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Architecture : le vaisseau de verre de la BEI


Le bâtiment de la Banque européenne d'investissement est l'un des plus remarquables (et remarqués) du Kirchberg. (photos Philippe Neu / RL)

En 2008, la Banque européenne d’investissement a inauguré l’aile est de son siège. Dessinée par Christoph Ingenhoven, elle s’accorde avec deux valeurs mises en avant par l’institution : la transparence et l’écologie.

Quoi de mieux que l’architecture pour donner une certaine image de soi? Certaines entreprises construisent de hautes tours pour montrer qu’elles ont atteint des sommets. D’autres bâtissent des forteresses pour signifier leur puissance. Il y a aussi celles qui cherchent à démontrer leur sens de la créativité et de l’innovation, en s’installant dans des bâtiments aux formes peu conventionnelles. Alors, lorsqu’elle a décidé de construire une extension à son siège du Kirchberg, au début des années 2000, la Banque européenne d’investissement (BEI) a couché deux mots sur le papier : transparence et écologie. Pour la banque, ce sont des objectifs, mais surtout des valeurs.

Transparence, parce que la BEI n’est pas une banque commerciale, mais une institution appartenant aux 28 États membres de l’Union européenne. Son objectif est de financer les projets d’intérêt public au sein de l’Union européenne. Elle n’aurait donc rien à cacher.

Banque Européenne d'Investissement

La verrière qui enveloppe le bâtiment s’étend sur 11 000 mètres carrés. En tout, l’aile Est de la BEI fait 72 500 mètres carrés de surface au sol.

Écologie, parce que la BEI a fait du soutien aux projets durables et écoresponsables sa priorité absolue.

Ces deux mots figuraient donc dans le cahier des charges du concours international d’architectes lancé en 2002. Le jury chargé de sélectionner le projet lauréat était présidé par Ricardo Bofill, le célèbre architecte espagnol, qui a réalisé les Portes de l’Europe, à l’entrée du Kirchberg. Le choix du jury s’est porté sur un architecte allemand qui, très tôt, a compris l’intérêt de construire des bâtiments verts, Christoph Ingenhoven.

L’architecte est parti d’un constat simple, mais génial : un bâtiment consomme beaucoup d’énergie lorsque l’écart entre la température extérieure et la température souhaitée à l’intérieur est trop important. Sa solution : créer un sas. Un sas de verre, plus précisément, qui lui permettait de s’accorder à l’image de transparence exigée par la BEI.

Sur cette vue aérienne, on devine bien la forme en double Wdu bâtiment intérieur, enveloppé par la verrière.

Sur cette vue aérienne, on devine bien la forme en double Wdu bâtiment intérieur, enveloppé par la verrière.

Deux bâtiments en un

Christoph Ingenhoven a donc imaginé deux bâtiments, l’un dans l’autre. L’enveloppe extérieure est une grande verrière autoportée. Le bâtiment intérieur est un double W : sept ailes disposées en zigzag. Entre les ailes, trois jardins d’hiver, arborés côté nord, et trois atriums, côté sud, servent d’amortisseurs thermiques. « Même quand il fait très chaud, la température reste relativement tempérée dans ces espaces , explique la porte-parole de la BEI. Du coup, nous n’avons plus besoin de refroidir autant le bâtiment intérieur. » Et c’est l’inverse en hiver.

La grande verrière est sublime.

La grande verrière est sublime.

L’architecte a aussi imaginé des systèmes très sophistiqués de circulation de l’air et de réchauffement ou refroidissement de la structure en béton. Tout est automatisé : l’ouverture des vitres, l’abaissement des stores, la ventilation… Les économies d’énergie se font aussi au niveau de l’éclairage : avec cette verrière, le bâtiment est tellement lumineux que l’éclairage des bureaux a été limité. Peu de temps après son ouverture, le bâtiment a logiquement été le premier à obtenir une certification écologique au Luxembourg.

Et l’esthétique dans tout ça? C’est là que le crayon de Christoph Ingenhoven a fait mouche. Sa verrière a marqué le paysage du Kirchberg. Identifiable à des kilomètres à la ronde, elle renvoie une image de modernité. À l’intérieur, elle inspire la sérénité. L’architecte a choisi de marier le verre avec deux autres matériaux nobles : le bois et l’acier. Le béton est quasiment invisible. De partout, on devine la profondeur et la hauteur du bâtiment. L’architecte a aussi joué sur les formes. L’arrondi de la verrière se marie parfaitement avec les angles prononcés du bâtiment intérieur. Une réussite, tout simplement.

C’est surtout un bâtiment dans lequel il ne doit pas être désagréable de travailler. Sur chacun des dix niveaux, au bout de chaque aile, on trouve de petits balcons accolés à la verrière, avec une vue plongeante sur la Val des Bons-Malades… 1 000 chanceux issus de 28 nationalités travaillent dans cet environnement exceptionnel.

Anthony Villeneuve (Le Républicain lorrain)

Qui est Christophe Ingenhoven ?

L’architecte de cette extension de la BEI est allemand. Depuis plusieurs années, il s’est spécialisé dans la construction de bâtiments innovants sur le plan énergétique. À ce titre, Google l’avait sollicité pour construire son nouveau siège de Mountain View, en Californie, avant de redéfinir son projet. Mais Christoph Ingenhoven a mené à bien de nombreux projets de grande envergure, comme le siège de la Lufthansa à Francfort, la Breezé Tower d’Osaka ou, plus récemment, l’incroyable tour 1 Bligh Street de Sydney.

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