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Lux Film Fest : retour à Tchernobyl avec Pol Cruchten


Pour son nouveau film documentaire, le réalisateur luxembourgeois Pol Cruchten a choisi d’adapter le plus célèbre des romans de Svetlana Alexievitch, La Supplication.

Trois ans après le magistral Never Die Young, Pol Cruchten revient avec sa nouvelle création, présentée en avant-première au Luxembourg City Film Festival. C’est une histoire moins personnelle mais tout aussi forte qu’il a choisi de mettre en scène dans Voices from Chernobyl, celle des hommes et des femmes oubliés de la catastrophe de Tchernobyl. Une plongée en enfer, bercée par le récit sublime de l’auteur Svetlana Alexievitch.

Le public luxembourgeois et international avait été subjugué, il y a trois ans, par le documentaire de Pol Cruchten, Never Die Young, un portrait d’un homme brisé à travers une mise en scène voulant dénaturer le réel pour ne laisser place qu’à l’expérience de l’histoire, racontée seulement en voix off.

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Pour son nouveau documentaire, inspiré et adapté de l’œuvre littéraire de Svetlana Alexievitch, La Supplication, c’est dans un autre enfer que celui de la drogue qu’il nous entraîne, dans le décor désolé de Tchernobyl et de ses survivants. Il a choisi d’utiliser le même processus de mise en scène et de narration que dans son film précédent, une voix off, racontant les récits sur des images très esthétiques quasiment photographiques tellement les mouvements se font rares.

Il nous impose un calme en dichotomie avec la violence des histoires, une atmosphère que l’on retrouve au cœur de l’œuvre de l’auteur dont il a tiré ce film. Si dans le premier film, ce mécanisme était parfaitement en adéquation avec sa narration, il se trouve ici un peu maladroit, parfois caduque. Si certaines séquences fonctionnent à merveille, d’autres ne sont que des illustrations à la limite du cliché. À l’instar de l’image de l’horloge quand le récit parle… d’horloge!

Sans parler de cette esthétique de la désolation très en vogue depuis le début des années 2000, mêlant bâtiments abandonnés et gros plans sur la tapisserie qui s’écaille, qui enferme tristement le spectateur dans un premier degré de narration. S’attaquer à un monument littéraire tel que La Supplication qui propose d’explorer un réel de manière métaphysique, qui donne une sublime voix aux oubliés de l’histoire n’est pas une mince affaire, quelques belles images ne suffiront jamais à le sublimer.

Le réalisateur Pol Cruchten nous offre ici, certes une belle déclaration d’amour à l’auteur et à son œuvre, mais s’écarte de lui-même.

Mylène Carrière

Voices from Chernobyl, de Pol Cruchten (Luxembourg). Documentaire. Producteur : Red Lion. Durée : 1 h 30. À voir à la Cinémathèque, ce lundi 29 février à 19 h.

www.luxfilmfest

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