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« Le Chant des hommes », une coproduction grand-ducale parmi les migrants


Maryam Zaree et Assaâd Bouab sont les acteurs principaux de ce film choral qu'est Le Chant des hommes.

Parmi les sorties de la semaine, Le Chant des hommes, coproduction grand-ducale de Bénédicte Liénard et Mary Jiménez sur un groupe de migrants faisant une grève de la faim pour obtenir des papiers.

Bénédicte Liénard et Mary Jiménez sont deux «réalisatrices du réel», aiment-elle rappeler. Des cinéastes qui glanent leurs histoires dans la réalité de notre monde, de nos vies. Avec Le Chant des hommes, projet né bien avant la récente crise migratoire, elles offrent un regard sans angélisme mais humaniste sur ces gens qui, avant d’être des migrants, des demandeurs d’asile ou des sans-papiers, sont avant tout des humains dans la détresse.

« De nos jours, on a l’impression que tout le monde veut faire et peut faire du cinéma », lance Donato Rotunno, responsable de Tarantula Luxembourg et producteur de ce Chant des hommes, « mais il faut de bonnes raisons pour faire des films, pour les réaliser, pour les produire. » L’histoire de ce groupe de Syriens, Irakiens, Iraniens, Congolais, Marocains, Nigériens, Est-Européens et Sud-Américains qui décident, avec l’accord du prêtre, d’occuper une église et d’entamer une grève de la faim pour se faire régulariser en est clairement une! Surtout avec la crise migratoire et les crispations identitaires et nationales que connaît le continent européen en ce moment.

Bénédicte Liénard et Mary Jiménez plongent donc le spectateur à l’intérieur de la petite église –  les spectateurs grand-ducaux reconnaîtront d’ailleurs aisément l’église Saint-Michel de la capitale  – pour ne presque pas en sortir. Un choix radical, « quitte à faire quelque chose d’un peu étouffant », avoue Mary Jiménez, qui permet de vivre cette « guerre de tranchées avec un ennemi invisible » au plus près des sans-papiers.

Un film politique de belle facture

Le but ici n’est pas de suivre la manière dont les médias parlent de l’événement, dont les autorités le gèrent ou les riverains s’en plaignent, mais vraiment d’intégrer ce mouvement d’une quarantaine de personnes d’origines et traditions très différentes et de voir comment se passe une occupation. La cohabitation, le manque d’intimité, d’hygiène, la gestion des personnalités, des différends, de la faim, sans oublier la « question prioritaire, dans ces mouvements de résistance, la gestion de l’argent!», lancent les réalisatrices. Il y a l’amitié, les moments de découragement, le racisme, les petites et grandes trahisons. Bref, une plongée sans angélisme mais bienveillante sur cette communauté humaine née par nécessité, vivant dans la précarité la plus totale.

Tourné avec peu de comédiens professionnels, aucune star, beaucoup d’acteurs amateurs dans des conditions difficiles, ce Chant des hommes , tout en étant un «film du réel», proche d’un certain aspect du documentaire, demeure malgré tout une fiction de qualité, avec des points de vue affirmés, assumés, des moments de tension et d’autres de relâchement, des personnages attachants, une image de belle facture, etc.

Un film clairement politique qui rappelle aussi que ces gens « ont traversé des continents sans se plaindre… ce sont des exemples pour vous, pour moi, pour tout le monde », comme le lance le prêtre dans le film. « Personne ici n’a choisi de quitter sa mère, ses enfants, son mari » de bon cœur, rappellera une des grévistes de la faim. Bref, un film dur, mais nécessaire! Urgent!

Pablo Chimienti

Le Chant des hommes, de Bénédicte Liénard et Mary Jiménez. En salles.

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