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[Cinéma] Tim Burton, maître du conte cruel


Chez Miss Peregrine, chaque résident a un pouvoir particulier. (Photo : Dr)

Le réalisateur américain est de retour avec Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children. Un film capiteux, poussiéreux, gothique… Du grand Burton!

Tim Burton, c’est un monde furieusement personnel, merveilleusement unique et la liste des films qui le prouve est longue, très longue, de Beetlejuice à Big Eyes en passant par Batman, Ed Wood ou encore Charlie and the Chocolate Factory… «On n’oublie jamais ce sentiment qu’on a éprouvé quand on était enfant : être différent. Ça reste avec vous à jamais. J’étais considéré comme étant « particulier » parce que j’adorais les films de monstres», a expliqué Tim Burton lorsque, récemment, il a été interrogé sur son nouveau film, et son attirance pour Miss Peregrine et les enfants particuliers, ce livre paru en 2011 et best-seller outre-Atlantique pendant de nombreuses semaines.

Un livre dans lequel le jeune Jacob Portman s’aperçoit qu’il existe un monde secret qui échappe aux regards. Un monde secret où a été construite, entre autres, la maison de Miss Peregrine, un refuge pour les enfants possédant des pouvoirs spéciaux. La légende (véridique) raconte que l’auteur du livre, l’Américain Ransom Riggs, est collectionneur de vieilles photos bizarres. Il a envoyé plusieurs clichés à sa maison d’édition et suggéré un livre de photographies. L’éditeur lui envoie une réponse favorable… mais pour un ouvrage qui intègrerait les clichés à une histoire originale.

Voilà comment est né Miss Peregrine et les enfants particuliers, Ransom Riggs s’obligeant à utiliser les photos pour faire vivre ses personnages. Peu après, un studio de production ciné a acquis les droits d’adaptation du premier des trois volumes de la trilogie et s’est tourné immédiatement vers Tim Burton. Lequel n’a pas hésité un instant… Après un détour dans le biopic avec Big Eyes, le réalisateur signe donc son grand retour avec ce conte fantaisiste. Évidemment, des mesquins et des jaloux, il s’en trouvera encore pour assurer que Burton n’a pas vraiment forcé, qu’il a joué petit bras et assuré le minimum de ce qu’on attend de lui. Peut-être, peut-être pas… N’empêche! Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children brille par sa touche esthétique et thématique. Et on retrouve avec un plaisir sans fin son art de l’architecture narrative, sa maîtrise de l’étrange : Burton sait à la perfection jongler avec le récit à plusieurs niveaux – ce peut être tour à tour capiteux, poussiéreux, gothique, voire tout cela en même temps!

Des parias exclus de l’humanité

Regardant Miss Peregrine…, on pense inévitablement à Edward Scissorhands et aux marginaux qui habitent et hantent le cinéma «burtonien». Dans ce nouveau film, Tim Burton fait le focus sur des individus tenus pour des parias et qui sont obligés de vivre exclus de l’humanité. Ils sont «réfugiés» dans des sphères temporelles passées – les fameuses «loops» qui font revivre quasi indéfiniment une page agréable ou non de la vie jusqu’à l’instant où la tragédie qui se trame est évitée de justesse.

On s’en doute (mais qu’importe!), le drame n’est jamais bien loin. Il est là, caché, tapi, enclin à bousculer l’équilibre d’un monde parallèle. Il est prêt à faire exploser cette «bande» de jeunes freaks qui pourrait rappeler les X-Men, même si, haut et fort, Tim Burton assure que les «enfants particuliers» n’ont rien en commun avec les héros de Marvel…

Burton offre d’ailleurs, pour la deuxième fois, un beau et grand rôle, celui de Miss Peregrine, à la comédienne française (trop rare) Eva Green. À 36 ans, elle s’impose comme la nouvelle muse du réalisateur – et commente l’art et la manière «burtoniens» : «Dans ce nouveau film, j’interprète la directrice d’un orphelinat, une Mary Poppins déjantée qui se transforme en faucon et manipule le temps. C’est un Tim Burton, donc un film sur la différence. J’ai trouvé flatteur que Tim me rappelle après mon rôle de sorcière dans Dark Shadows. C’est un réalisateur facile et sans ego, il communique avec vous grâce à des dessins, collabore sans réclamer l’obéissance, agite, comme un chef d’orchestre, ses grandes mains sur le plateau!» Oui, une fois encore, Tim Burton rappelle qu’il est le grand maître du conte cruel!

Serge Bressan

Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, de Tim Burton

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