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Rentrée littéraire : la sélection du Quotidien (2/2)


Le Quotidien vous propose une deuxième sélection de dix romans incontournables pour cette rentrée littéraire 2015. (photo AFP)

Une nouvelle fournée de romans, francophones et étrangers, est arrivée cette semaine. D’ici fin septembre, pas moins de 589 romans sont annoncés. Comme la semaine passée, Le Quotidien en a sélectionné dix.

Deuxième semaine de rentrée –et les livres continuent d’arriver dans les librairies… En cette fin août, c’est l’heure de la rentrée… littéraire en francophonie –une tradition que, décidément, les Anglo-Saxons, Italiens, Espagnols ou encore Américains ne comprennent toujours pas! Donc, cette année, d’ici fin septembre, on aura le choix parmi 589 nouveaux romans francophones et étrangers. Et comme tous les goûts sont dans la nature, on trouvera des romans dans tous les genres.

Alors, on a droit à une polémique (La Zone d’intérêt, du Britannique Martin Amis), de l’amour (Place Colette, de Nathalie Rheims) et même des extraterrestres (7, de Tristan Garcia)… Ce vendredi, pour cette deuxième semaine de rentrée littéraire, Le Quotidien a sélectionné dix nouveaux romans qui, à coup sûr, vont faire l’actualité. Bonne lecture !

Serge Bressan

La Septième Fonction du langage, de Laurent Binet

490_0008_14241293_0828_binetAvant même sa parution, le livre bruissait de mille rumeurs et agitait le Tout-Paris. Arrivé en librairies, il continue d’alimenter le débat. Pensez donc, voilà un romancier, Laurent Binet, qui, avec La Septième fonction du langage , prend pour décor (et cible?) l’intelligentsia parisienne avec une de ses figures éminentes, le sémiologue Roland Barthes, mort en 1980 renversé par une camionnette à la sortie de son cours au Collège de France.

Dans ce roman joyeusement mené défilent, outre Barthes, des stars de la pensée comme Michel Foucault, Julia Kristeva, Philippe Sollers, Bernard-Henri Lévy… Et avec un plaisir jamais feint, Binet réinvente la mort de Roland Barthes. Il y a du complot dans l’air, avec une découverte secrète du linguiste Jakobson! Et l’enquête, délirante, est menée par deux «branques», l’inspecteur Bayard et le professeur Herzog. Ainsi, on se retrouve à Venise dans une confrérie secrète de littérateurs et d’éminentes figures de l’intelligentsia parisienne en fâcheuse posture. Binet, c’est le grand mix de Frédéric «San Antonio» Dard et Dan «Da Vinci Code» Brown! Ça décape à tous les étages. Un régal…

Grasset.

La Cache, de Christophe Boltanski

490_0008_14241294_0828_boltanskiTrès certainement, le meilleur des premiers romans parus en cette rentrée d’août 2015. Grand reporter à L’Obs, Christophe Boltanski propose, avec La Cache , le roman vrai de sa famille. Le père sociologue, l’oncle artiste, et aussi la grand-mère. Et ce grand-père, Étienne, juif immigré qui, durant la Seconde Guerre mondiale, pour échapper au persécuteur nazi, se cachait sous le parquet de son appartement parisien. Avec tendresse et affection, Boltanski raconte le Cluedo dans lequel a évolué cette famille –  elle «ne vivait pas recluse, mais soudée», note l’auteur qui la montre comme «un corps multiple disposé en étoile et à la conductivité parfaite ». Un auteur qui avoue aussi  : «Une part de moi souhaitait une vie sans murs.» Et c’est ainsi que Christophe Boltanski est sorti de sa cache…

Stock.

490_0008_14241295_0828_daullCamille, mon envolée, de Sophie Daull

Une veille de Noël. Pendant quatre jours, Camille, 16 ans, est prise d’une fièvre sidérante. Ne résiste pas, meurt. Quelques semaines plus tard, sa mère, Sophie Daull, comédienne de profession, se met à l’écriture. Pour ne pas oublier. C’est un des livres les plus beaux de cette rentrée.

