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Flamenco all stars à la Kulturfabrik


Patricia Guerrero, l'enfant prodige découvert il y a dix ans au FlamencoFestival Esch, revient avec Catedral, meilleur spectacle de la Biennale de Séville. (photo DR)

Pour sa douzième édition, le FlamencoFestival Esch (du 4 au 20 mai) fait fort, avec une programmation de très haut niveau. Olé !

Avec ses douze ans d’âge, le FlamencoFestival risquait la comparaison avec tout bon whisky trouvant sa justesse, son équilibre et sa saveur dans le temps. Évidence sur laquelle s’est jeté Serge Basso, patron de la Kulturfabrik, rapidement relayé par le Circulo Machado, deux instigateurs d’un rendez-vous qui a pris racine depuis 2003, bien loin du soleil sévillan. C’est un fait, et aujourd’hui, chacun s’accorde à le dire : la manifestation a tout d’une grande, ne serait-ce qu’au regard de l’attachement des artistes pour cette réjouissance colorée annuelle.

« Tant mieux, parce que sinon, on ne pourrait pas payer certains d’entre eux ! », soutient Jesús Iglesias, l’un des organisateurs, sourire aux lèvres. Un peu comme dans une grande famille aux ramifications lointaines, tout ce beau monde se soutient, œuvrant pour la même philosophie : célébrer le flamenco. Les uns en lui faisant quitter le confort de son nid espagnol, les autres en lui offrant une autre terre à annexer, un autre public à conquérir.

Et ça, il sait très bien le faire, ne laissant personne indifférent. Ses magnifiques représentants, qu’ils soient derrière la guitare, à la voix ou encore sur la piste, ne font jamais semblant. Leur souffrance est palpable, invitant l’auditoire à partager cet art à fleur de peau dans des «olé» exutoires, donnant à ces élans corporels frénétiques les airs d’une arène chaotique.

Celle-ci sera cette année, de surcroît, investie par les meilleurs ambassadeurs de la discipline, à l’instar notamment de Patricia Guerrero, symbole justement de ce dévouement et de cette fidélité au festival eschois. On l’a vue, il y a une décennie, alors qu’elle avait seulement 17 ans. Un enfant prodige devenu aujourd’hui star, forte d’une solide notoriété et à la tête d’un spectacle (Catedral) qui s’est imposé comme le meilleur lors de la dernière Biennale du flamenco de Séville – « C’est un peu comme remporter les championnats du monde », lâche Jesús Iglesias.

Pari similaire sur le jeune danseur Alberto Sellés (Las Campanas del Olvido), dont la réputation dépasse déjà les frontières. Une étoile en devenir. « Quand tout le monde le connaîtra en 2026, on sera fier de l’avoir découvert », poursuit-il. Dans le même ordre d’idées, Paco del Pozo (Una copla por recuerdo) et le duo Rocío Márquez et Jeromo Segura (Cerca de la orilla), tous les trois chanteurs, démontrent que le flamenco sait pousser un peu plus loin sa «terra incognita», pour finalement mieux s’enraciner dans son passé avec la prêtresse Carmen Ledesma (Con Sentio), « légende » de la danse gitane. Point commun de cette belle brochette d’artistes : eux, comme certains de leurs musiciens (à l’instar du guitariste Rafael Rodríguez) ont tous été distingués dans les plus grands concours espagnols, à savoir ceux de Cordoue, Séville, et Las Minas. Ce qui fait dire à l’organisation que cette nouvelle mouture est d’une « qualité » jusqu’alors inégalée.

Jeunesse, maturité et futurs cracks

Mais si ces cinq soirées d’exception donnent tout son crédit au FlamencoFestival Esch, ce dernier ne serait pas ce qu’il est devenu sans toute une programmation annexe. D’abord, on trouve les traditionnels ateliers – guitare, chant, danse, castagnettes et, c’est une première, autour de la photographie (par Paulo Lobo) – animés par les virtuoses eux-mêmes.

Ensuite, l’habituelle exposition est consacrée à l’œuvre de Paco Lobato, saisissant sur le vif ces danseurs habités et ces musiciens tourmentés. Dans le lot, bien sûr, on retrouve la journée dédiée aux écoles du Luxembourg et de la Grande Région – confortant cette idée d’ancrage territorial et souffle léger bienvenue en milieu de festival – mais aussi cette initiative pédagogique, lancée l’année dernière, et tournée vers le lycée Mathias-Adam de Pétange.

Enfin, histoire d’amplifier cette fièvre flamenca au pays, la Cinémathèque y va de ses envies, avec deux documentaires (Sacromonte, los sabios de la tribu et El cante bueno duele) et deux films autour de la mythique Carmen, dont l’un, signé du grand Lubitsch (1918), mis en musique par Gabriel Thibaudeau au piano et Isabelle Sajot au violoncelle.

Bref, avec de nombreuses activités périphériques et une affiche étincelante, mêlant jeunesse, maturité et futurs cracks, le FlamencoFestival Esch poursuit sa marche en avant, entamée il y a plus de dix ans, ce qui lui vaut le soutien de l’Instituto Andaluz del Flamenco et du Festival del Cante de las Minas. Ce dernier, qui attribue chaque année un prix à un pays œuvrant pour la promotion du flamenco, songerait, selon les derniers bruits de couloir, à l’attribuer au Luxembourg en 2017. Symbolique, sûrement, mais ô combien logique au vu de son évolution.

Grégory Cimatti

Renseignements et réservations sur kulturfabrik.lu

prog

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