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Faute d’accord européen, la France taxera les Gafa dès 2019


Pour tenter de sauver un accord, Paris a proposé mardi avec Berlin une version édulcorée du projet, prévoyant l'adoption de la directive au plus tard en mars 2019, pour une entrée en vigueur en 2021. (illustration AP)

La France introduira une taxe nationale sur les géants du numérique dès 2019 si les discussions en cours au niveau européen n’aboutissent pas, a annoncé jeudi le ministre des Finances Bruno Le Maire, appelant l’UE à faire preuve de « courage » face aux exigences des citoyens.

« Nous avons obtenu hier un accord avec le vice-chancelier allemand sur ce sujet-là et je me donne jusqu’au mois de mars pour qu’on obtienne une taxation des géants du numérique », a déclaré Bruno Le Maire sur France 2. En cas d’échec des négociations, « nous le ferons au niveau national », a promis le ministre. « Nous le ferons dès 2019 au niveau national : nous taxerons les géants du numérique si les États européens ne prennent pas leurs responsabilités », a-t-il insisté.

« Je ne lâcherai rien »

Les pays européens discutent depuis le mois de mars d’une directive présentée par la Commission européenne qui prévoit la mise en place d’une taxe sur le chiffre d’affaires des Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple), le temps qu’une solution soit négociée à l’échelle mondiale pour mieux imposer les géants du net. La France, à l’origine de cette proposition, espérait faire approuver avant le 31 décembre cette directive. Mais plusieurs pays européens, comme l’Irlande et le Danemark, se sont opposés ces derniers mois à ce projet. L’Allemagne – qui craint des mesures de rétorsion américaines pour son industrie automobile – a également montré des réticences.

Pour tenter de sauver un accord, Paris a proposé mardi avec Berlin une version édulcorée du projet, prévoyant l’adoption de la directive au plus tard en mars 2019, pour une entrée en vigueur en 2021. Cette nouvelle proposition réduit considérablement l’assiette de taxation par rapport à ce qui était prévu dans ce projet de la Commission, puisqu’elle propose de se concentrer seulement sur la taxation de la vente de publicités en ligne, par conséquent essentiellement sur Google et Facebook.

« Je ne lâcherai rien », a toutefois assuré jeudi Bruno Le Maire. « L’argent, il est chez les géants du numérique, qui font des profits considérables grâce aux consommateurs français, et qui payent 14 points d’imposition en moins que les autres entreprises », a-t-il ajouté.

Des dirigeants « tremblants »

Quelques heures plus tard, lors d’un forum économique entre la France et la Roumanie, le locataire de Bercy a de nouveau évoqué la possibilité d’une décision unilatérale si l’Europe ne prenait pas « ses responsabilités ». « Nous avons franchi une première étape mardi matin. Est-ce que c’est autant que je le voulais ? Non, j’ai la franchise de le reconnaître. Mais au moins c’est un point de départ », a souligné le ministre, jugeant nécessaire d’aller plus loin. « Si cette fois-ci, nous parvenons à l’unanimité européenne sur un projet de taxation (…) ça montrerait que l’Europe a du courage. Et ce qui fait le plus défaut à la politique en Europe, c’est le courage », a-t-il martelé, avant de mettre en garde ses homologues européens contre la montée des « populismes ».

« Ayons à cœur de défendre les intérêts des peuples européens, ils nous en seront reconnaissants. Si, en revanche, ils ne voient des dirigeants que tremblants face aux risques de réactions, face aux sourcils qui se lèvent, et bien ils choisiront d’autres dirigeants, moins responsables et pas forcément les mieux avisés pour obtenir gain de cause. »

Des initiatives pour taxer les Gafa et autres géants du numérique ont déjà été prises au niveau national dans plusieurs pays, comme le Royaume-Uni et Singapour. Mais les mesures en ce sens, restent à ce stade timorées. En Italie, les députés ont ainsi voté en fin d’année dernière une taxe sur des transactions internet, mais la loi n’entrera finalement pas en vigueur.

LQ/AFP

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