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Le Chant du monde de Giono devient une BD


Antonio, dit «Bouche d'or», est un homme du fleuve. Mais lorsque Matelot, le vieux bûcheron, vient lui demander de l'aide pour retrouver son fils disparu, il n'hésite pas à emprunter avec lui un chemin plus périlleux qu'il n'y paraît. (Gallimard)

Auteur complet, spécialiste de l’aquarelle, adaptateur talentueux de romans classiques, Jacques Ferrandez est de retour en librairie avec Le Chant du monde, adaptation du roman éponyme de Jean Giono publié en 1934. Un récit tout en symbolisme et en métaphores avec une nature omniprésente, des saisons représentant le temps qui passe et des personnages qui se fondent dans le milieu naturel tout en s’opposant à leurs semblables humains.

Jacques Ferrandez! Son nom suffit pour réveiller l’intérêt du bédéphile averti, amateur de grands récits et de grands espaces. On lui doit la magnifique série Carnets d’Orient ainsi que les adaptations de L’Hôte, de L’Étranger et du Premier Homme d’Albert Camus, et celle d’Alger la noire de Maurice Attia.

Voilà que le natif d’Alger propose à ses lecteurs sa vision du Chant du monde de Jean Giono. Une adaptation au plus près du roman original. «Mon travail d’adaptation est toujours au service d’une œuvre, comme je l’ai fait précédemment avec Camus», explique l’auteur qui, d’après ses propres termes, «privilégie l’image, sans surcharge de mots». Des mots pour lesquels, là aussi, il reste au plus près du travail de Giono, dont il «reprend la langue magnifique».

Des personnages face à l’immensité de la nature

L’histoire se déroule en Provence, mais dès la première page du récit on se croirait quelque part dans les Rocheuses. Les pics sont hauts et escarpés, les plaines parcourues par de longues rivières, le tout entouré par une végétation luxuriante. Même les personnages, avec leurs redingotes, leurs grands chapeaux et leurs fusils, rappellent étrangement les cow-boys.

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Un jeune homme roux, le Besson, et une jeune femme brune, Gina, fuient ce qui s’apparente à une bande. Ils s’aiment et ne demandent qu’à vivre en paix, mais Maudru, le père de Gina, seigneur local aussi puissant que craint, s’oppose à cette union. D’autant que le jeune homme n’est pas du coin.

Plus bas dans la vallée, justement, le père du Besson, Matelot, s’inquiète de ne pas voir revenir son fils. Il demande alors à Antonio, homme solitaire qui vit sur une toute petite île au milieu du fleuve, s’il l’a vu passer. Lui ou ne serait-ce que les arbres qu’il était censé rapporter. Après sa réponse négative, il lui demande s’il veut bien partir avec lui à la recherche du jeune homme. Le début d’une grande aventure.

Western, aventure, mythologie

Il y a la nature, sauvage et magnifique, les rencontres sur la route, puis, rapidement, l’affrontement avec les hommes de Maudru et le patron lui-même. Un homme dur, certes, mais finalement assez juste.

Giono et Ferrandez proposent là une galerie de personnages surprenants, des héros et des antihéros magnifiques, avec une psychologie travaillée en profondeur. Des humains finalement bien petits, cependant, face à l’immensité de la nature qui les entoure. Face aux saisons qui passent. Face au destin. Tous, d’ailleurs, verront leur vie totalement bouleversée, qui en mal, qui en bien, par ce récit.

Dans ce Chant du monde, le western se mélange à l’aventure, à la mythologie. Et Ferrandez ajoute à la poésie de Giono la beauté de ses aquarelles. Magnifique!

Pablo Chimienti

Le Chant du monde, de Jacques Ferrandez, d’après Jean Giono. Gallimard.

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