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Le Brexit provoque une crise au Labour et attise l’indépendantisme en Ecosse


Le chef du Labour Jeremy Corbyn a dû limoger Hilary Benn, un de ses opposants au sein du parti, avant qu'un autre cadre travailliste, Heidi Alexander, n'annonce sa démission du cabinet fantôme. (photo AFP)

Deux jours après le Brexit, le regain d’appétit de l’Ecosse pour l’indépendance et l’ambiance de guerre civile qui règne à Westminster illustraient dimanche le malaise qui règne au Royaume-Uni avant une semaine où il devra rendre des comptes à Bruxelles.

« Le Royaume-Uni pour lequel l’Ecosse a voté pour rester en 2014 n’existe plus », a déclaré la Premier ministre de l’Ecosse, Nicola Sturgeon dimanche sur la BBC. Si les Ecossais ont voté en 2014 pour rester dans le Royaume-Uni, « le contexte et les circonstances ont complétement changé », a-t-elle souligné, parce que les Ecossais ont voté en majorité pour rester dans l’UE.

Selon un sondage de l’institut Panelbase pour le Sunday Times effectué vendredi et samedi, 52% des Ecossais (contre 48%) veulent désormais que l’Ecosse se sépare du Royaume-Uni. À en croire un autre sondage ScotPulse-The Sunday Post, ils seraient même 59% à vouloir tenter l’aventure en solo.

Dans le même temps, une pétition réclamant l’organisation d’un deuxième référendum sur l’UE dépassait les 3 millions de signataires. Si la menace d’une dislocation du Royaume-Uni ne suffisait pas, le pays doit aussi composer avec les guerres intestines qui secouent les deux principaux partis politiques du pays.

Accusé de ne pas avoir montré assez d’ardeur pour défendre le maintien dans l’UE, le chef du Labour (opposition) Jeremy Corbyn a dû limoger Hilary Benn, un de ses opposants au sein du parti, avant qu’un autre cadre travailliste, Heidi Alexander, n’annonce sa démission du cabinet fantôme. « Je pense que nous avons besoin de changer de leader si nous voulons pouvoir gouverner la prochaine fois », écrit-elle dans une lettre publiée sur Twitter.

Malgré la contestation, Jeremy Corbyn ne partira pas, a toutefois assuré un de ses lieutenants, John McDonnell, dimanche à la veille d’une réunion du parti lors de laquelle devrait être étudiée une motion de défiance contre le chef du Labour.

« Préserver l’unité de l’union »

La tempête touche également depuis vendredi le parti conservateur, où la guerre de succession a démarré depuis l’annonce de la démission du Premier ministre conservateur David Cameron.

Selon le journal The Observer, l’ex-maire de Londres et chef de file des pro-Brexit Boris Johnson se prépare à lancer l’offensive sur le parti mais les partisans du Remain (rester) seraient bien décidés à l’arrêter.

Le Sunday Telegraph souligne que les proches de David Cameron l’accusent d’avoir mené une campagne « mensongère » en minimisant les conséquences économiques d’une sortie de l’UE, qui continuaient à se faire sentir dimanche, les Bourses du Golfe ayant ouvert en forte baisse.

En plus de ses affaires internes, le Royaume-Uni doit gérer les demandes pressantes des dirigeants et responsables de l’Union européenne d’accélérer le divorce. Le sujet devrait être longuement évoqué lundi lors d’une réunion à Berlin entre la chancelière Angela Merkel, le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi.

Dimanche, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a exhorté David Cameron à entamer la procédure de sortie de l’UE dès mardi à Bruxelles, où démarre un sommet des chefs d’Etat et de gouvernements européen de deux jours.

Selon un entretien publié dans le journal Bild, Martin Schulz estime qu’une période de flou « conduirait à davantage d’insécurité ».

Les quatre plus grandes formations du Parlement européen ont également rédigé une résolution invitant David Cameron à engager le Brexit dès mardi, rapporte le journal allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.

Il est impératif, écrivent les parlementaires, « d’éviter une incertitude préjudiciable à tous et de préserver l’unité de l’Union ».

« Réinventer l’Europe »

Vendredi, après le choc des résultats du référendum, M. Cameron avait annoncé son départ d’ici le mois d’octobre, laissant à son successeur le soin de négocier le Brexit avec les autres pays membres.

Comme le stipule l’article 50 du traité de Lisbonne qui n’a jamais été utilisé jusqu’ici, pour engager son retrait, le Royaume-Uni doit notifier au Conseil européen composé des chefs d’Etat et de gouvernement, son intention de quitter l’Union.

Parallèlement au sommet européen, le Parlement européen se réunira mardi en session extraordinaire.

Les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs qui se sont réunis samedi à Berlin, ont pressé le gouvernement britannique de démarrer le processus de sortie « dès que possible ».

C’est dans ce contexte tendu que le secrétaire d’Etat américain John Kerry rencontrera lundi à Londres plusieurs responsables du gouvernement de David Cameron.

Et dans une tribune publiée dimanche par sept journaux européens, une trentaine de personnalités de la culture, de la société civile et de la politique appellent à « réinventer l’Europe ». Les Européens doivent « relever des défis collectifs considérables », écrivent les signataires, parmi lesquels l’ancien commissaire européen et ministre français Michel Barnier, l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer et l’écrivain italien Roberto Saviano.

Le Quotidien / AFP

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