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Coronavirus : l’ex-président de la BCE interpelle les États européens


La BCE compte elle dépenser plus de 1 000 milliards d'euros en achats de dette publique et privée d'ici fin 2020. (photo AFP)

L’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, en a appelé aux États pour qu’ils « absorbent » les pertes du secteur privé du fait du coronavirus, au moment où un sommet européen jeudi va chercher comment minimiser l’impact économique de la pandémie.

« La perte de revenus subie par le secteur privé – et toute dette contractée pour combler le déficit – doit finalement être absorbée, en tout ou en partie, dans les bilans des gouvernements », écrit Mario Draghi dans une tribune publiée mercredi en soirée par le Financial Times.

Comparant l’impact du virus à celui de la Première Guerre mondiale, l’ancien homme fort de l’euro jusqu’à octobre dernier estime que la dette publique devrait gonfler « pour protéger les citoyens et l’économie contre les chocs dont le secteur privé n’est pas responsable » et qu’il « ne peut pas absorber ». « L’alternative (…) serait beaucoup plus préjudiciable pour l’économie et éventuellement le crédit du gouvernement », a-t-il ajouté.

A ses yeux, il revient à l’État seul de protéger les emplois et garantir la liquidité des entreprises avec des mesures telles que des garanties de prêts bancaires aux entreprises et des dons directs. « Un changement de mentalité est aussi nécessaire dans cette crise qu’en temps de guerre », a ajouté l’économiste italien.

Une mutualisation de la dette peu probable

Dans l’UE où les freins à la dette publique ont été levés, l’Allemagne et la France ont adopté des plans budgétaires de grande ampleur mais d’autres États comme l’Italie et l’Espagne, pourtant les plus touchés par l’épidémie, ont encore lésiné sur les moyens.

La BCE, sous la houlette de sa nouvelle présidente Christine Lagarde, compte elle dépenser plus de 1 000 milliards d’euros en achats de dette publique et privée d’ici fin 2020 pour maintenir de bonnes conditions financières en zone euro et prévenir un resserrement du crédit.

Il est en revanche peu probable que le Conseil européen de jeudi se mette d’accord sur des « corona bonds », des emprunts communs à l’UE, malgré l’appel en ce sens de neuf pays, dont la France, l’Espagne et l’Italie. En effet la mutualisation de la dette demeure un tabou parmi les pays riches du nord comme l’Allemagne et les Pays-Bas.

Au lieu de cela, l’UE pourrait s’orienter vers le mécanisme européen de stabilité (MES) créé pendant la crise financière. Tout pays bénéficiant d’un crédit puisé à partir de la capacité du MES serait éligible à un programme illimité d’achat d’obligations de la BCE appelé OMT. Il fait partie de l’arsenal de l’institut monétaire depuis la grande crise de la dette de 2012 mais n’a jamais été utilisé.

LQ/AFP

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