Un livre de souvenirs –  et ce leitmotiv  : ne pas oublier cette jeune fille, Camille au regard «franc, droit, lumineux». Ne pas oublier les complicités, les disputes, les fous rires. Et puis écrire sur ce vide, ce manque, cette absence, ce silence. Sur ces moments où il faut se battre pour rester debout, malgré la peine, le chagrin, le désespoir. Avec ce texte au superbe titre  : Camille, mon envolée , Sophie Daull distille aussi des séquences d’humour élégant. Un grand texte d’amour.

Philippe Rey édit.

490_0008_14241297_0828_enardBoussole, de Mathias Énard

Le roman magnétique de cette rentrée littéraire d’août 2015. Mathias Énard, on l’a apprécié pour Rue des voleurs ou encore Zone , il brille à nouveau avec Boussole . Un roman tout en portées (musicales) et en portes (d’Orient).

Un livre d’une belle (mais jamais grossière) érudition. Boussole , c’est le voyage dans la culture occidentale, mais à travers les souterrains orientaux.

Franz Ritter vit à Vienne, «porte de l’Orient»; universitaire et musicologue, malade, il songe à la femme qu’il aime  : Sarah, qui passe d’un pays et d’une culture sans cesse. Ils se sont rencontrés lors d’un congrès, ont fait étape à Damas, se sont aimés à Téhéran… Ritter voit les images défiler, les personnages, aussi.

Il conclut que si l’Europe veut s’en sortir, elle devra quitter le souterrain. En utilisant la boussole, celle qui a appartenu à Beethoven?

Actes Sud.

490_0008_14241292_0828_amisLa Zone d’intérêt, de Martin Amis

Le livre polémique de cette rentrée littéraire d’août 2015. La Zone d’intérêt , le nouveau roman du Britannique Martin Amis, arrive en Francophonie, précédé d’une odeur de soufre, de scandale. Ainsi, deux éditeurs (le Français Gallimard et l’Allemand Hanser Verlag) ont refusé la publication de la traduction de The Zone . Au prétexte d’une qualité littéraire insuffisante… Dans une récent entretien, l’auteur, pro de la provocation, a confié  : « Les gens se sentent coupables en lisant mon roman ». En résumé, La Zone d’intérêt , c’est une plongée dans un camp d’extermination (Auschwitz, même s’il n’est jamais nommé dans le livre) racontée par plusieurs narrateurs  : Paul Doll, un des officiers supérieurs du camp, Angelus Thomsen, neveu de Martin Bormann et séducteur professionnel et Szmul Zachariasz, déporté juif et membre d’un Sonderkommando. Tout au long des pages, la vie asexuelle d’Hitler et Eva Braun, les frasques de SS emplis de bière et de haine ou encore une histoire d’amour à l’ombre des crématoires. Le romancier brille par son humour grinçant et son sens de la satire. Avec la fiction, tout est permis.

Calmann Lévy.

Ce coeur changeant, d’Agnès Desarthe

490_0008_14241296_0828_desartheFemme de lettres à tout (bien) faire, Agnès Desarthe est de retour à la fiction, après un passage par l’essai et les nouvelles. Le titre de son douzième roman  : Ce cœur changeant . Un texte mené à grand train, étourdissant avec cette Rose Mathissen, fille d’un officier français et d’une aristocrate danoise. Elle est née au début du XX e  siècle, elle retrouvera le manoir familial de longues années plus tard et découvrira, alors, qui elle est vraiment. À 17 ans, elle s’est retrouvée seule à Paris, dans un environnement «à la Zola» ou «à la Dickens». Puis ce sera la modernité, l’affaire Dreyfus, la Première Guerre mondiale, les années folles, les voitures, le féminisme naissant,… Dans les bas-fonds, la vie de bohème, Rose avance. Jusqu’à en éprouver les effets du vertige. Parfaitement maîtrisé, un roman d’apprentissage exaltant.

Éditions de l’Olivier.

