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[Litterature] Sur les territoires du couple


Les livres d'Alain de Botton, écrits en anglais, sont habituellement traduits en une vingtaine de langues. (Photo : Mathias Marx)

Philosophe du bonheur et thérapeute du quotidien, Alain de Botton publie son neuvième livre : Aussi longtemps que dure l’amour. Un roman philosophique sur le couple, des débuts à la fin.

Journaliste, philosophe et écrivain, il est né à Zurich, Suisse, et vit à Londres depuis l’âge de 8 ans; Alain de Botton est aujourd’hui considéré comme un roi de la vulgarisation haut de gamme et de la philo pour tous. Il travaille sur des sujets aussi différents que Marcel Proust ou l’architecture, a fondé des «schools of life» qu’il essaime dans les grandes villes du monde et où l’on apprend, grâce à l’interactivité, comment améliorer sa conversation ou encore comment passer à l’action… et assure : «Je suis un déprimé optimiste. La vie est faite de renoncements et se finit de façon tragique. J’essaie de donner, à travers mes écrits, quelques raisons de ne pas désespérer.»

Un idéal romantique de l’amour

Avec Aussi longtemps que dure l’amour, il s’intéresse cette fois au couple. Mais plutôt qu’un long et savant traité philosophique, il propose un roman. Avec deux personnages, un homme et une femme, qu’on va suivre du début à la fin de l’union. «Des premières étincelles amoureuses aux joies et aux peurs de l’engagement, de la naissance des enfants aux tribulations de la vie conjugale, de l’adultère à la réconciliation, voici l’histoire d’un mariage», nous promet l’éditeur d’Alain de Botton.

Lequel explique : «L’amour est un talent plutôt qu’un enthousiasme. Le monde occidental promeut depuis longtemps un idéal romantique de l’amour. Ce fantasme traverse et infuse la littérature, le cinéma. On s’intéresse aux débuts glorieux ou à la fin catastrophique d’une histoire, mais très rarement à l’entre-deux. À l’inverse de notre fantasme d’une relation où tout serait naturel, spontané, cette étape de notre vie amoureuse semble terne, pleine de compromis et d’efforts…»

Alors, on suit Rabih et Kirsten, ce couple d’Écossais qui, en 15 ans, va connaître l’amour fou, l’ordinaire. (par exemple, ce dialogue : « »Faisons l’amour ce soir, qu’en penses-tu? », dit Kirsten en se maquillant dans la salle de bains avant de descendre pour préparer le petit-déjeuner des enfants. « Ça marche », dit Rabih avec un sourire. Et d’ajouter : « Je vais le noter dans mon agenda sur-le-champ »»), plusieurs crises et l’adultère. La rupture est toute proche, c’est l’échec d’une fin programmée pour le couple, mais les deux vont tenter de le sauver et Alain de Botton, au fil d’un roman sur les territoires du couple, en profite avec un troisième personnage (on ne sait qui il est : lui, Botton? Freud? Peut-être Proust?) pour glisser quelques réflexions et commentaires personnels…

Le romantisme, par exemple, il n’y croit guère – et s’en explique : «L’idéal romantique nous a menés à la catastrophe. La littérature amoureuse, à quelques exceptions près comme Madame Bovary, qui se moque de l’illusion romantique, a ruiné notre vie sentimentale en n’accordant de l’importance qu’à la rencontre amoureuse. (…) Comme si la beauté des débuts suffisait à garantir la grandeur et la pérennité de l’amour. Cette croyance empêche d’apprendre à faire vivre, croître, s’enrichir la relation amoureuse dans le temps.»

Bien sûr, il s’en trouvera des mesquins, des jaloux ou encore des aigris pour cibler Alain de Botton, pour lui reprocher son penchant pour le bonheur à tout prix, lui le «philosophe du bonheur», le «thérapeute du quotidien». Mais, avec finesse et humour, il sait rappeler que l’amour répond, obéit à des lois et qu’en rien il n’est un enfant de bohème!

Serge Bressan

Aussi longtemps que dure l’amour, d’Alain de Botton. Flammarion.

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