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Le secteur spatial luxembourgeois pris pour exemple


SES, créée en 1985, est le meilleur exemple de la réussite de la politique spatiale luxembourgeoise. (illustration Hervé Montaigu)

Le secteur spatial luxembourgeois a été pris comme référence dans une étude commandée par Manuel Valls, le Premier ministre français.

Le rapport «OpenSpace», commandé par le Premier ministre Manuel Valls en janvier dernier, portait sur «les enjeux et la prospective de la stratégie de la France dans le secteur spatial au sein de l’Europe et dans un contexte mondial». Dans ce rapport de 170 pages, le Luxembourg est mentionné pas moins de 32 fois.

Il faut dire que le secteur spatial est en train de connaître un second souffle, notamment grâce à l’évolution technologique et numérique qui a permis d’accélérer la démocratisation de l’accès à l’espace. Ce qui a également aidé les pays émergents à prendre la mesure de ce secteur, dans la mesure où l’industrie dans le domaine spatial peut être un réel levier de développement économique et sociétal tant l’espace est devenu aujourd’hui la base de nombreux services aux citoyens dans l’agriculture, la météorologie, la science, les communications ou encore l’analyse et la gestion de transports au sens large du terme.

Ce rapport révèle d’ailleurs que les investisseurs privés, majoritairement anglo-saxons, ont, eux aussi, bien perçu la révolution numérique en cours, avec 21 milliardaires ayant récemment investi dans l’espace et plus de 50 sociétés d’investissement en capital-risque ayant injecté près de 1,8 milliard de dollars dans cette économie en 2015, un montant supérieur à celui des 15 années précédentes cumulées.

L’efficacité du système luxembourgeois

Le but premier de ce rapport est donc d’identifier les tendances du secteur, les points forts de la France et les points où l’Hexagone doit faire davantage d’efforts pour ne pas se laisser distancer. Un des points identifiés est la perception du «risque». «En Californie aujourd’hui, les investisseurs misent en priorité sur des porteurs de projet ayant connu au moins un échec, se fondant sur l’idée que l’on apprend de celui-ci les meilleures leçons pour l’avenir. L’Europe, singulièrement la France, gagnerait à adopter cet état d’esprit qui considère l’échec comme partie prenante du processus d’innovation et source de progrès», peut-on lire dans le rapport.

Un peu plus loin, on peut y voir une page entière vantant la politique volontariste du Grand-Duché depuis 1985, date où le gouvernement s’est lancé dans l’aventure spatiale avec la création de SES, aujourd’hui premier opérateur mondial de satellites de télécommunications. Dans cette même page est saluée la mise en place du Luxembourg Space Cluster, un réseau qui soutient l’ensemble des acteurs publics et privés du secteur des technologies spatiales au Luxembourg tout en poursuivant le double objectif de promouvoir l’industrie spatiale luxembourgeoise à l’international et d’animer l’écosystème luxembourgeois. «Cet exemple illustre un système luxembourgeois de développement du secteur spatial très coordonné, qui conjugue une impulsion politique forte, un soutien financier adapté, un écosystème efficace et aligné et une attractivité pour les capitaux étrangers», soulignent les auteurs du rapport. Autre louange sur le Luxembourg, l’initiative d’adapter la législation concernant l’exploitation minière extraterrestre, puisque le pays est le seul en Europe sur le point de légiférer sur la question.

À la lecture de ce rapport, on comprend que les autorités françaises commencent à se poser des questions sur un secteur qui évolue très vite et qui compte dans le paysage économique de l’Hexagone. «La France doit reprendre l’initiative du débat, s’affirmer comme une grande puissance juridique en repartant de la dimension stratégique du droit : la réflexion doit être menée en collaboration avec l’ensemble des acteurs, afin d’anticiper les évolutions technologiques et de sécuriser juridiquement toute initiative porteuse de croissance sur des sujets aussi divers que l’exploitation des ressources minières, la miniaturisation des satellites et des lanceurs, les procédures d’immatriculation, les données spatiales, les débris, les vols habités, la création de propriété intellectuelle dans l’espace ou la standardisation du droit spatial international», souligne le rapport.

Un tel document montre que le Luxembourg est sur la bonne voie et doit continuer de persévérer pour garder une longueur d’avance afin de devenir un acteur majeur dans le domaine spatial et de renforcer un peu plus sa présence au-delà de l’orbite terrestre.

Jeremy Zabatta

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