Péchés capitaux, de Jim Harrison

490_0008_14241299_0828_harrison1Une fois encore, la preuve qu’il est bien le Maître. À 78  ans, l’Américain Jim Harrison nous revient avec Péchés capitaux , un de ces textes qui décoiffent et décapent, et suite du Grand Maître . Ainsi, là, on retrouve l’inspecteur Sunderson, on le croyait parti pour vivre une retraite tranquille dans le cabanon acheté dans le Nord michigan pour s’y adonner à son passe-temps favori  : la pêche. Mais voilà, bien trop curieux, il est embarqué dans un tourbillon de meurtres perpétrés par la famille des Âmes qui, depuis des générations, fait régner la terreur dans la région. Dans le même temps, antihéros magnifique, Sunderson tente de faire le bilan de sa vie –  souvenirs des grandes affaires qu’il a dû résoudre, constat de l’échec de son mariage. Un échec, conséquence directe de la grosse demande de son bas-ventre. Une fois encore, Harrison s’amuse à dynamiter les règles du polar…

Flammarion.

7, de Tristan Garcia

490_0008_14241298_0828_garciaAprès le très remarqué Faber , Tristan Garcia (35  ans) est de retour avec son sixième roman, titré 7 . Sept, parce que sept histoires  : «des romans pluriels», précise l’auteur.

Pour y satisfaire les obscurs objets de son désir, il y évolue dans des registres comme la SF, le fantastique, l’éternité, l’immortalité… Dans 7, il y a des mannequins et des drogués, mais aussi des extraterrestres et quelques autres personnages un peu barrés, en quête d’un ailleurs.

Ça commence avec Hélicéenne, du nom d’une drogue qui permet de revivre sa jeunesse, ça continue avec L’Existence des extraterrestres, ça se termine avec La Septième, une boucle temporelle hypnotique avec un immortel qui ne sait quoi faire de son immortalité. Dans les sept espaces-temps, une constante  : la mort.

7 , sûrement le roman le plus atypique de cette rentrée littéraire. Pour notre plus grand bonheur.

Gallimard.

Place Colette, de Nathalie Rheims

490_0008_14241301_0828_rheimsLe livre d’un double amour. Pour le théâtre. Pour un homme de trente ans son aîné… Avec Place Colette , la toujours juste Nathalie Rheims signe là son 17 e roman. Et il y a un délicat et doux parfum de scandale.

Ainsi, une jeune fille de 13 ans pourrait rejouer la Lolita de Nabokov. Il se dit aussi que la romancière s’est grandement inspirée de ses souvenirs, de sa préadolescence quand elle s’est retrouvée clouée sur un lit d’hôpital; elle confie même que c’est là un «roman vrai inspiré de faits réels». Au fil des (belles) pages, la romancière pratique la dissection d’une passion entre une adolescente qui sort de trois ans d’hospitalisation et un homme dans la quarantaine et membre de la Comédie-Française. Un impeccable roman de l’initiation.

Éditions Léo Scheer.

490_0008_14241302_0828_saboloCrans-Montana, de Monica Sabolo

Direction Crans-Montana, station de belle réputation en Suisse. Les années 1960, un groupe de garçons observe trois jeunes filles, différentes mais «qui forment une entité parfaite», confie Monica Sabolo, l’auteur de Crans-Montana –  un des livres les plus charmants de cette rentrée.

Les trois jeunes filles, ce sont les trois C  : Chris, Charlie et Claudia. Pour les garçons, elles sont le rêve impossible. L’été, l’hiver, à la piscine ou sur les pistes de ski, dans les boîtes de nuit, elles passent, toujours sans les regarder. Les jours, les mois, les ans défilent, le souvenir reste ancré dans l’esprit des garçons devenus jeunes hommes. Amour fantôme qui va les hanter pendant une trentaine d’années. Le roman de cette vie qui glisse entre les doigts. Un pur moment de belle et ensorcelante lecture…

JC Lattès.

Retrouvez notre première sélection de dix romans.

 

 

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