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Un rassemblement exceptionnel de sculptures de Picasso à Paris


Les "Têtes de femme (Fernande)", créées en 1906, sont réunies pour la première fois à Paris depuis qu'elles ont quitté l'atelier de l'artiste. (Photo AFP)

Le Musée Picasso-Paris a réuni 240 sculptures du maître au sein de son exposition « Picasso-sculptures ». Séries, variations, agrandissements ou encore peinture sur bronze, une œuvre à dimension multiple est à voir du 8 mars au 28 août 2016.

Ce rassemblement au Musée Picasso-Paris met en évidence la vitalité d’une œuvre en constant mouvement. « Picasso joue sur le caractère reproductible de la sculpture en récupérant ses bronzes et en les retravaillant. Il leur confère ainsi un statut d’œuvre unique alors qu’il s’agit de multiples », explique Cécile Godefroy, commissaire associé de « Picasso-sculptures ».

Avec 240 œuvres, dont certaines venues de grands musées internationaux, l’exposition est le plus grand rassemblement de sculptures depuis l’exposition « Picasso sculpteur » au Centre Pompidou en 2000.

Picasso a très tôt vendu ses sculptures. Dès 1910, le marchand Ambroise Vollard lui achète les originaux de cinq pièces pour les éditer en bronze, notamment Le Fou et Têtes de femme (Fernande), créées en 1906, dont quatre exemplaires sont présentés à l’exposition, ainsi que deux plâtres de fonderie. « On a voulu aller contre cette idée que la sculpture était le jardin secret de Picasso », souligne Virginie Perdrisot, commissaire de l’exposition et conservatrice chargée des sculptures au musée.

L’une des têtes de Fernande a été achetée par le photographe américain Alfred Stieglitz et présentée en 1913 à l’Armory Show, la première exposition d’artistes d’avant-garde européens aux États-Unis. Le jeu de Picasso entre séries et pièce unique est évident avec Verre d’absinthe. De ce motif privilégié du cubisme qu’il sculpte dans la cire en 1914, il fait fondre six épreuves dont chacune est peinte différemment.

Dispersées avec le reste de la collection du marchand Daniel-Henry Kahnweiler en 1921, elles sont réunies pour la première fois à Paris depuis qu’elles ont quitté l’atelier de l’artiste. Très tôt aussi, Picasso va imaginer ses sculptures à l’échelle monumentale. Un changement de dimension, mais aussi de matière : modelée en plâtre, l’œuvre est fondue en bronze, puis agrandie parfois dans une réplique en ciment avant d’être érigée pour certaines pièces dans une version en béton.

Beaucoup de persévérance, puis la reconnaissance

En 1921, Picasso reçoit la commande d’un monument à Apollinaire, mort cinq ans plus tôt. Un premier projet d’inspiration biomorphique, que l’artiste imaginait installé sur la Croisette à Cannes, est refusé. Picasso propose alors une structure filaire abstraite en métal soudé. Nouveau refus. Une troisième proposition, La Femme au jardin, est également retoquée.

L’artiste ne renoncera pas pour autant à faire passer son art de la sphère privée à la sphère publique. En 1930, Picasso achète le château de Boisgeloup en Normandie. « C’est un moment important. Pour la première fois, il dispose d’espaces suffisamment grands pour faire de la sculpture », relève Cécile Godefroy. L’exposition recrée l’atmosphère de l’atelier où Picasso revient vers le modelage en plâtre.

Une nouvelle série d’une tête de femme aux yeux protubérants est modelée dans un style très brut et déclinée en bronze et en ciment. « Picasso pousse à son extrême l’esthétique de l’inachevé initiée par Rodin », selon Cécile Godefroy. « Picasso-sculptures » met en évidence l’étonnante capacité du maître à faire art de tout : figures féminines surgies de branches d’arbres, visages incisés dans des galets, et même papier découpé, brûlé pour devenir une tête de chien, un oiseau ou un buste de femme.

Des créations aussi importantes pour lui que ses bronzes. Picasso va reprendre dans les années 1950 la technique de la peinture sur bronze avec La Liseuse, présentée avec son original en bois et métal, ou Crâne de chèvre, bouteille et bougie, dont plusieurs bronzes ont été mis en couleur. Deux sujets qui ont fait l’objet de tableaux, témoignant des allers-retours fréquents entre peinture et sculpture.

A partir des années 60, Picasso adopte la tôle pliée. Avec l’aide du maître-forgeron Joseph-Marius Tiola, il transpose des maquettes en carton sur des tôles, qu’il peint et qu’il agrandit parfois. Avec La Femme aux bras écartés, Picasso accède à la monumentalité. Une version en béton est réalisée en collaboration avec le plasticien norvégien Carl Nesjar, spécialiste de la bétogravure.

Le Quotidien/AFP

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