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Yannis Bastian : « Ce tour du monde m’a changé »


En deux ans et demi, Yannis Bastian a parcouru quelque 32 187 kilomètres avec son vélo. (Photo : DR)

Parti le 1er septembre 2014, Yannis Bastian vient de rentrer au pays après un tour du monde à vélo de deux ans et demi. Il raconte.

Cinq continents, 37 pays et 32 187 kilomètres parcourus à vélo. En deux ans et demi, Yannis Bastian a vécu des bons et des mauvais moments sur sa bicyclette. Récit.

L’émotion était forte samedi dernier à Echternach. «Quand je suis arrivé sur la place du Marché et que j’ai revu tous ces gens que je n’avais pas vus depuis deux ans et demi, j’ai tout simplement craqué et je me suis mis à pleurer. C’était fort.» À ce moment-là, Yannis Bastian met un point final à son tour du monde à vélo de deux ans et demi (951 jours pour être précis) pendant lequel il a sillonné cinq continents (l’Europe, l’Asie, l’Océanie, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud), 37 pays et parcouru 32 187 kilomètres. Un dernier chiffre, symbolique : «32, c’est mon âge et le 18/7, c’est ma date de naissance.»

Tout a commencé le 1er septembre 2014. Ou peut-être avant. «J’ai toujours aimé voyager, rencontrer des gens, découvrir d’autres cultures…, avance le jeune homme originaire de Berbourg. J’ai toujours voulu faire un tour du monde, mais pas vite.» Et il le concrétisera après avoir décroché son master «Outdoor Education» à Marbourg (Allemagne). Et pour «ne pas aller vite», il choisit le vélo alors que «je ne suis pas un cycliste et que je n’ai jamais vraiment aimé le vélo. J’ai essayé de m’entraîner avant mon départ, mais cela n’allait pas.»

Peu importe. Yannis Bastian part le 1er septembre 2014 sur son vélo avec, dans ses bagages, quelques affaires, une tente et un peu d’argent mis de côté au cours des années précédentes. Direction la Turquie en passant par l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie, la Hongrie, la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie. «J’ai rejoint Istanbul en deux mois, indique le cycliste luxembourgeois. J’ai notamment longé tranquillement le Danube. C’était très sympa et tout s’est très bien passé.» La suite? Elle n’était pas planifiée. «Au départ, je voulais aller en Iran, mais j’ai rencontré un Iranien à Istanbul qui m’a dit de ne pas y aller seul et en hiver. Alors j’ai demandé à mes amis.»

«Qu’est-ce que je fais là?»

Finalement, Yannis Bastian prendra la direction de l’Inde. «J’y suis resté pendant un mois. C’était vraiment très compliqué. Il y a beaucoup de voitures là-bas. La nourriture n’était pas terrible. Et dès que je m’arrêtais, il y avait un attroupement d’une quinzaine ou d’une vingtaine de personnes autour de moi. À un moment, je me suis demandé ce que je faisais là.»

«La Nouvelle-Zélande, c’est le paradis»

Mais Yannis Bastian tient le coup. Il prend la direction du Vietnam. «Il pleuvait tout le temps, mais cela fait partie du jeu. C’était parfait. Les gens étaient souriants, accueillants et chaleureux. J’ai passé de vrais bons moments là-bas.» Idem au Laos, au Cambodge, en Malaisie ou encore à Singapour. «Physiquement, l’Asie a été éprouvante, notamment dans les montagnes du Cambodge où il y a des moments pendant lesquels je poussais plus le vélo que je ne pédalais.»

Il s’envole ensuite pour l’Australie et plus précisément Darwin. Il décide de se rendre à Townsville. Au total, il parcourt 4 000 kilomètres sur les routes australiennes «avec du vent» et des paysages plutôt monotones : «Je faisais 12 heures de vélo tous les jours dans ce décor. C’était un peu ennuyeux.»

L’étape suivante : la Nouvelle-Zélande. «Le plus beau pays de mon voyage, clame Yannis Bastian. Un vrai paradis pour les cyclistes. C’est vraiment un très beau pays. Les gens sont très ouverts et t’invitent à rester chez eux.» Il y restera quatre mois en compagnie d’une amie allemande, Sarah, rencontrée quelques mois plus tôt en Thaïlande. Il y croise aussi «un Chinois qui fait le tour du monde à vélo depuis 18 ans et a déjà parcouru plus de 400 000 kilomètres». Mais au bout d’un moment, le Luxembourgeois a «envie de voir autre chose». Il rallie le Canada. «Mon plan était de découvrir les parcs naturels. Mais quand je suis arrivé à Vancouver, en mars 2016, on m’a dit de ne pas aller dans le Nord ni dans l’Est à cause de la neige. Et il faisait froid. Et c’est à ce moment-là que mon grand frère m’annonce qu’il va se marier (NDLR : le mariage sera célébré la semaine prochaine), alors je décide d’écourter mon étape au Canada pour continuer mon périple afin de rentrer pour le mariage de mon frère.»

Il prend alors la direction de la côte Ouest des États-Unis : État de Washington, Portland, Los Angeles, San Francisco, San Diego. Il se dépêche pour rejoindre son père à Mexico. Père et fils feront trois jours de vélo ensemble. Les autres membres de la famille sont également venus à la rencontre de Yannis à certaines étapes de son parcours. Son grand frère et sa fiancée en Nouvelle-Zélande, sa mère et sa sœur en Colombie, son petit frère et son amie en Argentine. «Cela faisait du bien de voir la famille», dit simplement Yannis Bastian.

Yannis Bastian au milieu des arbres millénaires d'Eureka, en Californie (États-Unis).

Yannis Bastian au milieu des arbres millénaires d’Eureka, en Californie (États-Unis).

Ushuaïa juste avant de rentrer au Grand-Duché

En Amérique du Sud, il y a eu «des moments tendus avec certaines personnes, mais sans gravité». Il n’en dira pas plus, hormis : «Avec les gens, c’était un peu compliqué parce que je ne parle pas espagnol. Mais tout s’est bien passé finalement.» À un moment donné, Yannis a aussi dû prendre un bus en urgence pour rejoindre Bogota afin d’être soigné pour une infection dentaire. Mais il franchit les pays (et les montagnes) un à un, le long de la côte Pacifique de l’Amérique du Sud, pour atteindre Ushuaïa. La dernière étape de son tour du monde a été Amsterdam -Luxembourg.

Quelques jours après son retour au Grand-Duché, Yannis Bastian, attablé à la terrasse d’un café de la place du Marché d’Echternach, en convient sans ambiguïté : «Ce périple m’a changé. Il a changé ma vision du monde et mes perspectives par rapport à nos petits problèmes du quotidien.» Mais son envie de voyager est toujours là.

Guillaume Chassaing

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