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L’intégration par la culture


Gérard et Rosaire, deux des nombreux participants du projet «Mär sinn Escher» . (Photo : dr)

Plusieurs institutions culturelles et sociales d’Esch-sur-Alzette se sont réunies pour mettre sur pied «Mär sinn Escher», un projet artistique engagé et collaboratif avec les demandeurs de protection internationale.

La Kulturfabrik, le théâtre municipal, le musée national de la Résistance, mais aussi l’hôtel de ville, Caritas, Rosa Lëtzebuerg ou encore l’ASTI ont travaillé main dans la main pour proposer «Mär sinn Escher», une initiative surprenante à la fois culturelle et solidaire, mélangeant art et actions sociales et qui met les personnes demandeuses de protection internationale tout particulièrement sur le devant de la scène.

Tout est né autour de l’atelier photographique mené par Patrick Galbats au foyer pour réfugiés de Caritas de la Grand-Rue, en plein centre d’Esch-sur-Alzette. Un projet lancé en février de cette année et pour lequel le photographe grand-ducal a rencontré de manière régulière les résidents demandeurs de protection internationale. Après quelques exercices techniques de composition ou encore de compréhension de la lumière, les douze participants sont sortis avec un appareil photo pour photographier la ville, ses gens, son ambiance. «Ce qui nous intéressait le plus, explique Patrick Galbats, c’est que dans leurs photos, ils expriment leurs souvenirs, leurs origines.»

«D’habitude, tous les regards sont tournés vers eux, reprend Fred Entringer, du pôle pédagogique de la Kulturfabrik. Là, à travers ces photos, on veut découvrir, à l’inverse, leur regard par rapport à leur pays d’accueil.» En tout, ce sont quelque 8 000 photos qui ont été prises. Les responsables en ont gardé 46 qu’ils ont regroupées dans un livre photo intitulé Birds. Pour Patrick Galbats, «ça fait penser à l’oiseau migrateur, mais aussi à l’oiseau de ville qui reste toujours là». Mais s’il a choisi ce titre c’est aussi, et peut-être surtout, parce que des oiseaux revenaient souvent dans les clichés pris par les participants. Des photos que les visiteurs pourront également découvrir du 21 octobre au 11 novembre dans la galerie du théâtre municipal, avec quelques variantes par rapport à celles gardées pour le livre.

Le théâtre de la place du Brill sera d’ailleurs le lieu principal de tout ce projet «Mär sinn Escher». C’est dans ses locaux que sera reprise la création Welcome to Paradise de Carole Lorang et Mani Muller, une pièce de théâtre documentaire dont le texte «est basé sur une cinquantaine d’entretiens de migrants réalisés entre avril et septembre 2016», rappelle la comédienne Rita Bento dos Reis. C’est là également que Hannah Ma et la compagnie The People United présenteront la pièce chorégraphique Wanderer qui «questionne l’identité à travers un rituel contemporain dont le but est de connecter les gens», explique la chorégraphe dont la compagnie comprend des danseurs luxembourgeois, allemands, français, italiens, irlandais, brésiliens, chinois et syriens.

Comme un air de 2022…

Pour le reste du programme, l’exposition «We Have Seen» et ses 42 photos grand format sur le travail de l’ASBL Catch a Smile en France, Serbie et surtout en Grèce, restera en place devant la musée national de la Résistance jusqu’à la fin de l’année. Enfin, car le cinéma ne pouvait pas être totalement absent de ce projet, le documentaire de Marcello Merletto, Wallah – Je te jure, sera projeté au Kinosch le 17 novembre, en présence du réalisateur. Le film raconte les histoires d’hommes et femmes pendant le long chemin migratoire qui les emmènera de l’Afrique occidentale en Italie en passant par le Niger et la Libye.

À travers ce projet, Esch tient ainsi à rappeler qu’elle est «une terre d’immigration et d’intégration depuis toujours», expliquent les responsables. D’autant que «la culture est une arme d’intégration massive», assure le directeur administratif de la KuFa, René Penning.

Par ailleurs, pendant près de deux mois à travers «Mär sinn Escher», les résidents de la Métropole du fer pourront avoir, là, un petit aperçu de ce que devrait bien être l’année 2022, quand leur ville devrait, a priori, porter le titre de capitale européenne de la culture.

Pablo Chimienti

Le programme

C’est un programme de sept évènements qui était annoncé dans le cadre du projet «Mär sinn Escher». Mais à la suite de l’annulation de la table ronde sur le thème «Fugitifs, demandeurs de protection internationale, réfugiés ou migrants, poursuivis dans leur pays d’origine à cause de leur homosexualité», ce sont finalement six projets qui ont été présentés hier, dont un est déjà en cours.
Au programme des rencontres, de la photo, du théâtre, de la danse et du cinéma :
Jusqu’au 31 décembre Exposition : «We Have Seen». Place de la Résistance. 11 octobre Soirée d’information : «Pourquoi les réfugiés viennent-ils au Luxembourg?» À 19 h 30 à l’hôtel de ville.
Du 21 octobre au 11 novembre Exposition «Birds». Théâtre municipal. (Vernissage le 21 octobre à 17 h.)
17 novembre Film documentaire : Wallah – Je te jure, de Marcello Merletto. À 20 h à la Kulturfabrik.
21 novembre Théâtre documentaire : Welcome to Paradise de Carole Lorang et Mani Muller. À 20 h au Théâtre municipal.
25 novembre Danse : Wandere, de The People Unites et Hannah Ma. À 20 h, au Théâtre municipal.

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