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[Théâtre] « Du ciel » au TOL : la noyade d’un vaudeville sur les migrants


En nappant son texte d'idées convenues et d'effets lourdauds insistants, l'auteur a noyé sa louable – et justifiée – intention initiale. (photo Ricardo Vaz Palma)

De par son ampleur et son étendue, le drame des migrants ne laisse personne insensible. Ainsi, depuis quelques mois, des artistes de tous bords (cinéma, art contemporain, danse…), porte-voix de la triste actualité, s’emparent du sujet pour laisser exprimer leur sensibilité personnelle. C’est le cas de Tullio Forgiarini qui, avec Du ciel, a concocté une pièce taillée pour le TOL, pleine de dérision, d’ironie et de personnages qui se croisent et s’entrecroisent. Reste cette petite dose de surréalisme, moins coutumier du lieu.

En effet, l’auteur place deux voisins devant une encombrante affaire : celle de se retrouver nez à nez avec le corps sans vie – et gonflé d’eau – d’une jeune femme tombée, donc, du ciel, chez eux. D’un côté, Julien (joué par Finn Bell), soumis et influençable, de l’autre, Jean-François (Jean-Marc Barthélemy), tout son opposé, vaniteux et prétentieux. Au milieu, Jessica (Colette Kieffer), ex-épouse du premier et amante éphémère du second. Du pur vaudeville, sans amant dans le placard, mais avec un cadavre sur le tapis!

Caricature et effets lourdauds

Dans une volonté évidente de pointer du doigt l’indifférence et la bonne conscience, toute «européenne» qu’elle soit, affichée face à cette crise migratoire, le trio tente surtout de se débarrasser de la noyée, sans chercher à comprendre son funeste sort, tombant au passage dans la caricature la plus complète, à grands coups de racisme ordinaire et de clichés plutôt faciles sur la condition féminine.

Ça se corse quand la pièce remet tout le monde sur pied et que le trio apprend à vivre avec la nouvelle invitée, devenue une Cendrillon moderne qui récure à tout-va, si ce n’est que Disney n’a pas pensé aux petits suppléments sexuels…

Malgré, en fond sonore, toute la rage et l’excentricité de Nina Hagen, le drame universel du début se transforme en fade drame ordinaire, et c’est bien là que le bât blesse : en nappant son texte d’idées convenues et d’effets lourdauds insistants, l’auteur a noyé sa louable – et justifiée – intention initiale.

Comme un bateau dans des eaux noires agitées. Et personne n’a pu lui tendre la main, ni les comédiens ni la metteure en scène.

Grégory Cimatti

Du ciel, de Tullio Forgiarini. Au TOL – Luxembourg. Mercredi 9, jeudi 10 et vendredi 11 novembre à 20 h 30. Les 17, 18, 19, 23, 25 et 26 novembre, toujours à 20 h 30. Le 27 novembre à 17 h 30. Infos sur le site du TOL.

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