de droit de regard sur ce qui se passe à Pau. Heureusement parce qu’a priori, malgré la réputation qui entoure le staff italien ramené dans ses valises par Novelli, Thill est plutôt, pour l’heure, abandonné à lui-même dans ce domaine. Luc Holtz regarde la situation avec un peu d’inquiétude : «Pour le développement athlétique, il faut tout faire dans le détail. Mais ce que je trouve encore plus préjudiciable, c’est qu’apparemment, on parle de séances de deux heures, parfois, à Pau. Mon avis, il est clair et net : c’est trop long. C’est impossible d’avoir de l’intensité, de la concentration sur deux heures. Immanquablement, la qualité baisse. Or le plus important, c’est la précision.»

Pourtant, l’entrée de Vincent Thill à la mi-temps du match aller contre Saint-Marin, laisse apparaître que tout va mieux. «C’est normal : il joue», constate Holtz. Avec les minutes passées sur le pré, tout revient. La confiance, le rythme, l’inspiration. Pas encore le temps de jeu en sélection. En ce moment, c’est un peu son frère, Olivier, qui l’en prive. Ou encore l’exceptionnel début d’automne de Danel Sinani. Mais avec ce coup de Pau…

Julien Mollereau

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