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En plein Brexit, l’inauguration du premier théâtre élisabéthain en France


Le théâtre surprend l'odorat quand on y entre. On y ressent une puissante odeur de bois: l'épicéa, le mélèze et le chêne ont été les principaux matériaux de construction. (photo AFP)

Rond, tout en bois, encerclé par une haute cage de bambou: ce curieux bâtiment n’est autre que le tout premier théâtre élisabéthain construit en France, forme chère à William Shakespeare (1564-1616), inauguré à côté du château de la cité balnéaire d’Hardelot (Pas-de-Calais), en plein week-end du « Brexit ».

« On savait qu’il y avait le referendum mais on n’imaginait pas qu’il y aurait le poids de l’émotion et la colère lors de cette inauguration », explique l’architecte anglais Andrew Todd, très affecté par la victoire du camp du « Leave », lui qui est installé de longue date à Paris et n’a pas pu voter.

« On a plus que jamais besoin de bâtiments comme cela aujourd’hui, car c’est une forme spécifique de théâtre qui permet de communiquer et exprimer la démocratie même », ajoute-t-il, alors que l’on célèbre cette année le 400e anniversaire de la mort du célèbre dramaturge anglais.

Au coeur d’une réserve naturelle d’une trentaine d’hectares, à deux kilomètres de la mer, le théâtre surprend l’odorat quand on y entre. On y ressent une puissante odeur de bois: l’épicéa, le mélèze et le chêne ont été les principaux matériaux de construction.

photo AFP

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A l’intérieur, l’effet est saisissant: les 388 places sont toutes situées à moins de dix mètres de la scène. Une verrière, en haut de l’édifice, permet de bénéficier de la lumière naturelle, qui peut aussi être occultée.

Le théâtre, d’un diamètre intérieur de 13 m et dont la maquette avait été présentée à la reine Elisabeth II en juin 2014, reprend plusieurs caractéristiques du théâtre élisabéthain, avec sa forme circulaire, un mur scénique mobile (pas ou peu de décor) ou encore la scène qui surplombe le parterre.

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17e théâtre élisabéthain construit

En effet, sous le règne d’Elisabeth Ier (1558-1603), les troupes de comédiens, jusque-là habituées à jouer de ville en ville, se sédentarisent. Le premier théâtre est ainsi érigé à Shoreditch, en 1576, avant que plusieurs autres, dont « The Globe » cher à Shakespeare, suivent ce modèle.

Mais, à la différence du Globe, « ce nouveau théâtre élisabéthain s’inscrit dans une modernité: il a une toiture, ce qui permet de faire une programmation à l’année, et il dispose de sièges au parterre pour le confort des spectateurs », explique la directrice Valérie Painthiaux, précisant qu’il s’agit du 17e théâtre élisabéthain construit dans le monde, le premier à avoir une fosse d’orchestre.

L'intérieur du Château d'Hardelot. (photo AFP)

L’intérieur du Château d’Hardelot. (photo AFP)

Aussi la programmation ne sera pas exclusivement tournée vers le théâtre, puisque des concerts de musique classique ou contemporains, des opéras baroques ou des performances pourront être proposés au public, notamment dans le cadre du « Midsummer Festival ».

L’emplacement de ce nouveau théâtre ne doit rien au hasard. En 2009, le département du Pas-de-Calais y a inauguré à proximité le « centre culturel de l’Entente cordiale », en référence à l’alliance entre la France et la Grande-Bretagne en 1904, à côté du château d’Hardelot, extravagante batisse d’inspiration néo-gothique aux faux-airs de Windsor. Tout près de là, la station du Touquet, très prisée de la bonne société britannique.

Le jardin du Chateau d'Hardelot. (photo AFP)

Le jardin du Chateau d’Hardelot. (photo AFP)

En rupture avec ce savoir-vivre, des tags, effacés depuis, ont abîmé il y a quelques jours les murs du château et le théâtre, d’un coût de six millions d’euros financé entièrement par le département. « Ce vandalisme cherche à saboter l’ambition du conseil départemental du Pas-de-Calais de se doter d’un établissement à dimension européenne, qui fait le lien entre patrimoine et théâtre populaire d’aujourd’hui », avait déclaré la ministre de la Culture Audrey Azoulay dans un communiqué lundi.

« Notre souhait est de faire un lieu de culture accessible au plus grand nombre et qui valorise la question des relations franco-britanniques, à travers notre histoire, notre identité, et notre futur… quelque soient les aléas du moment », conclut Mme Painthiaux, en référence au « Brexit ».

Le Quotidien / AFP

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