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La Banque européenne d’investissement veut sortir des énergies fossiles


La banque veut aligner sa politique d'investissement sur les engagements pris lors de la signature de l'accord de Paris sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre (Photo : Isabella Finzi).

En annonçant vouloir renoncer à financer les énergies fossiles, la Banque européenne d’investissement a envoyé un message fort en faveur du climat.

La décision est «historique». «Un bond de géant», pour le président de la BEI, Werner Hoyer. «Nous allons arrêter de financer les énergies fossiles et nous allons lancer la plus ambitieuse stratégie d’investissements pour le climat de toutes les institutions financières publiques dans le monde», a annoncé Werner Hoyer, cité dans un communiqué.
La BEI, basée à Luxembourg, est la banque de l’Union européenne. Son conseil d’administration, composé de représentants des États membres et de la Commission européenne, a voté jeudi pour sa nouvelle politique d’investissement.

Mille milliards d’euros pour le climat en 10 ans

Dès juillet, la BEI avait préconisé de ne plus investir dans les projets liés aux énergies fossiles, y compris le gaz. La discussion a été «longue» sur le calendrier, a reconnu son vice-président Andrew McDowell lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.

Plusieurs ONG avaient de leur côté dénoncé les hésitations autour de l’inclusion des projets liés au gaz, la moins émettrice en CO2 des énergies fossiles.

La Commission européenne a soutenu la nouvelle politique de la BEI et s’est dite satisfaite d’un «arrangement transitoire pour l’abandon progressif des projets gaziers, y compris les projets vitaux d’interconnexion et de stockage de gaz, les projets dits d’intérêt commun». Outre l’annonce phare sur les énergies fossiles, la BEI espère «débloquer» jusqu’à 1 000 milliards d’euros d’investissements dans l’action pour le climat et le développement durable au cours de la prochaine décennie. Selon Andrew McDowell, un euro sur deux investi par la BEI d’ici 2025 sera dédié à des projets environnementaux.
La future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait appelé de ses vœux la transformation de la BEI en une véritable «banque du climat».

La banque veut aligner sa politique d’investissement sur les engagements pris lors de la signature de l’accord de Paris sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. La décision a été saluée par plusieurs ONG. «Enfin, la plus grande banque publique du monde s’est pliée à la pression du public et a reconnu que le financement de tous les combustibles fossiles doit cesser», a réagi Colin Roche, de Friends of the Earth, appelant toutes les autres banques, privées et publiques, à s’en inspirer. «C’est aussi un appel clair à ce que tous les fonds de l’UE emboîtent le pas et excluent toutes les activités qui aggravent le changement climatique des possibilités de financement», a ajouté Markus Trilling, de Climate Action Network.

Une avancée tardive

Mais les organisations de défense de l’environnement ont tout de même déploré une application jugée tardive. «Alors que la nouvelle politique signifie que l’UE mettra largement fin à son soutien au charbon et au pétrole, le financement de projets tels que les gazoducs jusqu’en 2021 et la modernisation des infrastructures existantes en matière de combustibles fossiles après 2021 menacent les engagements de l’UE en matière de climat», a noté Greenpeace. La BEI va introduire fin 2021 une norme de «performance», un seuil d’émissions fixé à 250 grammes de CO2 par kilowattheure, auquel devront se conformer les futurs projets pour être approuvés. Une limite que les projets gaziers conventionnels ne peuvent pas respecter, selon la BEI. Seul le recours à des gaz «verts» ou à des technologies avancées de stockage de carbone par exemple permettrait de répondre à ce critère. Un seuil «trop élevé», juge toutefois l’organisation WWF, qui estime qu’il permet à des centrales à gaz performantes d’être éligibles. Selon Greenpeace et WWF, 19 États membres ont soutenu la nouvelle politique, y compris la France et l’Allemagne.

Le manque de flexibilité sur le gaz a refroidi plusieurs pays qui ont voté contre ou se sont abstenus. Et l’Autriche et le Luxembourg se sont abstenus pour protester contre l’inclusion du nucléaire dans cette nouvelle politique, toujours selon ces organisations.

AFP

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