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Au Luxembourg, le marché automobile redémarre


Sur les quatre premiers mois de l'année, 18 198 nouvelles immatriculations ont été enregistrées au Luxembourg. (Photo : Archives Editpress)

Les professionnels de l’automobile connaissent un début d’année assez bon en comparaison avec 2015. La concurrence naissante de l’autre côté de la frontière ne semble pas les affecter outre mesure.

Au Grand-Duché de Luxembourg, le marché automobile a repris des couleurs sur les quatre premiers mois de l’année, après une année 2015 jugée mauvaise.

Avec 46 473 nouvelles immatriculations l’année dernière, le marché luxembourgeois a connu sa plus mauvaise année depuis 12 ans. En 2003, seulement 43 770 nouvelles immatriculations avaient été enregistrées. Au début de cette année, l’Association des distributeurs automobiles luxembourgeois (ADAL) et la Fédération des garagistes du Grand-Duché (Fégarlux) avaient répertorié certains points noirs pour expliquer la baisse de 6,75 % des immatriculations constatée en 2015 dans le pays.

Les professionnels pointaient la hausse de la TVA (de 15 % à 17 %), le fait que les vendeurs n’avaient pas encore adapté leur discours de vente face à des clients de plus en plus exigeants et un problème de formation de la main-d’œuvre. Mais en aucun cas, la concurrence transfrontalière n’a été mise en avant pour expliquer cette baisse, et pour cause, le Luxembourg reste un marché attractif et compétitif malgré les mauvais chiffres de l’année dernière.

Une offre à la carte

Pour le prouver, Ed Goedert, le président de l’ADAL, s’était même amusé à rapporter les chiffres allemands, suisses et français à l’échelle de la population luxembourgeoise. Résultat, l’Allemagne affiche 17 600 nouvelles immatriculations pour 500 000 habitants et la Suisse, 24 000, donc bien loin des 46 473 immatriculations luxembourgeoises. Quant aux 1 703 830 nouvelles immatriculations de voitures particulières enregistrées en France en 2015, traduites à l’échelle du Luxembourg, elles équivalent à 14 199 immatriculations.

Au vu de ces chiffres, le marché luxembourgeois ne semble donc pas vraiment être impacté par la concurrence transfrontalière, mais l’inverse est moins sûr, d’autant plus que sur les quatre premiers mois de l’année, les nouvelles immatriculations sont en hausse par rapport à 2015 et sont même dans la lignée de 2012, une année marquée par le franchissement de la barre symbolique des 50 000 ventes de voitures neuves.

« Nous avons beaucoup de frontaliers, surtout des Français, qui viennent dans notre concession », avoue un vendeur Volkswagen. Il faut dire que la frontière est à moins d’un kilomètre à vol d’oiseau, et que les concessions de la même marque les plus proches sont à Longwy ou Thionville.

Selon ce vendeur, il est toujours compliqué de comparer les offres entre les concessionnaires, car le prix dépend de beaucoup de paramètres. « Par contre, je pense pouvoir affirmer que des différences se font sur la possibilité de choisir et d’équiper sa voiture à la carte ici au Luxembourg. C’est-à-dire qu’il est possible, par exemple, d’avoir les sièges en cuir sans pour autant prendre les jantes en alliage qui vont avec. » Le vendeur ajoute : « Alors qu’en France, je pense qu’ils fonctionnent davantage par pack d’équipement. »

Autre petit détail avancé par l’employé de la concession allemande, mais beaucoup plus subjectif : « Et puis, je crois que l’on est plus sympa avec le client du côté luxembourgeois. » Un argument peut-être fort contestable suivant les clients : « Lorsque je me suis rendu chez un concessionnaire Volkswagen à Hollerich, à Luxembourg, on m’a un peu envoyé sur les roses avec un accueil pas très sympa », se souvient Nathalie, une frontalière qui, au final, a acheté sa Polo en France.

Un parc automobile jeune

Concernant les véhicules d’occasion, là par contre, des différences majeures existent. Stimulé par un marché du leasing très développé, le marché de l’occasion au Luxembourg est en progression constante depuis 2010. Il faut dire que le parc automobile luxembourgeois est relativement jeune, avec une moyenne d’âge de 5,4 ans pour les voitures (en 2014) contre 8,5 ans en France. Il faut ajouter à cela le faible kilométrage des voitures d’occasion, qui affichent souvent moins de 100 000 km, alors que dans l’Hexagone, par exemple, il est de 104 000 kilomètres (en 2013).

Le marché de l’occasion a véritablement pris son essor en 2012 quand, pour la première fois depuis 2003, les ventes des voitures d’occasion ont dépassé celle des voitures neuves. Selon la Société nationale de circulation automobile (SNCA), en 2015, ce sont 55 061 ventes de voitures d’occasion qui ont été enregistrées, contre 46 473 voitures neuves.

D’ailleurs, depuis 2012, le nombre de voitures d’occasion enregistrées par la SNCA n’est jamais passé sous la barre des 50 000 véhicules, alors que les ventes de voitures neuves peinent à atteindre les 50 000 unités par an. Ce marché de l’occasion, dit de seconde main, est aussi avantageux pour le portefeuille. Toujours selon les statistiques de la SNCA, 45 % des voitures d’occasion ont été vendues moins de 5 000 euros. Les organisateurs de l’AutoOccasiounsfestival, qui a eu lieu en avril, ont annoncé un prix moyen de 11 000 euros pour une voiture d’occasion, c’est-à-dire deux fois moins cher que pour une voiture neuve (29 000 euros en moyenne).

Pour conclure, le vendeur de la concession Volkswagen d’Esch-sur-Alzette pense que « la différence au final se fait sur la qualité du service ». Selon toute vraisemblance, les concessionnaires français ne représentent pour le moment pas un réel danger pour les professionnels de l’automobile luxembourgeois.

Jeremy Zabatta

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