Accueil | Actualités | La SNCF envisage d’automatiser ses trains

La SNCF envisage d’automatiser ses trains


Dans cette révolution, les métiers vont considérablement changer. (illustration AFP)

La SNCF envisage de faire circuler d’ici 2023 des prototypes de trains entièrement automatiques pour les voyageurs et les marchandises, avant une éventuelle généralisation dans les années suivantes en fonction des besoins et de l’acceptation par le public.

« Aujourd’hui, le train autonome, c’est parti ! », a lancé mercredi le patron du groupe public, Guillaume Pepy, devant les partenaires qu’il a embarqués dans l’aventure de l’automatisation, deux consortiums comprenant notamment les constructeurs ferroviaires Alstom et Bombardier.

Concrètement, « on va monter par paliers successifs (…) jusqu’au plus extrême niveau d’automatisation où il n’y a plus de présence humaine à bord », a précisé Pierre Izard, le directeur général délégué chargé des technologies ferroviaires à la SNCF. « Et aussi, on va voir les applications potentielles arriver progressivement », dit-il.

La première devrait être la mise au point, prévue pour 2021, de la commande de trains de fret à distance, utile pour la desserte terminale d’un silo ou d’une carrière. On aurait alors des « trains-drones ». Les prototypes de train de fret et de TER totalement automatisés devraient ensuite être fonctionnels, sans conducteur à bord, en 2023. Certes, des métros automatiques roulent déjà depuis le début des années 1980. Mais si toutes les briques technologiques existent, la transposition aux chemins de fer est complexe. « L’enjeu, c’est la combinaison de toutes ces briques dans l’univers ferroviaire, qui est un univers ouvert dans lequel l’aléa est la règle », souligne Guillaume Pepy, citant « le climat, les ballons des enfants, les voyageurs malades tout ce qu’on peut imaginer… »

« L’avenir du train »

Sans oublier une réglementation contraignante. « Industriellement, la porte s’ouvrira pour des trains autonomes à partir de 2025 », pronostique Pierre Izard. Mais leur déploiement pour les voyageurs « dépendra de l’acceptabilité psychologique des trains sans conducteur », précise Guillaume Pepy, qui reconnaît volontiers qu’il aurait lui-même un peu peur de monter dans un avion sans pilote. La question se posera probablement dans cinq ou six ans, dit-t-il. Et sans aller jusque là, les recherches en cours devraient permettre de faire circuler des trains partiellement automatisés qui dialogueront directement avec une signalisation numérisée, comme sur le RER E francilien dès 2023.

Sur le fond, le patron de la SNCF pense que l’automatisation « est clairement l’avenir du train ». L’idée est de faire rouler davantage de trains, plus régulièrement, sur les lignes les plus fréquentées, et aussi de diminuer la consommation d’énergie en optimisant la conduite. Mais aussi de simplifier les manœuvres des machines, les retournements, les entrées au dépôt, etc. « C’est un train intelligent, connecté, qui répond aux deux enjeux de coûts et de qualité de service », résume Guillaume Pepy.

Des cheminots « pilotes »

Surtout, les métiers vont changer : « En gros, on va passer du conducteur au pilote », note-t-il. Et les cheminots de demain devront maîtriser ces systèmes et savoir intervenir en cas de panne. Si d’autres expérimentations d’automatisation des trains sont en cours, comme en Australie, en Chine ou au Japon, « on n’est pas en retard », assure Carole Desnost, la directrice de l’innovation à la SNCF. « On est dans la course ! »

La SNCF est à cet égard en contact étroit avec la Deutsche Bahn, son homologue allemande, « pour promouvoir auprès de l’Europe un standard international ». Les deux consortiums réunis par la SNCF et Railenium, un institut de recherche technologique de la filière ferroviaire basé à Valenciennes, plancheront de concert avec l’Établissement public de sécurité ferroviaire et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. Le premier groupement réunit Alstom, le groupe d’ingénierie Altran, le spécialiste italien de la signalisation Ansaldo STS (groupe Hitachi) et Apsys, filiale d’Airbus en charge de la cybersécurité. Il devra produire un train de marchandises autonome. Le second, dédié aux voyageurs, doit automatiser un TER. Il se compose du constructeur canadien Bombardier, de l’équipementier allemand Bosch, du spécialiste de l’intelligence artificielle SpirOps et du groupe technologique Thales.

LQ/AFP

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.