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[Exposition] Polke, haut en couleur


La Fondation Pinault, pour ses dix ans à Venise, célèbre le peintre pop art allemand.

Au Palazzo Grassi (Venise), la Fondation Pinault a choisi de célébrer l’une des stars de la biennale, Sigmar Polke, ancien Lion d’or, à la fois subversif, profond et mordant, pour le dixième anniversaire de sa présence dans la cité des Doges.

Sur le Grand Canal, 95 œuvres, dont 16 de la collection Pinault, de ce peintre allemand mort en 2010 sont exposées dans le Palazzo Grassi, que l’homme d’affaires français et propriétaire d’une des plus grandes collections d’art contemporain du monde, François Pinault, a acquis en avril 2006. Polke (1941-2010) avait reçu le Lion d’or à la biennale en 1986 pour son œuvre monumentale, intitulée Athanor.

«Cet héritier du romantisme allemand a joué sur l’alchimie des formes avec onirisme tout en regardant en face la réalité allemande», explique Guy Tosatto, un des commissaires de l’exposition qui se déroule jusqu’en novembre. En haut de l’escalier, Polizeischwein donne le ton. Aux côtés d’un policier allemand au visage couvert d’un masque blanc, un porc porte son képi. La rétrospective proposée à Venise montre le talent de Polke à décomposer et transformer l’image photographique, à trouver des effets de matière et des couleurs nouvelles ou à retrouver la force de couleurs anciennes comme le lapis-lazuli.

LSD et messages politiques

Dans la bohème d’après 68, le peintre s’essaie à différentes drogues, comme le LSD, et sait aussi manier la subtilité et l’humour, y compris vis-à-vis de lui-même, dans des toiles plus apaisées. L’exposition livre de saisissants portraits, des rêves d’enfant sur une lanterne magique ou dans des figures de cirque, des messages politiques sur le Mur de Berlin ou les réfugiés, à partir de photos d’actualité retravaillées.

Polke, fils de «Vertriebene» (déplacés allemands en 1945), est sensible à la tragédie d’être du mauvais côté de l’histoire. La Fondation Pinault propose une autre exposition à la Punta della Dogana, un vaste bâtiment dépouillé à côté de l’église de la Salute : 80 œuvres de 29 artistes contemporains minimalistes y sont présentées sous le thème volontairement neutre de l’«Accrochage».

Le contraste est saisissant entre ces œuvres qui interrogent sur le vide et la matière brute, et les couleurs chatoyantes ocre et verte de la lagune et des palais, qui réchauffent l’espace à travers les baies vitrées de ce bâtiment qui s’avance comme une proue sur la mer. «Avec la couleur blanche, la transparence domine dans cette exposition, on peut percevoir comment le peu d’expression peut donner beaucoup de sens», explique la commissaire de l’exposition, Caroline Bourgeois.

Pour arrêter son choix, elle a retenu quelques «règles du jeu» : il faut que les œuvres «s’inspirent d’un geste minimal, donnent le sens du vide et questionnent l’histoire de l’art». Quelque chose, ajoute-t-elle, qui se présente pour le visiteur «comme une page à écrire». De toiles de matelas à des verres d’eau, d’une chambre blanche sans ombre à des toiles aux infinies variations de blanc, d’un lustre en verre de Murano à une vidéo montrant une petite Japonaise portant un masque immaculé : ces peintures et installations laissent parfois le visiteur mal à l’aise ou indifférent, alors que d’autres sont au contraire lumineuses et paisibles.

Cette exposition est la cinquième de la collection Pinault à la Punta della Dogana, un centre d’expositions ouvert en 2009. En dix ans, la présence de la collection Pinault à Venise est une «success story» : ainsi, 2,5 millions de visiteurs ont pu découvrir une partie de ces richesses inépuisables. La Fondation a organisé 19 expositions à Venise et présenté des œuvres de 324 artistes.

Troisième lieu de la fondation, son «Teatrino», un auditorium de 220 places dans le Palazzo Grassi, est devenu un lieu de rendez-vous culturel qui fait souvent salle comble : plus de 330 évènements y ont eu lieu depuis son ouverture en 2013. Des films de Sigmar Polke y sont ainsi présentés en marge de la rétrospective sur le peintre allemand.

Le Quotidien/AFP

www.palazzograssi.it

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