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[Cinéma] Les étoiles ternes du festival de Deauville


Les stars - ici Antonio Banderas - s'empressent beaucoup moins aujourd'hui à venir fouler les planches de Deauville. (photo AFP)

La 43e édition du Festival du cinéma américain de Deauville, qui a consacré « The Rider » de Chloé Zhao, restera certainement celle qui aura sonné le début de la fin de ce Festival qui fut autrefois si prestigieux.

A une certaine époque, la question se posait : allez à Deauville ou à Venise qui se déroule à la même période ? C’est que Deauville se chargeait de promouvoir les grosses productions américaines qui allaient débarquer en Europe courant de l’automne. Dès lors, les grands noms du cinéma hollywoodien (Julia Roberts pour Pretty Woman, Steven Spielberg et Tom Hanks pour Il faut sauver le Soldat Ryan, Meryl Streep pour Le diable s’habille en Prada etc.) venaient fouler les célèbres Planches deauvillaises.

Les sponsors envahissaient les alentours du CID (Centre international de Deauville) pour créer le village, les chasseurs d’autographes faisaient le pied de grue aux abords du tapis rouge et des deux célèbres palaces, les salles étaient combles à chaque séance, les films valaient le détour et l’ambiance était une véritable ambiance de fête avec des soirées un peu partout.

Aujourd’hui, les grosses pointures ont disparu ou viennent parce qu’ils sont en perte de vitesse, les sponsors sont tous partis, laissant vide la place du CID, les chasseurs d’autographes ne sont plus aussi nombreux, se plaignant à la fois du manque de stars mais aussi de la sécurité qui fait parfois de l’excès de zèle, empêchant tout contact avec les invités : « Vous comprenez monsieur, nous prenons congé pour venir passer la semaine ici, nous avons des frais d’hôtel, de déplacement et quand ce ne sont pas les stars qui ne jouent pas le jeu, c’est la sécurité qui nous bloquent », nous confie un chasseur d’autographes belge.

Franco-français-parisien

Les salles ne sont jamais totalement remplies, les films présentés proviennent souvent des fonds de tiroir des distributeurs, certaines presses doivent s’acquitter de 30 euros si elles souhaitent être accréditées et faire son travail mais doivent aller mendier chaque jour au service presse pour obtenir une invitation afin d’assister aux soirées d’hommage. Invitations qui, bien trop souvent, leur sont refusées. La ville de Deauville, une fois 22 heures, devient ville morte, ne donnant plus la possibilité aux festivaliers qui sortent de projection de se restaurer, donnant l’impression que même les restaurateurs ont baissé les bras.

Quant à la presse internationale, elle n’est pas toujours la bienvenue. « Il n’est pas possible de faire des interviews même en table ronde si l’on fait partie de la presse internationale », confiait un confrère de la BBC, habitué du Festival. Deauville devient dès lors un festival franco-français-parisien à la programmation 100% américaine jugée par un jury français soigné aux petits oignons, n’hésitant pas à souvent faire l’impasse sur la projection du matin. Ce festival pourrait d’ailleurs être rebaptisé, comme le signalait non sans humour une collègue, « Festival parisien du film américain de Deauville ».

Les projections de la compétition ont perdu de leur qualité et la plupart du temps, présentées en l’absence de l’équipe du film. Il n’est pas non plus compliqué de deviner, depuis quelques années, le Palmarès car seuls un ou deux films sortent largement du lot. Bien souvent, ils proviennent de Cannes ou de Sundance.

Les étoiles lumineuses de la bannière étoilées se sont ternies au fil des années. Quel gâchis !

De notre correspondant à Deauville, Thibaut Demeyer

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