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Attentat de Manchester : la sécurité de la salle de concert pointée du doigt


De nombreux témoignages de gens présents au concert ont font état de contrôles peu scrupuleux à l'intérieur comme à l'extérieur de la salle. (photo AFP)

L’attentat-suicide de Manchester, qui a fait au moins 22 morts, a suscité des critiques quant aux mesures de sécurité appliquées mais les experts pointent la « vulnérabilité » des lieux de rassemblement publics face à une attaque « méticuleusement préparée ».

Cet attentat-suicide, survenu à la fin du concert d’Ariana Grande, et perpétré par un assaillant qui a fait exploser un « engin explosif improvisé » selon la police, intervient dans un contexte d’un niveau d’alerte quasi-maximal et alors que les mesures de sécurité dans les salles de concert du Royaume-Uni ont été renforcées depuis l’attaque du Bataclan à Paris en novembre 2015.

Mardi, il était encore difficile d’établir dans quelle mesure l’auteur avait été contrôlé pour entrer dans le « foyer » de la Manchester Arena où la police a confirmé que l’attaque avait eu lieu. Donnant accès aux différentes entrées de la salle de concert, cette zone accueille buvettes et boutiques pour acheter le merchandising lié au concert et « relie la salle de concert à la gare Victoria », notent les experts de l’institut Jane’s, spécialisé dans les questions de sécurité. L’attentat, revendiqué par le groupe État islamique, « illustre la vulnérabilité de ce genre de rassemblements de masse -dans ce cas précis plus de 21 000 personnes assistaient au concert- malgré les mesures de sécurité mises en place dans les salles de concert elles-mêmes », souligne Otso Iho, expert du centre sur le terrorisme et l’insurrection de Jane’s (JTIC).

Selon le site internet de l’Arena Manchester, l’explosion a eu lieu « hors de la salle, dans un lieu public » alors que les spectateurs quittaient les lieux. Un témoin de l’attaque, Sebastian Diaz, a toutefois dénoncé les conditions de sécurité mises en place pour accéder au concert : « La sécurité n’était pas vraiment au niveau, en comparaison d’autres concerts. Nous n’avons pas été fouillé du tout. On nous a juste scanné les billets et c’est tout. D’autres amis avec qui nous avons discuté avaient des sacs qui n’ont pas été contrôlés », a-t-il rapporté.

Attaque « méticuleusement planifiée »

« Il n’y avait aucune sécurité à l’extérieur, là où l’explosion a eu lieu », a ajouté un autre spectateur, Chris Pawley, sur la chaîne américaine Fox News. Plusieurs témoins cités par le quotidien The Independent regrettaient également qu’aucun contrôle n’aient eu lieu ou qu’une simple fouille rapide des sacs ait été effectuée sans usage de détecteurs de métaux. Cependant, pour James, un autre spectateur du concert, « la sécurité était très, très bonne », a-t-il assuré sur la chaîne Sky News. Tout en décrivant « le chaos » après l’explosion, le jeune homme a affirmé que « les sacs avaient été contrôlés ».

Pour Kit Nicholl, analyste sur les questions de sécurité de l’institut Jane’s, « plusieurs indicateurs suggèrent que l’attaque a été méticuleusement planifiée et a probablement impliqué plus d’une personne ». « L’emplacement de l’auteur de l’attentat-suicide au moment de la détonation, qui a fait un nombre maximum de morts dans un lieu clos tout en permettant d’éviter les contrôles de sécurité, suggère que l’opération a nécessité une planification considérable » et notamment « une reconnaissance des lieux », selon lui. « L’usage d’un engin explosif improvisé montre aussi un niveau de sophistication supérieur aux récentes attaques perpétrées contre le Royaume-Uni », ajoute-t-il, soulignant que des mesures avaient été mises en place depuis les attentats de Londres en 2005 pour empêcher l’achat des composants pouvant être utilisés pour fabriquer des explosifs.

Un avis partagé par David Videcette, un ancien enquêteur de la police de Londres. Il note « le niveau de compétence qu’il faut avoir pour fabriquer complètement un engin explosif improvisé qui fonctionne en passant au travers des mesures de sécurité mises en place depuis 2005 ». « Tous ces éléments suggèrent que l’auteur n’a pas agi seul », conclut Kit Nicholl alors que, pour l’heure, la police ne s’avançait pas sur cette hypothèse bien qu’elle ait arrêté un homme de 23 ans suspecté de liens avec l’assaillant.

Le Quotidien/AFP

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