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Brexit : la place financière luxembourgeoise espère récupérer 3 000 emplois


Le pays met en avant sa stabilité économique et politique ou encore sur son multilinguisme, la présence d'écoles internationales et un cadre juridique adapté. (illustration Isabella Finzi)

Les établissements financiers établis au Royaume-Uni sont dans la dernière ligne droite pour se préparer au Brexit, prévient Nicolas Mackel, responsable de la place du Luxembourg qui espère récupérer 3 000 emplois.

Depuis le vote pour la sortie de l’UE de juin 2016, une concurrence vive mais feutrée s’est installée entre les capitales financières européennes, que ce soit Paris, Francfort, Amsterdam, Dublin ou Luxembourg. Toutes cherchent à séduire les entreprises financières voulant disposer d’un siège en Europe continentale après le Brexit, censé être effectif en mars 2019.

« Ce que ces institutions sont en train de faire c’est de mettre en place une entité qui leur permette d’être opérationnelles le premier jour du Brexit », explique Nicolas Mackel, directeur général de Luxembourg for Finance, organisme de promotion de la place luxembourgeoise. « Tout le monde essaie de prendre sa décision pour la fin de l’année. Il s’agit d’une décision d’engager une procédure réglementaire qui prendra au mois 12 mois », dit-il, interrogé à Londres.

La sortie du marché unique voulue par le gouvernement de Theresa May implique la perte du passeport financier européen, qui permet aux grandes banques internationales de proposer leurs services dans l’UE en étant établies au Royaume-Uni. « Comme on ne sait pas du tout quelle sera la nature du Brexit, la future relation du Royaume-Uni avec l’UE, quel sera le degré d’accès au marché intérieur, on ne sait pas quelle sera l’envergure » de la présence européenne de ces sociétés, explique le responsable luxembourgeois.

C’est la raison pour laquelle il est difficile à ce stade selon lui de tabler sur des délocalisations massives et rapides de Londres vers le continent, surtout que les négociations démarrent à peine et qu’elles s’annoncent longues et complexes. « Ce que l’on a vu les quinze derniers mois c’est qu’il n’y a pas un exode de Londres vers où que ce soit. Il n’y a pas de relocalisation de telle banque ailleurs sur le continent mais au contraire une réflexion sur une relocalisation très ciblée de certaines activités », explique-t-il.

De nombreux atouts à faire valoir

Nicolas Mackel estime que chaque ville doit compter sur ses atouts, compte tenu du fait que les grandes banques ont de multiples activités ne répondant pas toute à la même logique. « C’est l’erreur de croire qu’une banque est un monolithe. Il y a différents métiers dans une banque et chaque métier prend une décision différente », selon lui. Le Luxembourg entend en prendre sa part, en mettant en avant sa stabilité économique et politique ou encore sur son multilinguisme, la présence d’écoles internationales et un cadre juridique adapté.

Interrogé sur le nombre d’emplois récupérables du fait du Brexit, « dans le court terme, que je chiffre à deux ans, je pense que ça se situera plutôt autour de 3 000 postes au Luxembourg », juge Nicolas Mackel, qualifiant cette estimation de « réaliste ». Le Grand-Duché veut s’appuyer sur son savoir faire en tant que place forte de l’industrie financière qui emploie 60 000 personnes, surtout dans la gestion d’actifs. « Tous les acteurs sont déjà au Luxembourg », surtout dans la gestion de fonds patrimoniaux, rappelle Nicolas Mackel, qui anticipe que les gérants d’actifs y intègrent les activités les plus risquées installées traditionnellement à Londres, comme les fonds spéculatifs. « Ce sont des activités qui viennent s’ajouter à une plateforme existante et qui ne nécessitent donc pas de grandes annonces », prévient-il.

En dehors de la gestion d’actifs, le Luxembourg a réussi à attirer huit assureurs, dont l’américain AIG et le britannique RSA, et d’autres sont en attente. Le pays espère également accueillir le siège de l’autorité bancaire européenne, l’EBA, basée jusqu’à présent à Londres, qui pourrait s’ajouter aux autres institutions déjà implantées au Luxembourg, comme la Cour de Justice de l’UE et la Banque européenne d’investissement (BEI). Il fait valoir à ce titre une décision européenne remontant en 1965 selon laquelle les institutions du domaine financier doivent avoir leur siège à Luxembourg.

Le Quotidien/AFP

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